La Loire


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Caractéristiques

La Loire était un navire de transport mixte de type trois-mâts à hélice et à voiles, avec une coque en bois. Ses dimensions étaient de 62 mètres 86, par 16 mètres 84,  par 8 mètres 04, déplaçant 4 450 tonneaux (en 1872). Sa vitesse était de 10 nœuds . L'effectif était composé de 883 hommes. La propulsion se faisait au moyen de 2 hélices, et d'une machine Schneider de 650 chn à charbon, nécessitant 548 tonnes de combustible. Quant à la voilure, elle était de 2710 m². L'armement en 1858 était constitué de deux batteries, une de 24 canons de 30 et 8 de 22, et une de 26 canons de 30 et 6 de 22 et sur le gaillard de 4cannon de 30 (NR1) et 14 de 30 (NR4). Le navire était doté d'un blindage de bordé de 20 cm d'épaisseur.
La Loire est sortie des chantiers navals de Lorient. Sur cale le 17 septembre 1827, elle est lancée le 2 décembre 1853, pour entrer en service le 1er septembre 1854, avant d'être rayée le 13 juillet 1886.
Selon un document envoyé par Patrice Bochereau et émanant d'Anne-Marie Edeline, du Fil d'Ariane, la Loire fut été mise en chantier à Lorient en 1827 sous le nom d'Annibal, et fut mise à l'eau le 2 décembre 1853. Ce navire aurait été armé la première fois sous le nom de Prince Jérôme

Historique

La Loire est mise sur cale à Lorient le 17 septembre 1827, sous le nom d'Annibal. En 1828 les travaux sont ralentis, puis abandonnés . En 1852, une décision de transformer ce navire en mixte est prise, et le 14 août 1853, les travaux sont visités par le ministre Théodore Ducos. Le 2 décembre 1853 c'est un nouveau lancement et, le 24 mai 1854 l'Annibal devient le Prince Jérôme. Le 1er septembre, il est armé pour des essais, avec un équipage réduit à 140 hommes, et le 7 novembre, il est armé à effectif complet, sous les ordres du commandant de vaisseau Didelot. Le 14 novembre 1854 il atteint une moyenne de 10 nœuds lors des essais de vitesse et, le 6 décembre, le navire quitte Lorient à destination de Toulon, port où il est procédé à la réparation du coussinet arrière porte-hélice.
Du 7 au 26 février 1855, le Prince Jérôme est utilisé comme transport de Toulon à Constantinople avec des troupes. Il remorque pour cette mission l'Hercule. Du 4 au 5 mars il effectue le trajet Constantinople baie de Kamiesh en Crimée, toujours avec sa remorque, avant de revenir à Constantinople le 14 mars, puis le 4 avril à Toulon. Le 7 juin, nouveau transport de troupes de Toulon à Constantinople, puis repos à Kamiesh le 19 juin, avant son retour en France, faisant escale au Pirée en Grèce le 30 juin, pour arriver à Toulon le 13 juillet et effectuer des réparations aux cylindres. Le 12 août le navire quitte Toulon, avec à son bord 1250 soldats, 100 condamnés et du matériel  dirigés sur Alger. Du 18 au 20 août il effectue la traversée retour vers Toulon. Le 27 août, le Prince Jérôme quitte de nouveau Toulon, emportant 1336 soldats et des munitions, fait une escale à malte le 31 août, et arrive à Constantinople le 7 septembre. Il est de retour à Toulon le 5 octobre et passe au bassin pour visite. Le 10 novembre, on est obligé d'enlever l'arbre porte-hélice, et le navire est sorti provisoirement du bassin, afin de laisser la place au Charlemagne.
Le 7 février 1856, le Prince Jérôme effectue une sortie pour essais. Par la suite, il appareille le 13 mars, fait escale à Malte le 29 mars, et arrive à Kamiesh le 9 avril, avec un avarie de machine. Le 17 avril il quitte Kamiesh, avec transportant 1200 zouaves, et arrive à Alger le 8 mai. Du 15 au 17 mai, traversée d'Alger à Malte, puis escale au Pirée le 24 mai, avant d'arriver le 30 mai à Kamiesh pour embarquer 1213 soldats. Le 19 juin il est à Marseille, d'où il repart le lendemain pour Toulon. Le 2 septembre, le navire escorte le roi Pierre V du Portugal, âgé alors de 19 ans, aux régates de Pacos d'Argos au Portugal. Relevé par l'Austerlitz, le Prince Jérôme quitte Lisbonne le 30 octobre, et arrive à Brest le 4 novembre pour entrer en carénage.
Le 25 février 1857, le navire est en réarmement, puis quitte Brest pour Toulon le 28 mai. Du 23 juin au 5 août, il effectue 4 sorties pour des exercices avec l'escadre aux Salins, près d'Aigues-mortes. Le 31 août, il est au mouillage à La Goulette en Tunisie, puis fait escale à Barcelone le 18 septembre. Du 7 au 21 octobre, le Prince Jérôme effectue la traversée de Toulon à Brest avec la 2ème Division, soit l'Austerlitz, l'Ulm et le Tourville.
En 1858, le navire est en escadre, puis est désarmé le 10 juin, pour être placé en réserve le 22 août. Le 1er juin 1859, il est réarmé pour essais, puis effectue une sortie avec le Colbert le 3 juin, et est en commission de port le 10 juin 1859. En juillet 1860, il est de nouveau réarmé avec 200 hommes pour essais, puis est remis en réserve.
Le 18 juin 1862, le Prince Jérôme est réarmé en transport, à effectif réduit. Le 28 août, il quitte Toulon pour Oran, avec à bord 668 hommes du 67ème de Ligne. Le 5 septembre, il quitte Oran à destination du Mexique. Mais le 6 septembre, le feu se déclare dans la membrure, entre les 3ème et 7ème sabords de la batterie basse. L'origine du feu ne peut être découverte malgré de nombreux coup de sonde à la tarière. Les 7 pompes suffisant à peine, le navire entre à Gibraltar, où la lutte contre le feu se poursuit. Le 10 septembre, la Dryade reçoit l'ordre d'appareiller de Cherbourg pour venir à Gibraltar récupérer les passagers du Prince Jérôme et les acheminer au Mexique. Le 26 septembre, le Prince Jérôme qui Gibraltar et arrive à Toulon le 28 pour effectuer les réparations. Il semble que la cause de l'incendie ait été une fuite de vapeur provenant du tuyau d'extraction, fuite qui aurait pourri la muraille. Les réparations effectuées, on retrouve la navire à Naples le 6 octobre, avec le prince Napoléon et le princesse Clothilde, puis il est placé en réserve de 1ère catégorie le 5 novembre 1862.
En 1863 et 1864, il est en grand carénage. De 1865 à 1870, il est désarmé et sa puissance nominale est réduite à 530 chevaux. Le 19 septembre 1870, le Prince Jérôme est rebaptisé le Hoche.
Le 6 juin 1872, le navire est rayé des listes de la Flotte une première fois.

la Loire

Mais sa carrière va rebondir. En effet, le bagne de Toulon est encombré, et le Gouvernement veut augmenter les déportations pour pallier le problème, ce qui demande des moyens de grandes capacités. L'Ingénieur de 2nde classe Vidai soumet un projet de transformation du Hoche en transport à voile pouvant embarquer 800 condamnés, 200 passagers libres et 400 hommes d'équipage. Le 27 septembre le projet est approuvé par le Directeur des Constructions Navales et les travaux débutent en octobre. Le navire est réinscrit sur les listes de la Flotte comme transport à voiles. Il est alors rebaptisé la Loire, avec début des travaux de transformation. En novembre et décembre, s'opère une nouvelle transformation, avec débarquement de l'artillerie et de la machine, le remplacement de l'ancienne mâture par un gréement plus léger, l'installation de la nouvelle artillerie et de ses munitions, l'agrandissement de la dunette, la construction d'une teugue (superstructure peu élevée, puis par extension surélévation à l'avant d'un bateau) à l'avant pour loger une partie de l'équipage, installation de bouteilles latérales en dehors de la coque, dans la batterie haute aménagement d'un poste à l'avant pour le reste de l'équipage et de prisons pour 350 détenus environ avec une infirmerie les séparant, et aménagement du faux-pont pour loger les passagers libres. Les prévisions en vivres sont de 10 mois pour l'équipage et les passagers, et 5 mois pour les condamnés. Le 20 février 1873, c'est la fin des travaux et le 1er mars, le navire est armé et placé sous les ordres du capitaine de vaisseau Jacques Lapierre, devant être prêt pour un départ le 15 avril. La capitaine de frégate Keraval embarque comme seond. Le 2 avril, la Loire est mise en rade, et mi-avril, la Commision d'Armement se rend à bord pour vérifier le bon état de navigabilité du navire. Une circulaire du préfet maritime ordonne que le 17 avril à 18 heures 15, il sera procédé à l'embarquement d'un premier convoi de 240 forçats, et le 18, de 2 convois de 410 forçats, soit un total de 650. De plus, le détachement d'Infanterie de Marine venant de Cherbourg sera embarqué le 15, les autres passagers marins et militaures le 16, et les passagers isolés ainsi que les survillants et leur famille le 17 à 8 heures, en vue d'un appareillage le 19. Parmi ces passagets devraient se trouver les capitaine du 3ème réigment d'Infanterie de Marine Magnier, Lenoë et leur famille, et le garde d'Artillerie Garoux, destiné à la Nouvelle-Calédonie.

cliché de Hughan daté du 20 octobre 1879

Le 19 avril 1873 à 11 heures, par un temps splendide, la Loire appareille de Toulon sous les ordres de son commandant, le réputé très cruel capitaine de vaisseau Jacques Lapierre. Le navire embarquait 1352 personnes, dont 415 hommes d'équipage et 287 colons et soldats, plus 650 transportés. Parmi ces passagers, il y avait 6 marins, 1 gendarme, 82 artilleurs, 51 fantassins, 40 civils, 26 femmes, 18 enfants, 16 agents de surveillance. Le navire doit faire escale à Dakar.
Le 27 avril le navire franchit le détroit de Gibraltar. Il fait escale à Dakar du 9 au 11 mai, où il débarque 60 fantassins de la Marine destinés à la colonie du Sénégal. Le 31 mai la Loire naviguait par le travers de l'île de la Trinité.
Le 17 juillet 1873, un des transportés, Nicolas Ecker décède. Il était né le 15 mai 1823 à Metting (Meuse), était célibataire, et exerçait la profession de maréchal-ferrant. Sergent en 1871, il fut commissaire de Police sous la Commune. Il aurait participé à l'arrestation de l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine. Il fut condamné le 11 novembre 1872 par le 6ème Conseil de Guerre à la peine de 10 ans de travaux forcés. Il était arrivé au bagne de Toulon le 28 novembre 1872. Un autre transporté, Antoine Bardiaux, décède en mer le 23 juillet 1873, apparemment juste avant l'arrivée en Nouvelle-Calédonie. Né le 4 mai 1832 au Vernet (Allier), il avait été condamné aux travaux forcés à perpétuité. Mais on ne sais pas si c'est pour des faits liés à la Commune ou une autre infraction.
Essuyant un très mauvais temps pendant le reste de la traversée, la Loire arrive à Nouméa le 23 juillet 1873, 92 jours après son départ de Toulon, et 72 après le départ de Dakar. Pendant cette traversée, le seul incident notable, selon un article de journal, fut une rupture de la barre de gouvernail, pièce qui fut changée en plein ouragan. La Loire quitte Nouméa le 21 août avec à son bord 411 hommes d'équipage et 83 passagers. En partant de Nouméa, suite à un coup de vent, le navire aurait perdu 45 m de sa fausse quille. Le 15 septembre le cap Horn était doublé, et le 1er novembre elle entrait en rade de Brest, où elle est désarmée le 10 décembre 1873. La Loire avait établi un record pour ce tour du monde, puisqu'il lui avait fallu seulement 162 jours pour le faire. Le navire a en effet mis 92 jours pour faire Toulon à Nouméa à l'aller, et 70 pour faire Nouméa à Brest au retour.
Ce 22ème convoi de transportés avait vu son effectif de forçats amputé de 60 décès et avait compté 60 malades à son bord. Le navire qui effectuait son premier convoi de transporté avait embarqué, nous l'avons vu, 650 forçats, dont il ne restait plus que 400 survivants à l'île Nou quelques mois plus tard, d'après Roger Pérennès. Cependant les recherches effectuées par José Barbançon n'aboutissent qu'à la découverte de 25 décès enregistrés dans les 3 mois après l'arrivée de ce convoi, car 617 sont immatriculés sur les registre l'île Nou, donc bien vivants, ce qui donne 33 décès en mer. Cinq de ces transportés par la Loire meurent le 25 juillet 1873. Ce fait est confirmé par une lettre du révérend père P. Lambert, aumônier à l'île Nou : Le 23 juillet arriva la Loire avec un convoi de condamnés presque tous malades. Le jour de leur arrivée à l'hôpital j'en administrais plusieurs. Fatigué, je me retirai assez tôt pour aller prendre un peu de repos. Le lendemain au point du jour me rendant à l'hôpital je rencontrai trois cadavres qu'on portait à l'amphithéâtre (du camp principal)... Car il n'y avait et il n'y a encore, ni amphithéâtre ni cimetière à portée du nouvel hôpital. Ce fut selon José Barbançon le convoi le plus meurtrier des 75 convois de transportés entre 1864 et 1897. Il faut remarquer que ce convoi de la Loire correspond au transfert des derniers forçats du bagne de Toulon, lequel devait fermer en décembre 1873. Le soin apporté à l'état sanitaire des transportés les années précédentes ne fut certainement pas respecté cette fois ci. Lors de cette même période de fin 1873, la Garonne et le Var transféreront respectivement 500 et 366 transportés à Nouméa, avec 5 et 3 décès lors de la traversée. En outre, le chiffre de 650 forçats embarqués sur la Loire fut un chiffre record, ce qui ne se reproduira plus par la suite.
De janvier à mars 1874, le navire est de nouveau transformé afin de réduire la capacité en condamnés au profit de celle des passagers libres. Vers le 20 ou le 23 avril, la Loire est réarmée et placée sous les ordres du capitaine de vaisseau Mottez, pour effectuer un voyage régulier vers la Nouvelle-Calédonie le 1er juin. Le second sera le capitaine de frégate Vavin. En raison de l'importance de l'équipage du navire (400 hommes), le ministre de la Marine décide qu'un sous-commissaire remplirait à bord les fonctions d'officier d'administration, et désigne Mr Pochart. Le 13 avril, embarquent les lieutenants de vaisseau Bienvenue, Péré et Dubreuil, les enseignes de vaisseau Brindejonc, H. Campion, Prévost, Philippe et Duval, le sous-commissaire Pochart et le médecin de 1ère classe Duburquois. Devant quitter Brest le 1er juin pour la rade de l'île d'Aix, la Loire doit recevoir, en plus de son chargement de forçats, 50 à 80 déportés arabes internés au fort de Quélern. Début mai, embarquent le lieutenant de vaisseau Capetter, du port de Toulon, au choix, et l'aide-médecin Destrem, ainsi que le sous-commissaire Pillu, désigné pour remplir les fonctions de sous-commissaire de la division navale de Nouvelle-Calédonie. Un article du 13 mai signale que le navire quittera Brest le 5 juin, puis séjournera à l'île d'Aix du 10 au 15 juin, et qu'au retour il fera escale à Tahiti. Un autre article, du 16 mai, donne la liste des passagers devant embarquer, et annonce également l'embarquement d'un détachement du 3ème régiment d'Infanterie de Marine.
Le 18 mai 1874, la Loire embarque à Brest 280 forçats et 50 déportés arabes à Quélern. Le 20 mai, sous les ordres du commandant Mottez, elle est conduite en rade et prend ses dernières dispositions pour mettre à la voile le 5 juin à 19h00. Le 29 mai, la commission médicale en visite à Saint-martin-de-Ré, présidée par le capitaine de frégate Jouneau, a reconnu aptes à l'embarquement 342 forçats. Le navire arrive le 7 juin à 5h00 au mouillage de la rade l'île d'Aix, où il embarque 700 passagers, dont 40 femmes, 200 militaires du 3ème régiment d'Infanterie de Marine, et 280 forçats du dépôt de Saint-Martine-de-Ré, plus 39 déportés arabes et 1 français. Le 9 juin à 16h00, il appareille pour Nouméa. C'est le 9ème convoi de déportés, qui fait escale le 23 juin à Santa Cruz de Ténériffe, pour arriver à Nouméa le 18 octobre 1874. Il y aura 2 décès en mer. Le 10 novembre de la même année, il quitte Nouméa pour la France.
Le 24 janvier 1875, la Loire est en escale à Sainte-Hélène puis, ayant escorté depuis cette île le trois-mâts le Lamentin, le commandant de ce dernier craignant une révolte de ses passagers indiens, arrive à Fort-de-France (Martinique) le 26 février, qu'elle quitte le 1er mars. Le 26 mars le bâtiment arrive à Brest et entre en carénage. En novembre est annoncé son armement, prévu pour le 1er décembre de l'année 1875, en vue d'un voyage en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti le 1er février 1876.
Le 15 janvier 1876 La Loire est en réarmement, avec un effectif de 409 hommes, sous les ordres du capitaine de vaisseau Salmon, avec pour second le capitaine de frégate Bonjour. Embarquent le lieutenant de vaisseau Lenéru comme officier de choix du commandant, ainsi que le lieutenant de vaisseau Garnier, qui doit embarquer au choix sur la Vire, qu'il doit rejoindre en Nouvelle-Calédonie. De plus, les transports affectés au service régulier entre la France et l'Océanie ne devant plus faire que deux voyages par an à compter du 1er mars 1876, les 14ème et 15ème compagnies du 3ème régiment d'Infaterie de Marine embarqueront à l'île d'Aix début mars pour relever les 31ème et 32ème compagnies de ce régiment en Nouvelle-Calédonie. Ce détachement comprendra 60 soldats maçons pour travailler à la construction de casernes et de l'hôpital militaire de Nouméa. Mi-février, l'aumônier de 2ème classe Bochez est désigné pour embarquer sur la Loire. Un article du 16 février donne une liste de passagers, et mentionne 210 transportés et 15 déportés.
Ce sera le 16ème convoi de déportés de la Commune et le 33ème convoi de transportés. A son retour, le navire est désarmé et remis aux Directions le 22 décembre 1876.
En janvier 1877, le capitaine de vaisseau Salmon, qui commandait le navire, est nommé au commandement de la frégate cuirassée la Couronne, dans l'escadre de la Méditerranée. A la même date, l'armement de la Loire est annoncé, en vue d'un voyage à Nouméa et Tahiti. Fin février, le capitaine de vaisseau Dubrot est nommé commadant du navire. Le 1er mars 1877, le réarmement débute. Embarquent les lieutenants de vaisseau Le Moine, Le Moniès de Sagazan et Sébe, les enseignes de vaisseau Chalmet, Gélébart, Brindejonc, Philibert, Vallée, Saint-Pern. Ont également embarqué l'aide-commissaire Hervé, le médecin de 1ère classe Brindejonc, le médecin de 2ème classe Navarre, les aides-médecins Hénaff et Lemenicier. L'aumônier de 1ère classe Quillivic remplace l'abbé Le Boulch. Le transport doit se diriger sur l'île d'Aix le 15 avril pour y embarquer des passagers, 360 transportés et 13 déportés à destination de la Nouvelle-Calédonie, selon un article du 17 mars. Il est prévu qu'au retour, le navire ramène des déportés.
Le 15 avril dans la marinée, la Loire quitte Brest pour l'île d'Aix, où elle arrive le 18 à 17h00. Le 21 doivent embarquer les passagers civils et militaires, et le 22 les condamnés du dépôt de Saint-Martin-de-Ré. Le 23, tout le personnel doit être inspecté par la Commission supérieure, présidée par le contre-amiral de Freycinet, major général de la Marine.
Le 25 avril 1877, remorquée par le Travailleur, le navire fait route vers Ténétriffe et la Nouvelle-Calédonie, avec des passagers pour la Nouvelle-Calédonie et Tahiti, 265 militaires et 360 forçats. Le 9 mai, il est au mouillage de Sainte-Croix de Ténériffe. Après 2 jours d'escale, il reprend sa traversée, devant se rendre directement en Nouvelle-Calédonie. Il arrive à Nouméa le 6 août. Parmi les 360 forçats que la Loire avait embarqués, 1 décède en mer. Le 9 septembre, le navire quitte Nouméa sous les ordres du capitaine de vaisseau Dubrot (depuis le 1er mars 1877, et non le capitaine de vaisseau Hyacinthe Aube, comme l’indiquent certaines sources), avec 388 passagers, dont 22 pour Tahiti, et 417 hommes d’équipage. Le navire, après 30 jours de mer, fait escale à Papeete le 29 septembre, comme l'indique le Messager de Tahiti. Débarquent : messieurs Bouvier, lieutenant d’Infanterie de Marine, Delusset, sergent-major d’Infanterie de Marine, Berard, maréchal-des-logis de Gendarmerie, Bienlet, magasinier de 1ère classe, Ruban, ouvrier des Ponts-et-Chaussées, 10 soldats d’Infanterie de Marine, 1 maréchal-des-logis et 4 canonniers ouvriers d’Artillerie, et deux religieux, Bertho et Lesné, frères de Ploërmel. Un article du 28 novembre 1877 donne d'autres dates pour cette partie du voyage.
Louis Charles Marie Lesné (Frère Florentius) (1856-1878), religieux de la congrégation des Frères de l'Instruction chrétienne, lé le 19 septembre 1856 à Bosquilly sur Maroué (Côtes d’Armor), fils de Jean Lesné et Marie Tronet, dernier enfant d’une fratrie de neuf, entre dans la congrégation des Frère de La Mennais le 29 novembre 1875 et débute son noviciat le 19 mars 1876. Il arrive à Tahiti le 29 septembre 1877 à bord du vaisseau la Loire, accompagné de Frère Pierre Joseph Bertho, venant de Nouméa, après être passé par l’Afrique du Sud. Entré à l’hôpital militaire de Papeete (Tahiti) le 12 juin 1878, il décède de la dysenterie le 3 juillet après de grandes souffrances. Il prononce ses vœux perpétuels in articulo mortis le 3 juillet 1878 après avoir reçu le Viatique. “Malgré ses cruelles souffrances, il a eu le bonheur de jouir de sa présence d'esprit jusqu'au dernier soupir, et par sa sincère résignation à la volonté de Dieu, il a édifié tous ceux qui l'ont vu”.
La Loire quitte Tahiti le 3 octobre 1877 (ou le 8 selon les sources). Une dépêche télégraphique de Sainte-Hélène datée du 9 décembre annonce que le navire a fait relâche dans cette île. Il arrive à Brest en janvier 1878, est désarmé, et entre en carénage.
Le 1er juin 1878, la Loire doit entrer en armement définitif, afin d'effectuer, un transport de forçats en Nouvelle-Calédonie. Elle quittera Brest le 10 juillet pour l'île d'Aix, où elle embarquera les condamnés internés à Saint-Martin-de-Ré. Pour cette traversée prendra place à bord un marin norvégien, l'enseigne de vaisseau Parr, pour faire un voyage autour du monde. Par décision du 28 mai, le capitaine de vaisseau Ducrest de Villeneuve est nommé commandant du navire à Brest. Le capitaine de frégate Jacquemart embarque en qualité de second. L'aide-médecin Bertrand, qui a terminé une période régulière d'embarquement sur le Beautemps-Beaupré en Nouvelle-Calédonie, sera remplacé par un des aides-médecins de la Loire, et effectuera le service à bord du navire lors du retour. Le 1er juillet 1878, le vaisseau est mis en rade de Brest. Un article du 10 juillet donne la composition de son état-major et annonce son départ pour le lendemain. Ce sera le 20ème et dernier convoi de déportés de la Commune, et le 39ème convoi de transportés, avec 360 forçats, dont 1 décès en mer. Un décret du 9 juin 1879 donne acquisition du bénéfice de campagne aux officiers, marins et militaires qui ont pris part aux expéditions effectuées en Nouvelle-Calédonie pour la répression de l'insurrection des Canaques, soit du 25 octobre au 20 novembre 1878 en ce qui concerne la Loire.
En avril 1879, le médecin de 2ème classe Pichon remplace son collègue Thomasset sur le navire. De même, le lieutenant de vaisseau Saget embarque par permutation avec son collègue Péré. Le lieutenant de vaisseau Laurency embarque au choix en remplacement de son collègue Berbineau, et le capitaine de frégate Borius remplace Jacquemart comme second. Un nouveau départ pour l'île d'Aix et Nouvelle-Calédonie est annoncé pour le 1er juin. Le 1er mai, le navire entre en armement définitif, toujours sous les ordres du capitaine de vaisseau Ducrest de Villeneuve, pour effectuer un transport de condamnés en Nouvelle-Calédonie. Les aides-médecins Guilmoto, du port de Cherbourg, et Jouanne, du port de Brest son désignés pour embarquer. Pour ce voyage, le transport la Loire recevra à l'île d'Aix 390 forçats destinés à la Nouvelle-Calédonie, qui seront visités à Saint-Martin-de-Ré le 23 et 24 mai par la Commission médicale, présidée par le capitaine de vaisseau Juin, major de la Marine. Un officier de marine danois, le lieutenant de vaisseau Olsen, sera du voyage.
Le 1er juin 1879 dans la matinée, le navire appareille de Brest. Un article donne la composition de son état-major. Dans la nuit du 4 au 5 juin, remorquée par le Travailleur, la Loire arrive en rade de l'île d'Aix. Le 7, les passagers libres embarquent et le lendemain, les condamnés. Le dimanche 9 juin, la Commission supérieure présidée par le contre-amiral de Freycinet, major général de la Marine, passe l'inspection. Le même jour à 18h30, elle appareille avec à son bord 420 hommes d'équipage, 270 passagers civils et militaire embarqués à Brest et à Rochefort, et 355 condamnés, ce qui fait un total de 1045. Un article du 14 juin donne une liste de certains des condamnés. Le navire fait relâche à Ténériffe du 23 au 25 juin (23 au 30 selon les sources), et arrive à Nouméa le 30 septembre, débarquant les condamnés de ce 41ème convoi de transportés pour lequel il n'y eut aucun décès. Le 1er novembre la Loire quitte Nouméa, avec à son bord 295 déportés de la Commune amnistiés, fait relâche à Sainte-Hélène du 11 au 14 janvier 1880, et mouille en rade de Brest le 5 mars, ramenant 800 passagers, dont 300 amnistiés. Débarquent du navire le capitaine de frégate Bernard, les lieutenants de vaisseau Savin, Moussu, l'enseigne de vaisseau Mondot, ainsi que le lieutenant de vaisseau danois Olsen. Le transport est désarmé et remis aux Directions le 1er avril.
Le navire est prévu être réarmé le 10 août 1880, pour un voyage en Nouvelle-Calédonie au départ de Brest le 10 septembre. Il sera sous les ordres du capitaine de vaisseau Brown de Colstoun, du port de Rochefort, qu'une décision du 7 août à nommé commandant. Les aides-médecins Omnès, du port de Brest, détaché à Cherbourg, et Lamolle, du port de Toulon, détaché à Lorient, sont également désigné pour embarquer sur ce navire. Le capitaine de frégate Masson, inspecteur des électro-sémaphores en Corse est désigné d'office comme second. Embarquent également les lieutenants de vaisseau Thierry, Canolle, Reveillère, Simon, les enseignes de vaisseau Pradère-Niquet, Duchateau, Gervais, de Rosière, de Lorme, Noël, le médecin de 1ère classe Clavier, le médecin de 2ème classe Plagneux. Le 18 septembre, le transport est toujours à Brest, par suite du mauvais temps.
Du 20 au 22 septembre 1880, nouvelle traversée de Brest à Rochefort, où la Loire mouille à 14h35. Le 24 elle embarque ses passagers, le lendemain samedi, ce sera le tour des 300 transportés du dépôt de Saint-Martin-de-Ré, constituant le 44ème convoi de transportés et le dimanche, la Commission supérieure, présidée par le majour général, passera l'inspection à bord. Le 26 septembre au soir, elle appareille. Un article donne la composition de son état-major et d'une partie des passagers. Un autre article donne une liste partielle des condamnés. Parmi ceux-ci se trouve un certain Claude Blanc, originaire du Puy-de-Dôme, condamné le 15 mai 1880 par le Conseil de Guerre de Perpignan, à 5 ans de travaux forcés et à la dégradation civique pour vol qualifié, au préjudice du cantonnement de Fort Mont-Louis (Pyrénées Orientales).
La Loire relâche à Ténériffe du 12 au 15 octobre 1880. Au cours de la traversée, elle subit des dégâts aux mâts suite à un gros temps, et une grave avarie de la chaudière distillatoire, mais il n'y a aucun décès. Elle mouille à Nouméa le 20 janvier 1881. Le 20 février départ de Nouméa en direction de la France, ramenant 50 amnistiés qui avaient été retenus dans la colonie par des intérêts paticuliers. Elle est attendue pour le 15 juin à Brest. Le vaisseau-transport est rencontré le 27 avril au nord-ouest des Açores par un navire de commerce, entre en rade de Brest le 5 juin 1881, et le 7 dans le port. Un article donne une liste de passagers qui débarquent. Après le désarmement de la Loire, son commandant, le capitaine de vaisseau Briwn de Colston est autorisé à fixzer sa résidence à Bordeaux.
Le 1er novembre 1881, la Loire entre en armement pour un nouveau voyage en Nouvelle-Calédonie, et doit quitter Brest le 1er décembre pour l'île d'Aix. Les passagers seront embarqués soit à Brest, soit à Rochefort. Le capitaine de frégate Dauge embarque au choix du commandant, ainsi que le lieutenant de vaisseau Mulot. Courant novembre embarquent également le médecin de 1ère classe de Béchon et le médecin de 2ème classe Pfilh. Le 23 novembre, la Commission supérieure, présidée par le capitaine de vaisseau Vollet, major de la Marine, doit se rendre à Saint-Martin-de-Ré pour visiter les transportés designés pour ce transfert en Nouvelle-Calédonie.
Le 4 décembre 1881, la Loire quitte Brest, puis l'île d'Aix le 11 décembre au soir, remorquée par le Travailleur, avec 421 hommes d'équipage, 409 passagers et prisonniers, dont 329 forçats pour le 47ème convoi de transportés, soit un total de 1159 personnes. Un article donne une liste partielle des passagers. Elle fait escale à Ténériffe le 29 décembre 1881 et arrive à Nouméa le 26 mars 1882. Il faut noter le décès d'un prisonnier en mer, bien que la santé à bord était bonne, selon un télégramme reçu par le ministre de la Marine. Le 28 avril 1882, le navire quitte Nouméa pour la France, fait escale à Sainte-Hélène le 8 juillet, et arrive à Brest le 23 août avec 509 passagers, puis est désarmé le 16 septembre pour carénage. Le Capitaine de frégate Dauge et le capitiane de vaisseau Vidal débarquent, ainsi que les lieutenants de vaisseau Mulot, Gaudin, Grandmontagne, Rozier de Chauliac, les enseignes de vaisseau de Martel, Labbé du Bourquet.
Le vaisseau est annoncé armer de nouveau le 1er juillet 1883, pour un voyage régulier en Nouvelle-Calédonie, mais cette date est avancée au 25 juin. Par décision présidentielle du 31 mai, le capitaine de vaisseau C. Pouthier est nommé commandant du vaisseau-transport la Loire à Brest. Le capitaine de frégate Femeulau quitte le service à terre à Lorient et se rend à Brest pour embarquer comme second sur le navire. Il recevra 5 enseignes de vaisseau, dont 4 passeront à l'Eclaireur à Nouméa, dont les enseigne de vaisseau Verchère (Hospotalisé, il est remplacé par son collègue Moulun, rappelé de congé), Guyomar, Blanchard, et l'enseigne de vaisseau auxiliaire Levot. L'aspirant de la Marine roumaine Spiropolu sera de cette campagne océanienne. L'aide-médecin Tricard est désigné pour embarquer, et Toulon reçoit ordre de désigner un médecin de 1ère classe destiné à l'Eclaireur, qui rejoindra par la Loire (Ce sera le médecin de 1ère classe Delrieu, mais il reçoit un sursis de départ jusqu'au 27 septembre). Au 7 juillet, ont été embarqués le médecin de 1ère classe Kermorgant, et le médecin de 2ème classe Hervé. Le lieutenant de vaisseau Havard, destiné à l'Eclaireur, débarque de l'Austerlitz pour la Loire, qui est mise en rade le 17 juillet. Egalement destiné à l'Eclaireur, le mécanicien principal de 2ème classe Cabanes, et le surveillant de 1ère classe Tristant, qui doit rejoindre son poste en Nouvelle-Calédonie, seront parmi les passagers, ainsi que lechef de bureau de l'administration pénitentiaire Mercier et le surveillant principal Collin et leurs familles. Prend passage aussi le lieutenant de vaisseau Barlier pour rejoindre le Taravao à Tahiti. Le 26 juillet la Commission médicale, présidée par le capitaine de frégate Pottier serend à Saint-Martin-de-Ré pour visiter les condamnés destinés à être embarqués sur la Loire.
Le 1er août 1883, le navire quitte Brest avec 1206 passagers, équipage compris. Parmi les membres d'équipage, il y avait un certain Jean-Claude Le Gall. Cet homme est matelot de 3ème classe, quand il fait ce voyage aller-retour vers la Nouvelle-Calédonie. Agé alors de 19 ans, c'est le seul voyage qu'il effectua avec ce navire, avant de participer à l'expédition du Tonkin, où il arrive en janvier 1885 sur le croiseur de 1ère classe Primauguet, affecté depuis le 15 décembre 1884, jusqu'au 17 janvier 1887. Il est ensuite affecté sur le navire hôpital et transport de troupes Bien Hoa, jusqu'au 30 mars 1887. Il sera décoré de la médaille du Tonkin le 18 avril de la même année. Le 1er janvier 1890 il acquiert la spécialité de chauffeur, puis est nommé quartier-maître le 20 septembre 1892. Il prendra sa retraite le 20 septembre 1908 avec le grade de quartier-maître chauffeur de 1ère classe.
La Loire mouille en rade de l'île d'Aix dans la nuit du 3 au 4 août 1883. Le 7 enbarquent les passagers libres, et le 8 les condamnés provenant de Saint-Martin-de-Ré. Le 9 a lieu l'inspection par le major général, avant l'appareillage dans la soirée. Le 11 août, le Travailleur rentre à Rochefort après avoir remorqué le vaisseau à 20 miles au sud de Rochebonne. Outre l'équipage du navire, il y avait 374 condamnés, et 413 passagers, dont un article donne la liste de certains, et les appareils de sondage pour l'installation d'un câble entre la Nouvelle-Calédonie et l'Australie.
La Loire mouille à Sainte-Croix de Ténériffe le 22 août à 19h00. La traversée depuis l'île d'Aix s'est effectuée dans de bonnes conditions, même si un marin embarqué à Brest est décédé pendant ce voyage. Le navire reprend sa route pour Nouméa le 25 août,
où il arrive le 24 novembre, et débarque les 374 forçats de ce 51ème convoi de transportés, sans qu'il y ait eut de décès en mer. Le vaisseau appareille le 22 décembre 1883 avec 620 passagers (liste partielle) pour retourner sur Brest, fait escale à Sainte-Hélène le 16 février 1884, en repart le 18, et est attendu à Brest du 25 au 31 mars . La traversée entre Nouméa et le cap Horn, aperçu car le temps était beau, a été effectuée en 30 jours. L'arrivée à Brest à lieu le 6 avril 1884, et la Loire entre dans le port le 9 pour être désarmée et entrer en carénage. Lors de cette traversée retour, il faut noter le décès en mer, le 8 mars 1884, de son commandant. Le corps fut immergé, mais le cœur conservé pour remise à la famille par l'aumônier du navire. Le capitaine de frégate Femeulau, les lieutenants de vaisseau Latrobe, Jan, Dantin, Aubert, Roussel, Dézès, les enseignes de vaisseau Bérenguier, Motty, Nogaret, Lamy, Bourdon, Delage, Legendre, le roumain Sébastien Eustatin, le sous-commissaire Perrot, le médecin de 1ère classe Kermorgant, le médecin de 2ème classe Hervé, l'aide-médecin Tricard, et l'aumônier Darrieux débarquent. L'aspirant roumain Spiropolu débarque également et regagne son pays. Le 1er mai 1884, la Loire est désarmée et remise aux Directions. En décembre, le médecin de 1ère classe Kermorgant se verra décerner un témoignage de satisfaction du ministre de la Marine et des Colonies, le vice-amiral Peyron, pour son rapport médical du voyage de Brest à Nouméa et retour (1883-84).
Par décision présidentielle du 21 septembre 1884, le capitaine de vaisseau E. H. Prouhet est nommé commandant du vaisseau à voile la Loire. Le 25 septembre 1884, elle entre en armement définitif, en vue d'un nouveau voyage en Nouvelle-Calédonie et Tahiti, le 1er novembre, avec 380 condamnés du dépôt de Saint-Martin-de-Ré. Elle embarquera du personnel et du matériel à Rochefort. Les lieutenants de vaisseau Sibaud, Rérolle Bonnaffé, Fargues, l'aide-médecin Pinard, embarquent, ainsi que le capitaine de frégate Bigant, venant de Lorient, comme second. Le navire ne recevra pas d'aumônier. Le médecin de 2ème classe de Bonadona remplace son collègue Jabin-Dudognon qui passe sur le Borda. Parmi les passagers, il y aura le lieutenant-colonel d'Infaterie de Marine Ortus, du 3ème régiment, appelé à commander le régiment de marche de Nouvelle-Calédonie, et le premier-maître de manœuvre Tassel, nommé au commandement de la chaloupe à vapeur la Dumbéa à Nouméa. Prendront place également 9 maréchaux des logis, 73 canonniers des batterie de Cherbourg, de Lorient et de Toulon, et le lieutenant de vaisseau X. Simon et sa famille, ce dernier étant nommé aide-de-camp du gouverneur de la Nouvelle-Calédonie.
Arrivée à Rochefort dans le nuit du 3 au 4 novembre 1884, la Loire doit recevoir ses passagers civils et militaires le 6, et ses condamnés le 7. Dans la traversée entre Brest et Rochefort, un matelot a été tué par la rupture d'une remorque de l'Infatigable.
Le 8 novembre 1884 à 3 heures elle appareille pour Ténériffe, y fait escale le 26 novembre, puis en repart le 1er décembre pour effectuer la traversée vers Nouméa, où elle arrive le 15 mars 1885. Elle y débarque les 319 forçats de ce 54ème convoi de transportés. Le 15 mars 1885 départ de Nouméa, escale à Sainte-Hélène le 29 juin, puis la Loire porte assistance à la goélette Don Juan dont 3 hommes avaient assassiné le second et lui procure des vivres. Elle arrive à Brest le 30 août. Le 22 septembre 1885 elle est désarmée et, le 13 juillet 1886 elle est rayée pour la deuxième fois des listes de la Flotte.

La Loire est le navire qui a effectué le plus de transfert de prisonniers vers la Nouvelle-Calédonie, soit 10 convois, pour un total de 3525 forçats, avant l'arrivée des navires à vapeur affrétés par la Compagnie Nantaise de Navigation (Cette compagnie privée effectuera 10 convois de 1891 à 1897, transportant 2917 prisonniers). La Loire transporta aussi 56 déportés politiques sans compter les décès en mer.

signée R. Vallire
Gouache aquarelle signée R. Vallire de 4" x 53 cm annotée "Loire Vaisseau transport à voiles
le 18 mars 1882 à 10 heures 30 minutes du matin, par le travers de la Nouvelle-Zélande, dans
une forte saute de vent, sa Gd voile, sa misaine petit foc se déchirent ce navire affecté à la
Nouvelle-Calédonie avait à son bord 348 forçats".

Le 10 décembre 1886 la Loire est de nouveau en réarmement, affectée comme ponton à la Division Navale de Cochinchine. Du 15 janvier au 2 février 1887 elle effectue la traversée Brest Toulon, et appareille pour Saïgon en mars. Le contre-amiral de La Jalle effectue une tournée dans le delta du Tonkin en janvier 1889 avec la Loire, l'Alouette et la Sagaie. Le 21 mars, c'est le départ de l'amiral de La Jalle, qui passe à bord du Turenne, le capitaine de vaisseau de La Maisonneuve revenant à bord de la Loire. Le 7 avril 1891, au cours du séjour à Saïgon d'une escadre russe le tsarévitch, futur tsar Nicolas II, est reçu à bord de la Loire. Le 26 décembre 1695, le navire est relevé par la Triomphante, à bord de laquelle passe le commandant et tous les services, et la Loire est désarmée.
Enfin en 1896, le navire est condamné, remis à l'Administration des Domaines, et mis en vente pour le prix de 60000 francs.
                                           


9ème convoi de déportés

On l'a vu plus haut, le 18 mai 1874, la Loire embarque à Brest 280 forçats et 40 déportés arabes, internés au fort de Quélern suite à la Révolte de Kabylie , et 1 déporté français, seul insurgé de la Commune sur ce convoi.
Le 20 mai, sous les ordres du commandant Lapierre (selon Roger Pérennès), elle est conduite en rade et prend ses dernières dispositions pour mettre à la voile le 5 juin à 19h00. Le 29 mai, la commission médicale en visite à Saint-martin-de-Ré, présidée par le capitaine de frégate Jouneau, a reconnu aptes à l'embarquement 342 forçats. La Loire arrive le 7 juin à 5h00 au mouillage de la rade l'île d'Aix, où elle embarque 700 passagers, dont 40 femmes, 200 militaires du 3ème régiment d'Infanterie de Marine, et 280 forçats du dépôt de Saint-Martin-de-Ré ( 300 selon Roger Pérennès, José Barbançon parlant de 293) , destinés au bagne de l'île Nou . Sur les 40 arabes mentionnés, 39 sont destinés à la déportation simple à l'île des Pins, et un à la déportation en enceinte fortifiée.
Le rapport médical du médecin-major Duburquois sur la Loire fait état du capitaine de vaisseau Mottez comme commandant. Le navire emportait 1105 personnes, soit un nombre de 414 pour l'état-major et l'équipage, 56 pour les passagers civils, 216 fantassins et artilleurs, 26 surveillants et gendarmes, 73 femmes et enfants. Ce rapport mentionne 281 forçats embarqués à Rochefort, 38 algériens, et Fayon.
Jean Louis Nicolas Fayon, dit "de Lafayette", matricule 808, né le 21 septembre 1842 à Montigny-sur-Chiers (Moselle), célibataire, se disant ingénieur-dessinateur, mais en réalité employé au Chemin de Fer du Nord. Condamné en 1862 pour coups et blessures, il s'est engagé pour sept ans en 1865. Après la Commune, il fut condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée. Le 21 février 1873 il fut condamné à 5 ans de prison pour vol, puis le 19 septembre 1873 à dix ans de travaux forcés pour vol avec effraction. Entre temps, arrêté, il est traduit devant le 4ème Conseil de Guerre qui le condamne, en plus des autres peines, à la déportation en enceinte fortifiée. Le 14 avril 1874, il réussit à s'évader du fort de Quélern mais, repris, il est envoyé peu après en Nouvelle-Calédonie.
C'est le 26ème convoi de transportés, le 9ème de déportés, qui quitte Rochefort le 9 juin 1874, puis fait du 23 au 25 juin à Santa Cruz de Ténériffe.
Le médecin-major Duburquois mentionne dans son rapport : De Ténériffe, nous avions l'ordre d'aller à Saldanha, parce que la fièvre jaune nous empêchait de relâcher à Sainte-Catherine. Des raisons de navigation n'ayant pas permis d'effectuer cette relâche, le commandant s'est décidé à doubler le cap et à faire route directement pour Nouméa si l'état de santé du bord et la rapidité du voyage le permettait. [...] Des manifestations légères de scorbut rendaient nécessaire une relâche. J'ai beaucoup à me louer de l'avoir demandée. Il eut été très imprudent de faire encore 30 ou 40 jours de mer par les latitudes froides et les grandes brises de l'ouest, sans vivres frais et avec le scorbut à bord. Ce médecin recevra d'ailleurs, suite à ce rapport, un témoignage de satisfaction du ministre de la Marine en décembre 1875.
Ainsi donc, la Loire fait relâche à La Réunion les 2 et 3 septembre pour les raisons médicales évoquées. Sont embarqués par la même occasion 15 forçats presque tous noirs (sic), un passager civils, 6 femmes et enfants.
A l'arrivée à Nouméa le 16 octobre 1874 (ou le 18 selon les sources), après un voyage de 133 jours, le médecin fait état de 9 décès à bord, 5 parmi les arabes et 4 parmi les forçats (deux blancs, deux noirs).
Sur les 300 forçats du convoi, 250, atteints du scorbut, mourront dans les semaines suivant leur arrivée en Nouvelle-Calédonie d'après Roger Pérennès. Dans Mémoires d'un Communard, Jean Allemane  évoque une épidémie meurtrière : Je dus, la dysenterie ayant  décimé les transportés que la Loire venait de débarquer, aider à en enterrer un très grand nombre. Commencée dès l'aube, notre besogne ne se terminait souvent qu'à la nuit... Les hommes morts de la dysenterie offrent un spectacle auquel j'étais loin d'être préparé. Plus de deux cents condamnés venus par la Loire moururent presque aussitôt leur débarquement. Cependant José Barbançon nous signale que sur les registres d'état-civil du Bagne, qui étaient très bien tenus du reste, seuls 28 décès de forçats venus par la Loire apparaissent dans les 6 mois après l'arrivée du navire.
La Loire quitte Nouméa le 10 novembre 1874, fait relâche à Sainte-Hélène le 24 janvier 1875, pendant 3 jours, est attendue courant février à Brest, et doit être désarmée à son arrivée. Mais le navire se détourna vers la Martinique, le commandant s'étant décidé à escorter un navire français, le Lamentin, chargé d'engagés indiens. Le capitaine de ce navire craignant une révolte, avait demandé protection. La Loire est arrivée à Fort-de-France le 26 février, en est repartie le 1er mars, enfin rallie Brest le 26 mars 1875, après 138 jours de mer, et entre en carénage.



Liste des condamnés à la déportation en enceinte fortifiée : Jean Louis Nicolas FAYON et un arabe.
Liste des condamnés à la déportation simple : 39 arabes dont 34 inscrits sur les registres de la déportation.
(Pour tout renseignements concernant ce prisonnier, vous pouvez me contacter ici).

16ème convoi de déportés

Le départ de ce convoi, prévu le 1er mars 1876, est retardé en raison du mauvais temps. La Loire quitte Brest le 7 mars, remorquée par le Valeureux, sous les ordres du capitaine de vaisseau Salmon, avec un équipage de 400 hommes, dont 18 officiers. Ce convoi avait embarqué onze déportés provenant du "dépôt spécial" de Saint-Brieuc. Elle transporte 516 passagers et déportés, dont 210 forçats. Le navire se dirige sur l'ïle d'Aix, où il fait escale à partir du 8 mars, cepandant qu'un article du même jour l'annonce toujours retenu à Brest.
Un des déportés, nommé Victor Alphonse Richard, est débarqué à Rochefort et admis à l'hôpital de la Marine en raison de son état de santé. Né le 7 mai 1813 à Troyes (Aube), il était marié et père d'un enfant. Séparé de sa femme, il vivait en concubinage et exerçait la profession de bonnetier. Il avait été condamné à la déportation simple.
La Loire reste au mouillage de l'île d'Aix jusqu'au 17 mars à cause du mauvais temps
.
Une fois pris en compte son chargement de forçats, le navire appareille le 17 mars 1876 de la rade des Trousses,
remorqué par le Travailleur, avec 210 transportés et 9 déportés supplémentaires. S'y ajoutaient 320 fantassins et artilleurs, 78 matelots destinés à la Vire, 45 passagers civils et officiers, 6 femmes et enfants.
Après une relâche à Ténériffe du 28 au 30 mars, la Loire arrive à Nouméa le 21 juin 1876 (ou 22 selon les sources), après un voyage de 97 jours. Ce voyage est le second voyage le plus court, après celui du troisième convoi, qui était de 88 jours
. Il semblerait que la Loire, à la hauteur de Pernanbouc, au Brésil, a viré de bord, évitant l'escale de Santa-Catarina, pour se diriger directement sur le cap de Bonne Espérance.
On compte deux décès en mer au cours de ce voyage. Le raport médical du médecin-major Maurin mentionne un décès parmi les transportés, et une cinquantaine de cas de scorbut.
La Loire quitte Nouméa en direction de Tahiti le 13 juillet 1876, embarquant 749 personnes, équipage, artilleurs, deux compagnies d'Infanterie, divers agents civils, et des convalescents. Relâche est faite le 3 août à Tahiti (selon certaines sources, il est question d'une escale à Sidney, le 8 août puis à Tahiti le 11 septembre, ce qui semble peu probable du fait de la position géographique de l'Australie. De plus, un article du 1er novembre annonce un mouillage à Tahiti le 11 août), où le bâteau est placé pendant 3 jours en quarantaine d'observation. Le médecin mentionne que 2 morts et 13 malades sont laissés au Lazaret. Le navire fait ensuite relâche à Sainte-Hélène du  14 au 16 octobre, puis arrive à Brest le 16 novembre 1876 (le 24 selon les Tablettes des Deux Charentes), ramenant 307 passagers de Nouméa et Tahiti. Le médecin mentionne qu'au cours de cette traversée, 4 passagers ont été frappés par la cruelle mort et engloutis par l'insatiable océan.

Liste des Condamnés à la déportation en enceinte fortifiée : Jean Jules Victor ALLAUME, Joseph Alphonse BONIFACE, Joseph Théodore LAMY, François RAYER, Henri WALZER.
Liste des condamnés à la déportation simple : Martin ADAMY, Jacques AGIER, Michel Paul BOYER, Charles Prosper ROBERGEOT (ou ROBERJOT), Alfred SIMBOZEL.

La Loire au mouillage à Ducos

20ème convoi de déportés 

Le 11 juillet 1878 la Loire effectue la traversée de Brest à Rochefort et arrive en rade de l'île d'Aix le 12 au matin. Le 15 juillet, les 266 passagers sont embarqués et, le 16 juillet, ce sont les 357 transportés en provenance de l'île de Ré. Le lendemain la Commission supérieure, présidée par le contre-amiral Halna du Frétay, procède à l'inspection du personnel à bord avant le départ.
Ce convoi embarque les 4 derniers déportés, à savoir Louis Badin et Alfred Lucien Joseph Prudot dit "Voinot" pour les condamnés à la déportation en enceinte fortifiée, et André Jules Louis Meunier et Augustin Poquet, pour les condamnés à la déportation simple.
La Loire appareille le 17 juillet à 19h00, avec 1024 personnes, dont 390 hommes d'équipage, 266 passagers civils et militaires, 357 transportés en provenance de l'île de Ré, dont un certain Louis Ouvrard, et 4 déportés. Un des transportés décèdera en mer. Après une relâche de 6 jours à Ténériffe le 26 juillet, le navire arrive à Nouméa le 25 octobre 1878, après 82 jours de mer, pour un voyage total de 102 jours. C'était le dernier convoi de déportés de la Commune envoyés purger leur peine en Nouvelle-Calédonie. Le médecin-major Maurin mentionne 8 décès, puis que notre compagnie de débarquement a été envoyée à terre pour participer aux opérations militaires dirigées contre l'insurrection canaque.
La Loire quitte Nouméa le 30 novembre 1878 avec 260 passagers (81 hommes de troupes, 65 déportés libérés, 2 transportés graciés, 54 convalescents ou malades, 25 femmes et 32 enfants, et des colons rapatriés comme indigents. Elle rapatrie également 71 déportés de la Commune graciés ou malades, accompagnée par la Vire. Après relâche à Sainte-Hélène du 3 au 6 février 1879, le navire arrive à Brest le 18 mars.

Liste des condamnés à la déportation en enceinte fortifiée : Louis BADIN, Alfred Lucien Joseph PRUDOT dit Voinot.

Liste des condamnés à la déportation simple : André Jules Louis MEUNIER, Augustin POQUET.

(Pour tout renseignement concernant ces prisonniers, vous pouvez me contacter ici). Pour les communards originaires du Finistère, vous pouvez consulter le site de Patrick Milan, pour ceux originaires d'Arcueil (Val-de-Marne), vous pouvez consulter le site d'Annie Thauront, avec également un article sur le député de la Guadeloupe Melvil-Bloncourt, condamné à mort pour sa participation à la Commune .

Rapatriements  

La Loire participa aussi au rapatriement de certains déportés. Elle quitte ainsi Nouméa le 1er septembre 1877, avec à son bord 75 déportés dont la peine est commuée en détention, 1 arabe libéré, et 5 transportés dont 3 libérés (2 arabes et 1 français), un pour révision de jugement, et le dernier dont la peine est commuée en réclusion. Le navire arrivera à Brest le 14 janvier 1878. 
Après avoir effectué l'acheminement du vingtième et dernier convoi de déportés destinés à la Nouvelle-Calédonie, la Loire quittera Nouméa le 30 novembre 1878, avec à son bord 71 déportés dont un gracié, et 70 dont la peine est commuée. L'un d'eux, Auguste Alexandre Buard, ne reverra jamais sa terre natale, puisqu'il décèdera en mer. Le navire arrivera à Brest le 18 mars 1879.

la Loire près de l'île Nou débarquants les forçats en 1879

La Loire arrive à Nouméa le 30 septembre 1879 avec le 41ème convoi de transportés. Parmi l'équipage, il y avait un jeune enseigne de vaisseau, Alphonse Guillou, qui deviendra plus tard amiral. Le navire repartira le 1er novembre 1879, avec à son bord 295 déportés graciés ou dont la peine est commuée, plus 19 femmes et 14 enfants de déportés. Elle n'a pas trop souffert du passage du cap, fait escale à Sainte-Hélène le 10 janvier 1880. Elle appareille de Sainte-Hélène le 14 janvier, mais tarde apparemment à rentrer. Le navire est en effet attendu à Brest vers la mi-février, comme le montre une article du Rappel du 16 février 1880. La Loire ne mouillera cependant en rade de Brest que dans la nuit du 4 au 5 mars suivant (article du 7 mars 1880), ramenant 300 amnistiés parmi ses 800 passagers. Ces amnistiés furent vite débarqués et mis en route par l'autorité départementales. Ils enverront à Victor Hugo et Clemenceau 2 pétitions, dont une se plaint du comportement du commandant Ducrest de Villeneuve à leur égard.
Enfin la Loire effectuera le dernier rapatriement de déportés ou transportés en direction de la France (Rappelons que la loi du 12 juillet 1880 avait amnistié tous les insurgés de la Commune). Sous les ordres du capitaine de vaisseau Brown, le navire quitte donc Nouméa le 19 février 1881, avec à son bord 40 déportés dont le "èglement de leurs affaires, des intérêts particuliers, ou des lenteurs administratives les avait retenus en Nouvelle-Calédonie". Parmi les rapatriés se trouvent Gaston Dacosta, Emile Fortin, Joseph Cayol, Jean-Baptiste Berçot, François Portois, Isaac Patout, Adolphe Vittecoq, Jean Ernest Legris, François Bonnefoy, Jean-Baptiste Lambert. Il semble que ce voyage de retour ne se soit pas très bien passé pour les déportés. Le commandant semble avoir considéré les rapatriés comme des "insurgés graciés" et non comme des passagers libres, et les a soumis à un régime spécial. Les amnistiés devaient assister matin et soir aux prières dites par l’aumônier, et ceux qui refusaient étaient mis aux fers. De plus ils étaient confinés dans les batteries basses, alors que les 20 transportés libérés bénéficiaient de la batterie haute à l’avant du navire. Toujours selon l’Intransigeant, deux des rapatriés seraient décédés en mer. Le premier, Gabriel Perny est, d’après son dossier, décédé en mer le 12 avril 1881. Le second, Martin Perrot souffrait de pleurésie depuis plusieurs jours, mais ne fut pas admis à l’infirmerie. Un matin, alors qu’il était trop faible pour se rendre auprès du médecin de bord Bohan, il fut enfin admis mais décéda 1 heure après. Il est décédé en mer le 4 avril 1881 d'après sa fiche Anom, mais d’après son registre matricule, il avait été rapatrié par le Tage, parti de Nouméa le 6 avril 1880. Est-ce donc le bon ? Le journal La Dépêche du 6 juin 1881 donne la liste des rapatriés par ce dernier convoi de la Loire, et mentionne également les deux décès. Décède également en mer au cours de ce voyage, le capitaine d'Infanterie de Marine F. Royer, de retour de Nouvelle-calédonie. Le navire arrive à Brest le 5 juin 1881.
Un article relate "l'évasion annoncée" d'un condamné qui avait réussi à embarquer clandestinement sur la Loire. Au commandant Brown de Colstoun, il est demandé des explications sur son comportement envers les amnistiés rapatriés, et celui-ci reçoit en même temps un blâme. De plus deux des autres amnistiés qui sont aller se plaindre d'avoir été condamné à la double chaîne suite au rapport de l'amiral Jauréguiberry, pour tentative d'évasion, furent apparemment plus ou moins vertement conjédiés. Ce dernier fait était d'ailleurs démenti quelques jours plus tard.


Sources
:

- Déportés et forçats de la Commune : de Belleville à Nouméa, par Roger Pérennès, Nantes, Ouest Editions, 1991.
- Site Internet http://www.dossiersmarine.fr.
- Dossiers des navires au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence, série H30.
- Le Républicain de la Loire et de la Haute-Loire du 24 décembre 1873, page 4.
- Courriel de José Barbançon du 21 avril 2014.
- Le Rappel du 16 février 1880.
- Cote BA470 des Archives de la Préfecture de Police, dossier Loire.
- Service Historique de la Défense à Brest 2F17 (Informations envoyées par Yannick Lageat).
- Courriel de Patrick Darbeau du 14 septembre 2018.
- Base IREL sur le site des Anom.
- L'Intransigeant, des 22 avril 1881, 3 juin 1881, 7 au 10 juin 1881.
- La Liberté du 7 juin 1881.
- La Dépêche du 6 juin 1881.
- Le Petit Parisien du 7 juin 1881.
- Le Messager de Tahiti du 5 octobre 1877 (envoi du Père Christophe Barlier-Brignoli, curé de la cathédrale de Papeete).
- Courriel du Père Christophe Barlier-Brignoli du 8 novembre 2020.
- Annuaire de la Marine, année 1878, page 692.
- Le Messager du Midi des 17, et 21 avril 1873.
- Les Tablettes des Deux Charentes de 1873 à 1884.

Crédits photographiques :

- Déportés et forçats de la Commune : de Belleville à Nouméa, par Roger Pérennès, Nantes, Ouest Editions, 1991.
- Photos envoyées par Claude Millé.
- Photos d'Anne-Marie Edeline envoyées par Patrice Bochereau.
- Photos des tableaux émanant du site http://peintres-officiels-de-la-marine.com.
- Site http://www.djurdjurakabylie.com/KABYLES%20DU%20PACIFIQUE/05.htm, pour la Loire au mouillage de la presqu'île de Ducos.
- Wilipédia pour la photo de Théodore Ducos.
- Photo envoyée par Georges Le Gall (Jean-Claude Le Gall en 1910).
- Photos envoyées par José Barbaçon (La Loire à Nouméa en 1873, La Loire cliché de Hughan le 20 octobre 1879).

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