Le Tage


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Plan du Tage avant d'être vaisseau mixte

Caractéristiques

Ce vaisseau de 100 canons à voile transformé s'était d'abord appelé le Polyphème, puis le Saint-Louis, avant de devenir le Tage, le 1er décembre 1832. Il était sorti des chantiers navals de Brest, sur cale le 26 août 1824, il se lancé pour la première fois le 15 août 1847. A partir de 1875, il devient transport à voiles..
Les dimensions du navire, en 1858, étaient de 65,02 par 16,82 par 7,55 mètres. Il déplaçait 4331 tonneaux, à une vitesse maximale de 10,7 nœuds. L'équipage était de 883 hommes, mais de seulement 477 en version transport. Ce navire, dont la coque était en bois, était propulsé par une hélice, avec une machine de marque Napier, de 500 chevaux, nécessitant 170 tonnes de charbon. Quant à la voilure, elle était de 2668 m². En 1858, l'armement se composait de 16 canons de 36 centimètres et 16 canons de 22 pour la première batterie. La seconde batterie était composée de 32 canons de 30 centimètres, auxquels il fallait ajouter 14 canons de 16 et 6 canons de 30 caronades sur le gaillard. En 1881, l'armement était de 14 canons de 14 centimètres et 1 de 12 pour la batterie, plus 4 canons de 12 sur le gaillard. En version transport, l'armement était de seulement 8 canons.

Le Tage en 1824

Historique

Le 26 décembre 1828, le Polyphène est rebaptisé Saint-Louis, avant de devenir le Tage le 1er décembre 1832.
Lancé le 15 août 1847, on trouve ce navire en escale à Kiel du 20 au 29 mai 1854.
Il avait appareillé de Kiel le 20 avril 1854, en compagnie du Breslaw. Ces deux navires vont s'aborder en mer et ne pourront repartir avec le reste de la flotte. En 1855, on le trouve encore dans la flotte de la Baltique, puisqu'il s'échoue dans la baie de Kamiesch, sur la côte de Crimée en Mer Noire, le 12 février.
Il est remis à flots, avant de débuter sa transformation en vaisseau mixte en août 1857. Il est lancé une seconde fois, et
sera en service du 12 juillet 1858 au 6 mai 1884, date à laquelle le navire est rayé.
En 1857-58, le Tage est transformé en vaisseau mixte.
Le 18 juillet 1860, sous les ordres du capitaine de vaisseau de Kérisouet, le Tage appareille de Brest pour Toulon.
En 1861, il est armé en transport, avant de servir de ponton-caserne pour les insurgés de la Commune du 29 mai 1871 au 1er mars 1872, dans le port de Cherbourg.
Le 30 novembre 1875, le vaisseau se voit affecté au transport des forçats vers la Nouvelle-Calédonie.
Il quitte Cherbourg le 14 décembre 1876 en direction de Nouméa, en faisant une escale de chargement à l'île d'Aix, pour effectuer le 18ème convoi de déportés.
Le 11 novembre 1877, le Tage est désarmé à Brest. Mais on le retrouvera en rade de Nouméa en juillet 1878, pour mater la révolte des Canaques. Il avait entre temps effectué le transport d'un convoi de transportés (condamnés au bagne), puisque l'un des condamnés a quitté Saint-Martin-de-Ré le 20 février 1878, pour embarquer sur le Tage, et est arrivé à l'île Nou le 9 juin 1878.
Le navire assura le transfert d'un autre contingent de transportés, dont certains ont embarqué le 7 octobre 1882, à destination de la Nouvelle-Calédonie, et notamment l'île Nou. Le vaisseau est rayé des tablettes le 6 mai 1884, puis est rebaptisé le Vétéran en 1886, pour servir de corps de garde. Il servira de charbonnière à Brest de 1886 à 1895, avant d'être démoli en 1896.                                           


Le Tage, navire-prison qui transporta cinq convois de condamnés au bagne, dont 1convoi de déportés de la Commune

18ème convoi de déportés 

Le 14 décembre 1876, le Tage quitte Cherbourg, en ayant chargé 13 déportés de la Commune, qui provenaient du dépôt spécial de Saint-Brieuc. Le navire fait relâche en rade de l'île d'Aix le 21 décembre, afin d'embarquer des forçats destinés au bagne de Nouvelle-Calédonie. Le navire quitte l'île d'Aix le 28 décembre 1876, transportant 1058 personnes, à savoir 405 membres d'équipage, 400 transportés dont 7 décèderont au cours du voyage, 34 surveillants, 154 militaires, 52 passagers civils, et 1es 13 déportés. Après une ecale à Ténériffe du 22 au 27 janvier 1877, il arrivera à Nouméa le 22 avril 1877, après 115 jours de mer.
Parmi les déportés, un nombre important était des condamnés par contumace après l'insurrection de 1871. Comme dans presque tous les derniers convois, un certain nombre de déportés auraient dû partir plus tôt, mais avaient vu leur départ différé pour raison de santé.
Le 17 mai 1877, le Tage quitte Nouméa, emportant 140 rapatriés (5 libérés, 2 rapatriés pour révision de jugement, 129 dont la peine est commuée en détention, 1 dont la peine est commuée en réclusion, et 3 dont la peine est commuée en bannissement). François Camille CRON
, arrivé à l'île des Pins le 9 janvier 1875, fera ptie de ce voyage, sa peine ayant été commuée le 10 novembre 1876 en 10 ans de bannissement, mais il devait d'abord regagner la Métropolepour que cette nouvelle mesure soit mise à exécution. Qunat à l'ébéniste Joachim Léon FROT, dont la peine avait été commuée le 19 décembre 1876 en 8 ans de détention, et qui revenait effectuer sa nouvelle peine en Métropole, décèdera en mer le 9 juin 1877. D'après un document du Service Historique de la Défense à Brest (2A164), à l'arrivée du navire, une somme de 2,45 Fr., trouvée dans ses effets fut versée à la caisse des gens de mer.
Après une escale à Tahiti du 12 au 25 juin, leTage arrivera à Brest le 7 octobre 1877.

Liste des Condamnés à la déportation en enceinte fortifiée : Fernand Isidore BRUYERE, Alfredo Ambrosio CONSTANCIA, Henri Adolphe FARROUCH, Victor Denise Sulpice FOULOI, Louis Etienne JALABERT, Marie Charles MAUSSIRE, Charles Philippe POUSSOT, et Etienne VIANO.

Liste des condamnés à la déportation simple : Amédée ADAMY, Léon GELHAYE, Louis LEDRU, Jean Jacques MARIE, et Charles Constant MONNIER.
(Pour tout renseignement concernant ces prisonniers, vous pouvez me contacter ici).
Pour les communards originaires du Finistère, vous pouvez consulter le site de Patrick Milan, pour ceux originaires d'Arcueil (Val-de-Marne), vous pouvez consulter le site d'Annie Thauront, avec également un article sur le député de la Guadeloupe Melvil-Bloncourt, condamné à mort pour sa participation à la Commune.



Le Tage après avoir débarqué deux nouveaux "chargements" de forçats destinés au bagne, participera au rapatriement des Communards graciés ou amnistiés. Le 28 octobre 1878, il quittera Nouméa, et arrivera à Brest le 12 février 1879, ramenant vers la France 108 déportés, dont 3 libérés, 2 graciés, 1 dont la peine est commuée en 10 ans de détention, 3 dont la peine est commuée en 8 ans de détention, 1 dont la peine est commuée en 7ans 1/2 de détention, 90 dont la peine est commuée en 7 ans de détention, 1 dont la peine est commuée en 6 ans de détention, et 7 dont la peine est commuée en bannissement. Le 6 avril 1880, après avoir débarqué de nouveaux forçats, le Tage quitte Nouméa. Il ramène à son bord 80 déportés, graciés ou dont la peine est commuée, et 40 transportés non identifiés.
Après avoir effectué un nouveau convoi de forçats destinés au bagne de Nouvelle-Calédonie, le Tage, sous les ordres du commandant Cobet, est signalé au large de Brest. Il y débarque le 1er août 1880 un contingent de 120 amnistiés ou passagers. Ceux-ci feront parler d'eux par des manifestations à leur arrivée le lendemain en gare de Montparnasse, par le train de onze heures du matin, où ils sont accueillis par le comité "Louis Blanc", et où un des orateurs déclarera : "Pendant 8 années d'angoisse, ils ont eu le temps de se refaire des ongles, des dents et de la haine..." (La vie quotidienne en Nouvelle-Calédonie de 1850 à nos jours, page 80).
Il semblerait que le Tage ait rapatrié d'autres déportés en 1881, d'après un article du journal l'Intransigeant du 22 mai 1881.

Sources :

- Déportés et forçats de la Commune : de Belleville à Nouméa, par Roger Pérennès, Nantes, Ouest Editions, 1991.
- Site Internet http://www.dossiersmarine.fr.
- Dossiers des navires au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence, série H30.
- Service Historique de la Défense à Brest 2F17 (Informations envoyées par Yannick Lageat).
-
La vie quotidienne en Nouvelle-Calédonie de 1850 à nos jours, par Jacqueline Sénès, Hachette, 1985.
- L'Intransigeant du 22 mai 1881.
- La Dépêche du 3 août 1880.
- Le Petit Journal des 3, 4 et 5 août 1880.
- L'Histoire de la Nouvelle-Calédonie, par Christiane Terrier.
- Encyclopédie en ligne Wikimonde.
- Des oubliés de l'Histoire : les communards en Nouvelle-Calédonie, par Yannick Lageat, 2022.

Crédits photographiques :

- Déportés et forçats de la Commune : de Belleville à Nouméa, par Roger Pérennès, Nantes, Ouest Editions, 1991.
- Numérisations archives par Bernard Guinard.
- Photos envoyées par Claude Millé.
- L'Histoire de la Nouvelle-Calédonie, par Christiane Terrier (le Tage navire-prison).

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