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Note individuelle
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Docteur en théologie, curé puis archiprêtre à Saint-Etienne, vicaire général de l'évêché de Lodève, prieur de Saint-Pal-de-Mons, maire de Saint-Didier-en-Velay.
Il rédige plusieurs mémoires contre les convulsionnaires, certains en collaboration avec son frère, quoique certains auteurs le suspectent de sympathie avec les idées jansénistes. Il joua un rôle important à la Révolution, période qu'il parvint à traverser, mais il dut abandonner la prêtrise et se rallier -du moins en apparence- aux idées révolutionnaires. Il tenta en effet de tirer le meilleur parti possible - à moins qu'il ne s'agisse du moins mauvais- des événements en se mêlant de politique. Si lui et ses frères eurent à souffrir de la Révolution, ils purent tout de même faire valoir les idées "avancées" et "philosophiques" dont ils se prévalaient bien avant la Révolution. Des auteurs ont donc pu le présenter comme un héritier de la tendance janséniste qui évoluera vers la gauche par opposition au pouvoir royal jusqu'à la rupture avec l'Eglise qui intervient à la Révolution.
Le 2 novembre 1792, il verse les registres de l'état civil en sa possession aux autorités communales, suite à délibération du conseil municipal.
Considérant que le citoyen DULAC, ci-devant curé, a toujours donné preuve d'un ardent civisme ; considérant qu'il a même été incarcéré par les Lyonnais comme une victime qui devait tomber sous leurs coups ; considérant qu'il a envoyé ses lettres de prêtrise avec son abjuration formelle : arrête à l'unanimité qu'il lui sera donnée une attestation de civisme. Signé : DERIEU, président ; BENOIT ; POURRAT ; BONNAUD, secrétaire.
Que le curé SONYER du LAC ait délibérément renoncé, je ne dis pas à sa fonction mais à sa vocation ; qu'à la fin de sa carrière il se soit démenti lui-même, je n'en vois de motif et de raison déterminante que dans la longue évolution de l'esprit qui, à une heure propice, lui fit saisir l'occasion de la rupture depuis longtemps décidée. Ce curé était le fils d'un médecin ; son frère Denis-Auguste était aussi médecin et son second frère Jean avait été un magistrat instruit et documenté, dévoué aux idées nouvelles. Je reste assuré que cette famille était d'un esprit philosophique, j'allais dire, scientifique. Je crois que dès ce moment, le curé se retira à Aurec où il mourut le 14 nivôse an XII (5 janvier 1804) à l'âge de 74 ans. L'acte de décès présente cette particularité qu'il n'est enregistré que le 22 nivôse, huit jours plus tard.
Introduit dans les affaires de la ville de Saint-Etienne où il était déjà prêtre avant la Révolution, les extraits suivants démontrent l'influence dont il jouit alors et révèlent quelques indices sur sa personnalité :
Les heures de la grande et manifeste intolérance approchaient. On doit rendre cette justice au conseil général de la commune de St-Etienne qui eut le sentiment des nécessités de la situation. Le 25 brumaire an II (15 novembre 1793) sur la demande de [Pierre SONYER du LAC], il arrêta que suivant l'ancienne coutume, on ferait la procession du vœu de la ville, le jour de la présentation de Notre-Dame, le 21 novembre.
Décision du Comité de la surveillance et de la société populaire en date du 22 pluviôse an II (10 février 1794) :
Vu la déclaration du Comité révolutionnaire en date du 16 pluviôse qu'il n'existe aucune dénonciation contre le citoyen DULAC, ci-devant curé de St-Etienne ; le comité de surveillance ;
Considérant la conduite du citoyen DULAC avant et après la Révolution ; qu'il a toujours donné les preuves du plus pur patriotisme :
1°) il a donné l'exemple à tous ses confrères en prêtant le serment ordonné par la loi avec les termes les plus énergiques qu'il n'a jamais démentis."
2°) il a montré la conduite la plus révolutionnaire lors des assemblées primaires pour la nomination des électeurs ;
3°) il a toujours prêché hautement la Révolution et a toujours été attaché aux vrais patriotes, notamment à Vital AVANTURIER, MISSON et autres ;
4°) il s'est récrié ouvertement contre ceux qui assistaient aux sections convoquées par le département, leur disant que ces assemblées étaient illégales et contraires aux lois ;
5°) il a été dénoncé aux rebelles lyonnais qui l'ont arrêté et détenu pendant plusieurs jours, ils ont même voulu le reprendre pour l'incarcérer de nouveau, il a été obligé de se retirer à la Tour d'Aurec pour se soustraire à leur fureur, on lui avoit même dit qu'on devoit l'aller chercher, il n'est revenu dans cette ville que d'après la demande de la société populaire qui l'assura qu'il n'avoit rien à craindre ; de retour dans cette ville, il a été admis à la Société populaire, a remis ses lettres de prêtrise au directoire du district et a renoncé à sa cure dont il vuide maintenant le presbytère pour se retirer à la Tour d'Aurec près de son frère
En conséquence, le Comité invite la Société à accorder l'attestation de civisme que le citoyen DULAC demande
A commune d'Armesville, ce 22 pluviôse, l'an II° de la République une, indivisible et démocratique"
Signé : MONTAGNE, CAVE, SERRE, SOVICHE, dans la séance de la Société populaire du 22 pluviôse an II°.
NB : "Armesville" ou "Commune d'Armes" était le nom donné à Saint-Etienne par la Convention, l'un de ces noms absurdes dont certaines villes se sont retrouvées affublées pendant la Révolution. Ainsi, Lyon se nomma "Ville affranchie" et pis, Marseille "Ville sans nom".
SONYER du LAC se présenta et fut élu aux élections ecclésiastiques. Si Claude-François FROMAGE, curé de Notre-Dame, se rétracta vite après son serment, SONYER du LAC resta fidèle à la Révolution et prenait vivement parti pour le nouvel ordre des choses et publia même deux bluettes : Observation sur le serment des ecclésiastiques et Aux âmes timorées...
On lit dans Aperçu sur l'Histoire de la ville de Saint-Etienne d'Isidor HEDDE, Saint-Etienne, 1840 :
En 1791, le clergé de Saint-Etienne avait donné franchement son adhésion à la Constitution. Le serment civique fut prêté par la presque totalité des prêtres attachés aux différentes paroisses du district et aux communautés religieuses... Bientôt eut lieu la suppression des couvents et plusieurs religieux et et ecclésiastiques profitèrent de la liberté que la loi leur accordait pour mettre le froc de côté [...] En 1804 le culte fut entièrement rétabli. M. CHOLLETON, 33° curé de Saint-Etienne avait remplacé M. SONYER du LAC qui avait heureusement traversé toute la période révolutionnaire...
Pierre-Raphaël aura donc été curé à Saint-Etienne pendant 42 ans de 1761 à 1803, et il supporta souvent seul cette charge. Si, on l'a vu, beaucoup le disent "défroqué", officiellement il demeura néanmoins prêtre et il est désigné ainsi dans son acte de décès. Il avait succédé en 1761à Jacques TURGES, de Roanne (depuis 1756). Comme M. HEDDE l'a dit, CHOLLETON lui succéda.
(Source : voir fichier Geneanet de Bruno François Rougier).
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