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Note individuelle
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Il suivait les cours du collège de Sedan, nouvellement fondé (Là il eut pour émule Jacques CAPPEL, qui remporta à sa sortie le second prix, Pierre du MOULIN ayant eu le premier).
En 1588, fuyant les guerres de la Ligue, il s'échappa en Angleterre. Il y devint le précepteur du fils de la comtesse de RUTLAND, lequel étudiait à Cambridge. C'est ainsi qu'il suivit les cours du docteur WITTAKER. Durant les vacances, il allait à Londres au contact de l'église réformée wallonne.
Il était installé depuis quatre ans en Angleterre lorsqu'il se résolut à rejoindre Leyde où son ami François du JON professait la théologie. Il accepta un poste de conrecteur, sorte de maître-adjoint, au collège de Leyde. Peu après, il fut admis, sur concours, à l'âge de vingt-quatre ans, professeur à l'Académie de Leyde (Il eut comme disciples plusieurs savants dont Hugo GROTIUS, avec lequel, plus tard, il engagea une polémique.). Il resta dans cette charge cinq ans et trois mois.
En 1595, il publia sa première œuvre, qui eut de nombreuses rééditions : La Logique françoise.
À Leyde, il prend pension chez Joseph Juste SCALIGER, où il rencontre des personnages distingués et de grand mérite et s'y fait de puissants amis. Durant son séjour à Leyde, il fréquente, Paul Trude CHOART, duc de Buzenval, alors ambassadeur de France à La Haye.
En 1599, il revient à Paris, où on lui confie le soin d'accompagner, avec la fonction de chapelain, la princesse Catherine de BOURBON en Lorraine. Chaque année d'abord, puis, à partir de 1603, tous les deux ans, il faisait le même voyage, qui durait trois mois. C'est au cours de ce voyage, en 1599, qu'il rencontra à Vitry-le-François, Marie COLIGNON (Marie COLIGNON était « fille de M. de CHALITTE, gentilhomme qualifié, et veuve du pasteur Samuel Le Pois, officiant à Badonvillers, colloque de Champagne ». Le Registre des Baptêmes Protestants de Badonviller (1567-1624), indique : « Samuel LE POIS : le 29 octobre 1595 sa fille Jeanne fut baptisée. Il mourut peu après ». L'enfant était-il encore vivant ?), « demoiselle de la Religion » ; il l'épouse à son retour en France.
Il s'installe ainsi, en 1599, à Grigny, comme pasteur, puis se déplace, vers 1603, dans la paroisse d'Ablon. Pierre Du MOULIN fut le premier pasteur du temple de Charenton-le-Pont.
En août 1605, il est député à l'assemblée politique générale de l’Église réformée qui se tient à Châtellerault.
Il passe ainsi une quinzaine d'années de controverses, contre les catholiques, mais aussi contre certains réformés. Il est appelé en 1615 en Angleterre pour y travailler à une réunion des églises protestantes, et préside le synode d'Alès en 1620.
Dans cette année 1620, la situation politique se gâte pour les réformés. Pierre Du MOULIN quitte alors la France pour Sedan où il arrive le 16 janvier 1621, pour quelque temps pensait-il ; il y resta 37 ans, jusqu'à sa mort.
Il sera l'une des personnalités les plus puissantes et les plus influentes de l'Académie de Sedan et le précepteur de Frédéric-Maurice de La TOUR d'AUVERGNE.
Vers 1638, il écrit Esclaircissement des controverses salmuriennes qui circulera neuf ans à l'état de manuscrit avant d'être imprimé ; il en permit la publication en 1647.
Il est l'auteur de plus de 75 ouvrages, en particulier : La philosophie françoise de Pierre Du Moulin : Elémens de la logique françoise, 1re éd. en 1596, de nombreuses rééd. dont : Rouen : Jacques Caillouë, 1627 ; Théophile ou de l’amour divin, La Rochelle, 1609 ; Apologie pour la saincte cène du Seigneur, contre la présence corporelle et transsubtantiation, La Rochelle, 2e éd., 1609 ; Bouclier de la foy ou Défense de la confession des Églises Réformées du Royaume de France. Contre les objections du Sr Jehan Arnoux Rionnois Jesuite - livre auquel sont décidées toutes les principales controverses entre les Églises réformées, & l’Église romaine, Genève, Pierre Aubert, 1619 ; Accroissement des Eaux de Siloé, pour esteindre le feu de Purgatoire, & noyer les Satisfactions humaines & les Indulgences Papales, Genève, Pierre Aubert, 1614 ; De monarchia temporali pontificis romani liber, quo imperatoris, regum et principum iura adversus usurpationes papae defenduntur, Londres, 1610 et Genève, Auberti, 1614 ; Copie d'une lettre de Monsieur de Moulin, Ministre en l’Église reformée à Paris, escripte à un sien Amy en Hollande, Schiedam, Adrien Corneille ; La Haye, Arnauld Meuris, 1617 ; Accomplissement des Prophéties, où est montré que les prophéties de S. Paul, & de l'Apolalypse, & de Daniel, touchant les combats de l'Église sont accomplies, Sedan, Abdias Buyzard, 1624 ; Véritable narré de la conférence entre les sieurs Pierre Du Moulin & Gontier ; secondé par Madame la baronne de Salignac, Genève, Pierre Aubert, 1625 ; Nouveauté du Papisme, Opposée à L'Antiquité du Vray Christianisme, contre le livre de Mr le Cardinal du Perron, Genève, Pierre Chouët, 1627 ; L'anti-barbare, ou du langage incogneu : tant ès prières des particuliers qu'au service public, Genève, Pierre Aubert, 1631 ; Anatomie de la messe, où est monstré par l'Escriture saincte & par les tesmoignages de l'Ancienne Église, que la Messe est contraire à la parole de Dieu, & éloignée du chemin du Salut, Genève, Pierre Chouët, 1636 ; Le Capucin. Traitté, auquel est descrite et examinee l'Origine des Capucins, leurs Vœux, Reigles, & Disciplines ; Trois sermons faits en présence des Pères Capucins qui les ont honorez de leur présence, Genève, Jacques Chouët, 1641 ; Elementa Logica ab autore recognita, Raphelengii, Ex Officina Plantiniana, 1553 ; Décades de Sermons par Pierre du Moulin, Sedan, François Chayer, 1656 ; Semaine de méditations et de prières ; avec une préparation pour la Sainte Cène, plusieurs éditions dont à La Haye, Abraham Troyel, 1695 ; Esclaircissement des controverses salmuriennes, ou défense de la doctrine des Églises réformées, Genève, Pierre Aubert, 1648 ; Saintes prières, plus divers traitez, Genève, I. Ant. & Samuel de Tournes, 1666 ; En outre, il laissa un manuscrit autobiographique. Ce manuscrit ne reçut une édition qu'au milieu du XIXe siècle dans le Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, Paris, 1858, p. 170-182, 333-344 & 465-477. Il existe aussi le compte rendu d'un débat avec un prédicateur italien Jean Gontery (ou Gontieri): Véritable narré de la conférence entre les Sieurs Du Moulin et Gontier, secondé par Madame la Baronne de Salignac, suivi de Response du Sieur du Moulin aux lettres du sieur Gontier, escrites au Roy sur le sujet de leur conférence, Genève, pour Pierre Aubert, 1625, 32 p.
(Source : Encyclopédie en ligne Wikipédia).
Pierre du MOULIN, professeur de théologie à Sedan, nous apprend dans son Autobiographie que Joacim du MOULIN son père fut appelé en 1570 å desservir l'église de Soissons, recueillie à Couvres chez Jean d'ESTRÉES déjà nommé.
« Le 24 août (1572), dit-il, avait lieu le massacre des fidèles par tout le royaume. Mon père était à Couvres et avait la fièvre quarte, et était sans argent. Ma mère et tous leurs enfants étaient malades. M. d'ESTRÉES changea de religion, et chassa mon père de Couvres au lieu de le secourir. En cette nécessité il cacha ses enfants en la maison d'une femme nommée RUFFINE de contraire religion, mais qui nous aimait.
« La maison de cette femme était hors du village de Couvres, éloignée d'un quart de lieue. Là vinrent les massacreurs qui avaient charge de nous tuer. Mais cette bonne femme nous jeta sur de la paille et nous couvrit d'un lit d'une couverture, tellement que nous ne fûmes pas découverts. Mon père et ma mère se sauvèrent à Muret qui appartenait au prince de CONDÉ, à quatre lieues du village de Couvres. Là ayant appris que M. de BOUILLON avait quitté la cour, passait près de là pour se retirer à Sedan, il vint le trouver à Brennes (Braisnes-sur-Vèle), et de là le suivit jusqu'à Sedan, menant avec moi ma mère et ma sœur Esther, et peu après nous fit venir tous à Sedan, où nous arrivâmes par une extrême froidure, le troisième jour de janvier 1573. Peu après notre arrivée, ma mère rompue de tant de courses et d'afflictions, mourut à Sedan le 13 février 1573. C'était une femme vertueuse et courageuse, et craignant Dieu, qui a souffert beaucoup de maux pour la Parole de Dieu... ».
« L'an 1576... se tint un synode à Mony (Moy ou Morgny P) où mon père fut donné pour pasteur à l'Eglise de Saint-Pierrelles (Saint-Pierre Aigle), proche de Couvres et de Soissons. Mon père, s'y transporta et y fit venir sa femme (il s'était remarié), laissant ses enfants à Sedan. Mais les troubles recommençant, mon père fut tôt après contraint de retourner à Sedan, où il arriva le 11 de janvier 1577... L'an 1578, incontinent après Pâques, mon père retourna en son église de Saint-Pierrelles accompagné de M. BUTLAMACHI, Italien... Il est demeuré paisible à Saint-Pierrelles jusqu'en l'année 1580, en laquelle M. le prince de CONDÉ se saisit de LAFÈRE, dont recommencèrent les troubles qui rechassèrent mon père à Sedan. Peu après, il retourna à Saint-Pierrelles, (Bulletin du prot., VII, 470.)
Pendant les troubles de la Ligue (1584), Joacim du MOULIN fut de nouveau contraint de se retirer à Sedan. Il fut nommé pasteur à Orléans en 1595, et déchargé du ministère à l'âge de 77 ans par le synode de Gergeau, tenu en 1615; il mourut à Saumur trois ans après (« Au commencement du mois de mars (1588), dit encore Pierre du Moulin, ma famille étant pressée d'une pauvreté extrême, et chargée de grand nombre d'enfants, mon père étant au lit et commençant à se relever d'une grande maladie, m'appela, et me dit : « Mon fils, je me vois à telle nécessité que je ne « puis plus te nourrir et entretenir. C'est pourquoi il faut que tu trouves moyen a de gagner ta vie. Quand Dieu m'aura remis en pleine santé, je fais état de « faire un voyage à Paris, où quelque argent m'est dû, lequel, si je puis recevoir, « je le rapporterai en cette ville pour subvenir à ma famille. Je te mènerai à « Paris; là, tu chercheras condition pour gagner ta vie. » Ces paroles me piqurent au vif, et sortis de la chambre, et me retirai en un lieu secret, où je priai Dieu avec beaucoup de larmes. Et revins à mon père, et lui dis : « Ne vous mettez « point en peine, car je tiens pour chose assurée que Dieu ne m'abandonnera »)
(Source : Bulletin - Société de l'histoire du protestantisme français, Volume 8, page 418).
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