Note familiale
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Joseph Gabriel CELLE DUBY est victime d'une intoxication alimentaire suite à laquelle son épouse est accusée d'avoir tenté de l'empoisonner.
Les chroniqueurs se firent l'écho, tout à fait infidèle à la réalité, des faits rocambolesques qui se déroulèrent à St-Didier et dont Claire fut la victime. Celle-ci fut ni plus ni moins accusée d'avoir tenté d'empoisonner son époux au moyen d'une omelette (sa recette d'omelette à la ciguë ne nous est malheureusement pas parvenue...). Fort heureusement, celle-ci fut acquittée par la Cour de justice criminelle du Puy à l'unanimité des jurés.
Suit le jugement qui relate également les faits :
Audience du jour d'huy 28 juillet 1809 en la salle du prétoire du palais de la Cour de justice criminelle du département de la Haute-Loire séante en la ville du Puy à laquelle est appelé : Louis-Christophe LAFAYE juge de la cour d'appel séante en la ville de Riom président de la cour de justice criminelle du département de la Haute-Loire séante en la ville du Puy membre de la Légion d'honneur ; Guillaume-Bertrand LAMOTHE ; Dominique-François BOUDINHON juge de la même cour ; En présence de Jean-Thimotée GIRARD-GENDRIAC, juge, premier suppléant remplissant par interim la fonction de M. le procureur général impérial ; Le jury spécial de jugement en assemblée a été composé de Messieurs CALEMARD-LATOUR du Puy ; TARDY, médecin rue du collège au Puy ; MAURE, notaire à St-Julien-Chapteuil ; Hugues-Albert MAILLART, propriétaire ; VACHON père, propriétaire au Puy ; BLACHEYRE, percepteur à vie d'Allègre ; Régis VALLET, notaire à St-Privas ; BRATEYRE, boulanger de la ville du Puy en remplacement de M. MEYAT, notaire de la même ville ; Antoine VEYSSEIRE, propriétaire de la ville du Puy, en remplacement de M. Hyacinthe CHAMPALLIER, notaire de la ville de Pradelles ; DURANSON, ingénieur des Ponts-et-Chaussées de la ville du Puy ; MONET, notaire à Retournac canton d'Yssingeaux ; Et pour adjoints messieurs Baptiste VINEURE, aubergiste à Vorey ; Jacques BRUN, propriétaire à St-Paul canton de Pradelles ; et Pierre CHAPON, propriétaire à Chavanhac, canton de St-Paullien.
Lesquels jurés et adjoints ont en conformité à l'article 56 du sénatus-consulte du (?) floréal an XII prêté serment individuellement d'obéissance et fidélité à l'Empereur et Roi protecteur de la confédération du Rhin.
Lecture faite par le greffier de l'acte d'accusation dressé le 4 août 1808 par Monsieur le magistrat de sûreté de l'arrondissement d'Yssingeaux contre Dame Catherine Claire SONYER épouse de M. CELLE du BY et dont la teneur suit :
Le substitut du procureur impérial général près la Cour de justice criminelle du département de la Haute-Loire, magistrat de sûreté pour l'arrondissement d'Yssingeaux, expose par ordonnance du 27 juillet dernier rendue à la suite de ses réquisitions par écrit et après l'instruction préparatoire prescrite par la loi du 7 pluviôse an IX : le directeur du jury d'accusation du même arrondissement d'Yssingeaux a renvoyé au jury spécial d'accusation et frappé de mandat d'arrêt comme prévenue du crime emportant peine afflictive ou infamante la Dame Anne Catherine Claire SONYER épouse de M. Joseph Gabriel CELLE du BY propriétaire de la ville de St-Didier-la-Séauve, laquelle après s'être évadée de chez elle où elle était retenue malade n'a pu être arrêtée de nouveau ainsi qu'il résulte du procès verbal de perquisition de sa personne et de notification à sa dernière résidence du mandat d'arrêt rendu contre elle en date dudit jour 27 juillet et notifié le 1° de ce mois ;
Qu'en vertu de l'ordonnance précitée et aucune partie plaignante et dénonciatrice ne s'étant présentée dans le délai prévu par la loi pour concourir au présent acte d'accusation, le magistrat de sûreté exposant l'a dressée pour, après les formalités requises par la loi, être présentée au jury spécial d'accusation ;
En conséquence le substitut déclare que de l'examen des charges, informations, et notamment des procès verbaux et rapports dressés , savoir le rapport dressé par lui comme faisant la fonction d'officier de police judiciaire le 7 décembre dernier, celui dressé le 6 janvier suivant tant par M. le directeur du jury que par lui, et les trois rapports rendus par MM. GUIVE docteur médecin demeurant à Monistrol-sur-Loire, PELLISSIER de VILLENEUVE, docteur en médecine demeurant à St-Etienne et THOMAS, officier de santé demeurant à St-Didier-la-Séauve en date du même jour 6 janvier dernier, lesquels procès verbaux et rapports sont et demeurent annexés au présent acte d'accusation ; résultent les faits qui suivent ;
Que le lundi 23 décembre dernier la nommée Françoise veuve GRANGETTE cuisinière de Monsieur Joseph Gabriel CELLE du BY, propriétaire demeurant à St-Didier-la-Séauve, était à faire le souper de ses maîtres, et au moment où elle faisait faire frire des herbes pour mettre dans une omelette, reçut l'ordre par deux différentes fois d'aller au salon pour y arranger le feu et où était aussi la femme de chambre qui mettait le couvert, qu'elle y alla laissant sa poêle sur le feu, que pendant qu'elle était au salon elle entendait quelqu'un qui remuait quelque chose dans la poêle, que revenue dans la cuisine elle y trouva la personne qui lui avait donné l'ordre d'aller au salon pour y arranger le feu qui lui remit la poêle, qu'elle s'aperçut lors que les herbes au lieu de vertes qu'elles auraient dû être étaient blanchâtres, que n'ayant aucune méfiance elle y jeta les œufs pour l'omelette, qu'ensuite elle la servit, qu'elle essuya la poêle avec un morceau de pain qu'elle mangea ainsi qu'une petite partie de cette omelette qui était tombée sur la table, que Monsieur et Madame CELLE se mirent à table, que Madame ne mangea rien, que Monsieur mangea seulement une queue de mouton pannée et de l'omelette, que pendant le souper de ses maîtres, elle se sentit atteinte de chaleurs d'entrailles, qu'après son souper M. CELLE eut aussi les mêmes douleurs, que l'un et l'autre furent grandement indisposés, que le chirurgien ayant été appelé fit prendre à M. CELLE des calmants, que ladite GRANGETTE prit de l'huile d'olive, que le lendemain le médecin et le chirurgien appelés se transportèrent au jardin à l'endroit où les herbes mises dans l'omelette avaient été cueillies pour s'assurer par eux-mêmes s'il n'y en avait pas de malfaisantes et qu'ils n'en trouvèrent aucune, qu'il restait dans un plat un peu de l'omelette, que le lendemain on ne put le retrouver malgré les recherches qui en furent faites, que les médecins recommandèrent à la veuve GRANGETTE de prendre beaucoup d'huile et du lait en lui recommandant de se ménager et traitèrent M. CELLE à peu près de la même manière lui faisant prendre de l'eau de vie, des potions gommeuses et huileuses et du lait, que les symptômes peuvent être produits par une substance vénéneuse posée intérieurement et par une affection nerveuse ; que la dame Anne Catherine Claire SONYER épouse du sieur CELLE du BY est prévenue d'avoir tenté d'empoisonner son mari et par suite ladite Françoise veuve GRANGETTE sa cuisinière et d'avoir pour parvenir à ses fins adressé par deux fois à la veuve GRANGETE sa cuisinière de lui remettre la poêle et d'aller au salon y arranger le feu, d'avoir mis quelque chose dans la poêle qui avait fait venir les herbes blanchâtres de vertes qu'elles étaient et devaient être, qu'étant à table elle ne mangea point de l'omelette.
Que la dame CELLE lors de sa comparution devant le magistrat de sûreté soussigné dit qu'à la vérité elle s'était chargée de tenir la poêle pendant que la cuisinière avait été au salon pour y arranger le feu, qu'étant très diligente dans ce qu'elle faisait elle n'y était restée que très peu de temps, que lorsqu'elle la lui remit les herbes étaient vertes, qu'elle alla ensuite se placer à table, qu'elle ne mangea pas de l'omelette parce qu'ordinairement on la faisait aux oignons pour son mari et qu'elle ne les aime pas.
Qu'il résulte de tous ces détails attestés par les dites pièces et procès verbaux qu'il a été tenté de commettre le crime d'empoisonnement sur la personne du sieur Joseph Gabriel CELLE du BY et par suite sur celle de la nommée Françoise veuve GRANGETTE sa cuisinière ;
Que la dame Anne Catherine Claire SONYER épouse dudit sieur CELLE du BY est prévenue d'être l'auteur, fauteur ou complice de ce crime ;
Que la dame Anne Catherine Claire SONYER épouse dudit sieur CELLE du BY est prévenue d'être l'auteur, fauteur ou complice de ce crime ;
Ouï :
Monsieur le procureur général impérial sur la régularité ou irrégularité de la procédure instruite contre dame Anne Catherine Claire SONYER épouse de M. CELLE du BY ;
Monsieur le président après avis des juges sur la régularité ou irrégularité de la procédure instruite contre dame Anne Catherine Claire SONYER épouse de M. CELLE du BY et la procédure ayant été regardée comme régulièrement instruite ;Monsieur le président après avis des juges sur la régularité ou irrégularité de la procédure instruite contre dame Anne Catherine Claire SONYER épouse de M. CELLE du BY et la procédure ayant été regardée comme régulièrement instruite ;
Monsieur le président a ordonné que toutes les pièces seraient lues aux jurés, même les déclarations écrites des témoins, et après la lecture de toutes les pièces et avoir ouï Monsieur le procureur général impérial ;
Vu par la Cour le susdit acte d'accusation, la déclaration du jury spécial d'accusation écrite au bas dudit acte, l'ordonnance de prise de corps, l'ordonnance de perquisition, celle de déchéance du titre et droits de citoyenne française, les procès verbaux faits en exécution desdites ordonnances et la déclaration du jury spécial de jugement qui a en conformité avec l'article 33 de la loi du 19 fructidor an V voté à l'unanimité partout ;
En mon honneur et ma conscience la déclaration du jury spécial de jugement et à l'unanimité :En mon honneur et ma conscience la déclaration du jury spécial de jugement et à l'unanimité :
Qu'il n'est pas constant que le 23 novembre an 1807 il a été commis envers la personne de Joseph Gabriel CELLE propriétaire de la ville et commune de St-Didier arrondissement d'Yssingeaux une tentative d'empoisonnement ;
Qu'il n'est pas constant qu'il a été commis le même jour une tentative d'empoisonnement sur Françoise veuve GRANGETTE cuisinière de M. CELLE ;
Au Puy le 28 juillet 1809, CALEMARD fils, chef du jury ; LAFAYE, président ; SOLLIER, greffier ; signés ;
Lecture faite par Monsieur le président de l'article 424 de la loi du 3 brumaire an IV, code des délits et des peines et qui est ainsi conçu :
ARTICLE 424 Lorsque l'accusé a été déclaré non convaincu, le président, sans consulter les juges, ni entendre le commissaire du pouvoir exécutif, prononce qu'il est acquitté de l'accusation, et ordonne qu'il soit mis sur-le-champ en liberté.ARTICLE 424 Lorsque l'accusé a été déclaré non convaincu, le président, sans consulter les juges, ni entendre le commissaire du pouvoir exécutif, prononce qu'il est acquitté de l'accusation, et ordonne qu'il soit mis sur-le-champ en liberté.
Monsieur le président de la Cour a prononcé à haute voix que dame Anne Catherine Claire SONYER épouse de Monsieur Joseph Gabriel CELLE du BY, propriétaire habitante à St-Didier-la-Séauve est acquittée de l'accusation contre elle portée, qu'elle rentre donc dans l'exercice de tous ses droits ; et que ses biens, à l'exception des fruits perçus ou échus, antérieurement à sa contumace lui seront rendus ;
BOUDINHON LAMOTHE LAFAYE, président SOLLIER, greffier
Charles BESSY, son neveu, écrit lors d'un procès contre son cousin germain Jules CELLE du BY fils (le fils de Joseph-Gabriel et Claire SONYER), que ses propres parents (Catherine CELLE et Mathieu BESSY) ont supporté pendant trois années consécutives et tous les jours, sans en excepter un seul, de juin 1807 à septembre 1810, ils ont toujours donné gratuitement tous les soins imaginables à la personne de M. Joseph-Gabriel CELLE ainsi qu'à celle de ses deux enfants, le premier étant lui-même tombé subitement, en juin 1807 dans un état des plus graves qui eut dans le temps un grand retentissement et qui, dès le début, réduisit le malade à un tel état de paralysie que pendant plusieurs mois il fut aussi privé de la faculté de se nourrir que l'est un bloc de pierre (saluons ce parallèle très imagé !) Du reste, outre sa gravité cet état parut tellement extraordinaire que la femme du malade fut mise en état d'accusation comme prévenue d'empoisonnement sur la personne de son mari, mais jugée par contumace, elle fut acquittée par jugement du tribunal du Puy en date du 28 juillet 1809 ; et pour cet acquittement, j'ai moi-même remis à M. Jules CELLE la preuve écrite que mon père a joué le rôle peut-être le plus important pour faire arriver le procès à ce résultat.
Dès que Joseph-Gabriel CELLE put supporter la route, ce fut sous l'escorte de mon père (Mathieu BESSY) et de ma mère, au moyen de matelas disposés sur un char que, de St-Didier il fut transporté à St-Etienne, chez mon père, où il retrouva ses deux enfants que ma mère y avait fait arriver dès qu'elle s'était rendue à St-Didier chez son frère, et ces enfants étaient M. Jules CELLE du BY, aujourd'hui mon adversaire et qui alors était à peine âgé de 4 ans et sa sœur plus jeune que lui d'environ quinze mois, cette dernière fut placée plus tard par ma mère au couvent de St-Sauveur et d'où contre le gré de ma mère, elle fut arrachée par son père pour être livrée à sa mère chez qui cette jeune personne est morte à l'âge de 12 ou 13 ans c'est-à-dire en 1816 ou 1817.
Mais Jules CELLE du BY, fils et héritier de Joseph-Gabriel, conteste cette version des faits qui favorise l'accès à une partie de l'héritage par Charles BESSY.
(Source : Fichier Geneanet de Bruno François Rougier).
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