Dans le but de rendre hommage à ma
grand-mère, je me suis permis de recopier ci-dessous un artilce paru
dans le Progrès, journal de l'Ain, écrit par Catherine Mellier.
Ain. 107 ans et un fabuleux destin pour la doyenne de l'Ain
Publié le 13/03/2013 à 23:59 sur leprogres.fr
Bellegarde-sur-Valserine. Elle est née le 28 mars
1906. Marcelle Gras se souvient de l’Armistice du 11 novembre 1918, d’Hitler,
de l’appel du Général de Gaulle… La doyenne du département a eu une vie bien
remplie.

Mercelle Gras, une doyenne en forme
Quand
on converse avec
Marcelle Gras, le temps devient élastique. L’histoire rentre dans
l’Histoire. À
moins que ça ne soit le contraire. Les anecdotes à fleur de mémoire, la
centenaire la plus âgée du département, à notre connaissance, n’était
pourtant
pas si bien partie… "Petite, on ne donnait pas cher de moi, je ne
pesais
presque rien quand je suis née. Je ne voulais ni le biberon ni le
sein". Alors
la petite Marcelle est mise à la campagne, élevée dans une ferme de la
Loire
où, durant les premières années de sa vie, sa seule amie sera… une
chèvre. "Elle s’appelait Bibine. Et par mimétisme, je faisais tout
comme elle", se
souvient-elle.
Puis son fabuleux destin
s’amorce lorsqu’elle devient "infirmière Z". Durant la guerre de 39-45, elle
est donc infirmière bénévole près de Saint-Etienne. Cette petite-fille d’une
présidente de la Croix-Rouge se devait d’être au moins ça. En temps de guerre,
elle soigne, elle panse les plaies et les bleus à l’âme.
Elle a arpenté l’Algérie
à dos de cheval.
Puis, dès le début des
années cinquante, elle et son mari, un magistrat, mettent le cap sur Tizi
Ouzou, en Grande Kabylie, avant de revenir un peu plus tard à Alger. "Mon mari
allait rendre la justice dans les villages à dos de cheval. Je l’accompagnais
pendant plusieurs jours".
"J’ai bien des défauts
mais j’ai au moins de l’ordre pour les choses", reconnaît Marcelle Gras. Tête
brûlée, elle n’hésite pas, par exemple, à fabriquer elle-même des papiers de
nationalité française pendant la guerre d’Algérie pour "sauver les vies" de
quelques autochtones. "Alors que je n’étais rien, officiellement",
rappelle-t-elle.
Algérienne de cœur
"De
cœur, je me sens
moitié Algérienne, moitié Française". En 1992, après la dissolution du
Front
islamique du salut (FIS), vainqueur du premier tour des législatives,
le GIA
(Groupe islamique armé) se lance dans la lutte armée. C’est le début de
la "décennie sanglante". Marcelle Gras vit alors dans le centre-ville
d’Alger. Sa
famille doit user d’un stratagème pour arriver à la faire revenir en
France.
Elle effectue le voyage pour assister à un mariage, et ne retournera
jamais
dans son pays d’adoption. "J’y avais des souvenirs, des amis, ma vie".
Signé : Catherine Mellier