Le Calvados


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le Calvados

Caractéristiques

Le Calvados était un navire trois-mâts à coque en bois. Sa capacité était de 400 passagers et 352 chevaux, répartis entre le Spardeck (92), le faux-pont (174), et la cale (96). Les chevaux étaient "logés" dans deux des faux-ponts, et disposaient chacun de 60cm de largeur d'espace vital.
Ce bateau fut construit par les chantiers navals de Lorient, où il fut mis sur cale le 26 avril 1856, avant d'être lancé le 14 août 1858. Il fut en service du 23 avril 1859 jusqu'à ce qu'il soit rayé des listes le 5 juin 1886.
Ses dimensions étaient de 79,40 x 12,92 (14,92 hors bouteilles) x 4,72 mètres. Il jaugeait 2750 tonneaux et pouvait filer à une vitesse de 9,8 nœuds, propulsé par une machine de 804 à 1074 chevaux qui nécessitait 250 tonnes de charbon. La voilure était de 1919 à 1985m². Son équipage était composé de 7 officiers et 258 hommes d'équipage. Le navire était armé de 4 canons de 12cm, d'1 canon de 4 de montagne pour les embarcations.

Historique

Le Calvados quitte Lorient le 25 avril 1859, affecté à des missions de transports en Méditerranée. Il appareille de Toulon le 9 décembre 1859, avec 775 passagers, à destination de Singapour. On le retrouve ensuite en escale au Cap, le 1er mars 1860, puis en escale à Singapour du 16 au 22 avril 1860, avant de prendre la route de la Chine.
Le navire, alors sous les ordres du capitaine de frégate Riche, est au mouillage de Chusan le 27 décembre 1860, puisqu'il est enregistré le décès la veille à 18h00, de Pierre Marie Busson, originaire de Credin, dans le Morbihan, inscrit sur le rôle d'équipage sous le numéro 53639, en qualité de matelot de 3ème classe. Selon cet acte de décès, la Calvados est encore au mouillage en Chine, le 3 janvier 1861. Le 31 décembre 1860 est enregistré, entre Taïwan et Hong-Kong, un nouveau décès (page 1, page 2). Celui de Louis François Franque, né et demeurant à Ardres (62) avant son embarquement, enregistré sur le rôle d'équipage sous le n° 7343, en qualité de sapeur à la 21ème compagnie du 3ème régiment d'Infanterie de Marine.
Le 10 novembre 1862, le navire quitte Aden, puis on le retrouve à Saint-Denis à la Réunion le 11 décembre 1862, avant son retour sur la métropole, à Cherbourg, le 12 mars 1863, date à laquelle il est désarmé.
Le Calvados est réarmé en 1866 et part pour le Mexique. Il appareille de Lorient le 5 janvier 1867, à destination de Veracruz, sous les ordres du capitaine de frégate SERVAL). Le 26 février 1867 il arrive au Mexique pour une mission d'évacuation de troupes. Il appareille le 26 février 1867 à destination de la France, embarquant 860 hommes (1 officier supérieur, 30 officiers subalternes et 829 hommes de troupe) et 12 chevaux. Il arrive à Cherbourg le 1er juillet 1867 et il est à nouveau désarmé.
Il est affecté au service des pénitenciers à Cherbourg et sert de prison-ponton du 29 mai au 13 juillet 1871, et sera remplacé par le Rhône, pour assurer le transport des déportés. Ses installations sont modifiées pour le transformer en transport à hélice 2ème catégorie.
En mars 1873, embarquent sur le Calvados les enseignes de vaisseau Jan, Languet, Archimbaud, l'aide-commissaire Griffon, et le premier commis aux vivre Janvret est dirigé sur Cherbourg pour y embarquer sur le navire. Une décision du 21 mars désigne le capitaine de frégate Vial comme commandant du transport à hélice le Calvados à Cherbourg, alors que le navire est en armement pour la Nouvelle-Calédonie. Il doit se rendre à Brest pour y embarquer un convoi de déportés à destination de l'île des Pins. Début avril, c'est au tour du lieutenant de vaisseau de Marguerye d'embarquer, au choix du commandant. Embarquent également les enseignes de vaisseau Baëhme, Le Guen et Richard-Foy, et l'enseigne de vaisseau Jan permute avec l'enseigne de vaisseau Gouin, du Suffren. Le 9 avril, le navire est toujours en armement à Cherbourg, en prévision d'un voyage en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti avec retour prévu à Brest. Le 12 avril, il est attendu à Brest, pour faire route vers le 1er mai, après avoir embarqué 370 déportés à Brest et 210 à l'île d'Aix. Le 14 avril le Calvados quitte Cherbourg en direction de Brest, où il est au mouillage sur rade le 15. Le 30 avril, on annonce à Rochefort que le navire est attendu de Brest pour la mi-mai.
Le 10 mai 1873, il quitte Brest pour l'île d'Aix, avant de prendre la direction de Nouméa et Tahiti. Il est de retour à Brest le 25 mars 1874.
Début avril 1874, il doit être désarmé, puis placé en réserve de 2ème catégorie, et doit être mis en carénage. Mais le 15 avril, il est maintenu en armement définitif dans le port et placé en réserve de 1ère catégorie. Le 10 mai, il est placé en réserve de 2ème catégorie. En juillet, on annonce son prochain passage de la réserve à l'armement définitif le 20 juillet, en vue d'effectuer le voyage régulier en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti, avec départ prévu le 1er septembre de Brest et quelques jours après de la rade de l'île d'Aix. Une décision du 4 juillet nomme le capitaine de frégate A. O. B. Henès commandant du Calvados. Le 20 juillet embarquent le lieutenant de vaisseau Carpentin, les enseignes de vaisseau Boyer, Bauguel, Ferrus, Salaun-Kertanguy, et le médecin de 1ère classe Olméta. Fin juillet c'est l'aide-commissaire Chambert qui embarque, et le 1er août l'enseigne de vaisseau Ferrus permute avec son collègue G. Carré, du Champlain. Le 12 août, on annonce que le Calvados recevra à Brest un convoi de 70 déportés arabes, et à l'île d'Aix, un détachement de 25 à 30 disciplinaires coloniaux, ces derniers étant destinés au Sénégal. Le 1er septembre, le navire quitte Brest pour l'île d'Aix, d'où il appareille le 5 septembre à 6h35 en direction de Dakar, avant la Nouvelle-Calédonie et Tahiti. Un article donne la composition de son état-major.
Par décision du 31 décembre 1874, une médaille est attribuée au quartier-maître de manœuvre du quartier de Quimper F. M. Bigourdin, pour avoir dans les premiers jours de septembre 1874, sauvé un matelot du transport le Calvados, tombé à la mer en rade de l'île d'Aix.
En décembre 1875, la mise en réserve prochaine du navire est annoncée. Par la suite, pendant plusieurs années, on ne trouve aucune mention du navire dans les Tablettes des Deux Charentes.
Fin janvier 1879, le désarmement du Calvados est annoncé, mais aussi, ce qui est contradictoire, son prochain départ du 12 au 15 février pour la Nouvelle-Calédonie, pour ne pas faire attendre les graciés de la Commune. Le commandant du navire est le capitaine de frégate Gaude, de Lorient, et le navire est en armement depuis le 27 janvier, en vue d'aller chercher en Nouvelle-Calédonie les communards graciés. Les enseignes de vaisseau de Rulhière, Maudet, de Marolles et Noël, ainsi que l'aide-commissaire Adelus, le médecin de 1ère classe Brindejonc de Trégiodé et le médecin de 2ème classe Oizan, embarquent à bord du navire. Embarque également, au choix, l'enseigne de vaisseau Simon. Le Calvados appareille de Brest le 23 février 1879, et sera de retour en octobre 1879. Le 7 novembre, il est placé en réserve de 2ème catégorie. Fin décembre il doit être désarmé et remis aux Directions, ce qui est fait le 28 janvier 1880.
En septembre 1880, le Calvados est affecté au service de l'Atlantique
et est aménagé pour le service des colonies de l'Atlantique, pour effectuer des voyages à la Guyane et aux Antilles du 15 septembre 1881 au 1er avril 1882. Il est prévu également qu'il fasse le voyage du 1er août 1882 et celui de la Guyane et des Antilles du 15 décembre 1882.
En juin 1881, le navire est prévu être armé à Toulon pour un voyage aux Antilles le 15 septembre. Une décision présidentielle du 17 juillet, parue au Journal Officiel du 20 juillet 1881, nomme le capitaine de frégate Gailhard au commandement du transport à vapeur le Calvados à Toulon. Une autre décision présidentielle du 22 juillet nomme le capitaine de frégate Charpy au commandement du navire. Le 17 septembre est annoncé son désarmement à son retour des Antilles.
Le 15 septembre 1881 le Calvados appareille de Toulon, et franchit le détroit de Gibtaltar le 20 en direction des Antilles. Parti le 15 novembre 1881 de la Guadeloupe, il mouille dans la nuit du 17 au 18 décembre en rade de Toulon. Il ramène comme passagers, 1 officier supérieur, 9 officiers subalternes, 612 militaires, 16 marins, 32 annamites et sénégalais, 43 civils, 40 malades, 1 femme d'officier et 13 prisonniers. Il est ensuite désarmé et placé en réserve de 1ère catégorie.
Le 2 avril 1882 quitte Toulon avec 456 passagers à bord, pour un voyage aux Antilles. Il est de retour à Toulon le 2 juillet, ramenant 325 passagers civils et militaires et est désarmé. Le lieutenant de vaisseau Ventre débarque et l'enseigne de vaisseau Ricquer embarque. Le 1er août, il quitte de nouveau Toulon, mais cette fois pour le Sénégal, emportant certains passagers. De retour le 25 septembre, il reste armé, avec effectif réduit, en prévision du voyage à la Guyane et aux Antilles du 15 décembre. Son commandant, le capitaine de frégate Hanet-Clery débarque. Le 5 octobre il passe à l'état d'armement avec effectif réduit, et le médecin de 2ème classe Borel embarque, provenant de l'Aveyron. Mi-octobre, c'est au tour du médecin de 1ère classe Pascalis, qui passe du Vengeur au Calvados, et l'enseigne de vaisseau Lannoy embarque aussi, mais il permute quelques jours après avec l'enseigne de vaisseau Meunie r, du Trident. Puis c'est l'aide-médecin Moussoir qui embarque. Le navire quitte Toulon le 15 décembre à 11h38. Il quitte Basse-Terre à la Guadeloupe le 2 février 1883 pour Toulon. Il passe le détroit de Gibraltar le 9 mars, puis fait relâche à Tarifa, en Espagne, pour y faire du charbon. De retour à Toulon, l'enseigne de vaisseau Monvert débarque du navire.
Le Calvados est prévu faire un voyage au Sénégal, le 1er mai 1883, avec relâche à Mers-el-Kébir, en Algérie, pour y prendre du matériel et des chevaux. Mais le 28 mars, un article annonce que c'est la Garonne qui effectuera ce voyage, avec l'état-major du Calvados, qui passe en réserve de 2ème catégorie. Début avril débarquent le médecin de 1ère classe Pascalis, le médecin de 2ème classe Pethellaz, et l'aide-médecin Moussoir. Puis ce sont les lieutenants de vaisseau Vuillaume, Meunier, et enseignes de vaisseau Duvauroux, Carré, et Darrieus. Le capitaine de frégate Duhil de Benazé débarque également, pour prendre le commandement de la Garonne avec comme second le lieutenant de vaisseau Vuillaume. Le 15 juin, le navire est placé en 3ème catégorie de réserve. Début août, le port de Toulon a reçu l'ordre de désarmer le Calvados et le remettre aux Directions. Il est désarmé le 9 août 1883.
Enfin le 5 juin 1886 le Calvados est rayé des listes de la Flotte, puis détruit en 1887. 

6ème convoi de déportés 



Le Calvados se trouve au mouillage à Brest début mai 1873. Le 8, il embarque 382 déportés en provenance du fort de Quélern. Il lève l'ancre le 10 en direction de l'île d'Aix, où il arrive en rade des Trousses le 12. La commission médicale part le même jour pour visiter les prisonniers embarqués à Brest et ceux du château d'Oléron et de Saint-Martin-de-Ré qui doivent embarquer. Le navire est placé sous le commandement du capitaine de frégate Vial secondé par le lieutenant de vaisseau de Margery (oue de Marguerye). L'état-major se compose d'n capitaine de frégate, d'un lieutenant de vaisseau, de trois enseignes de vaisseau, un aide commissaire, un médecin de 2ème classe et un aide-médecin. L'équipage se compose de 15 officiers mariniers, 13 quartiers-maîtres et 97 matelots. A cette liste il faut rajouter un aumônier affecté au service du navire
, ce qui donne un effectif total de 134 officiers et marins. Quatorze passagers prennent place à bord et sont nourris à la table de l'état-major, et trois passagers sont classés comme émigrants. Outre ces passagers cités, le navire embarque une troupe constituée de 4 gendarmes, un adjudant et 17 militaires, auxquels s'ajoutent 18 surveillants et leur famille rejoignant leur poste en Nouvelle-Calédonie. Les femmes de surveillants sont au nombre de 8 et, selon une rumeur, ce que confirme apparemment leur "présentation", elles seraient issues d'une maison close de Brest. Elles auraient été épousées en toute hâte, pour se conformer à la publication d'une circulaire ministérielle précisant que les gardiens en partance pour la Nouvelle-Calédonie devaient être mariés. Tout ceci nous donne un total de 226 membres d'équipages et 123 passagers.
Le "chargement" de déportés est composé de 99 condamnés en provenance du château d'Oléron dont 18, reconnus aptes par la commission médicale sont débarqués par les médecins de la Marine. Sur le contingent de Saint-Martin-de-Ré, 98 sont acceptés. L'ensemble de ce convoi se compose finalement de 560 déportés, un chanceux ayant échappé au départ. En effet, par télégramme expédié le 17 mai, le ministère de la Guerre ordre est donné au préfet de Charente-Inférieure de débarquer du Calvados le nommé Charles Etienne Petit-Huguenin, embarqué à Brest, dont la peine était commuée en détention. Ce dernier, au lieu de partir pour la Nouvelle-Calédonie sera donc incarcéré à Saint-Martin-de-Ré, en attente de son transfert sur Belle-Île-en-Mer.
Parmi les prisonniers de ce convoi, il y a Joannès Caton, condamné à la suite de l'insurrection de Saint-Etienne (42), qui a laissé de son périple des notes et souvenirs (Journal d'un déporté à l'île des Pins, par Joannès Caton, Editions France-Empire, Paris 1986), qui ont permis de retracer l'itinéraire du navire et d'en suivre les principaux événements. Parmi les déportés, il y a aussi Léonce Rousset, né le 30 juillet 1843 à Bletterans, dans le Jura. Soi-disant "banquier", mais en réalité ancien courtier en librairie, vivant d'expédients, il fut condamné trois fois pour vol avant 1870 puis, en octobre 1870, à 6 mois de prison pour abus de confiance. Il fut condamné le 15 avril 1872 par le 3ème Conseil de Guerre à la déportation simple. Amnistié en 1880, il fut rapatrié par la Loire. A l'île des Pins, il fut le premier directeur du journal Album de l'île des Pins, dont le premier numéro parut le 6 juillet 1878. Le dernier numéro, le 45, parut 14 mai 1879. Dans le premier numéro, dont Léonce fut le rédacteur, et Ed Massard l'illustrateur, il raconte notamment la vie à bord du Calvados pendant la traversée (voir plus bas).
Le 17 mai à deux heures du matin, les prisonniers sont réveillés à grands coups frappés sur la porte de la casemate où il ont passé la nuit, et ils empruntent le chemin qui va de la citadelle au port du château, sous le regard triste de quelques habitants, qui les regardent s'embarquer à bord des chaloupes qui doivent les emmener à bord de la Comète, aviso qui les attend à 200 mètres au large. Certains déportés entonnent Les Marins de la République et à 6 heures, les condamnés montent à bord de l'aviso. A huit heures débute l'embarquement à bord du Calvados.
Sur tous les navires transportant les déportés, les cages sont sensiblement les mêmes, bien que sur certains navires on puisse en modifier la capacité par déplacement des grilles. Celles du Calvados sont de 30 mètres de long sur 3 de large, et 2'20 de haut. La batterie dans laquelle se trouve Joannès Caton comporte 171 déportés. Le "plat" où il se trouve est pratiquement resté le même depuis le départ du château. Sauf cas de force majeure, la ration sera composée de viande fraîche deux fois par semaine, les mercredi et dimanche, sardines ou fromage les vendredis, lard salé les autres jours. Tous les soirs, bouillon aux haricots, aux pois, ou aux fèves, bouillon au lard ou à la viande fraîche tous les matins, sauf le vendredi, biscuits et 1/8 de pain tous les jours. En ce qui concerne les boissons, café tous les matins à 6 heures, un quart de vin le midi et une boisson sucrée ou citronnée le reste de la journée. Rappelons que le plat est en principe de 10 prisonniers, dont le chef de plat effectue la découpe des morceaux de viande afin d'éviter les disputes et jalousies. Il désigne ensuite un déporté pour "regarder ailleurs" et désigner le destinataire de chaque morceau. Toujours d'après Joannès Caton, les lettres sont distribuées closes, et les hamacs sont mis en place à 18h00 et repliés après le "branle-bas" à 6h00.
Le 18 mai 1873, à 16H30, le grand voyage commence, annoncé aux prisonniers par un léger balancement du navire et la fermeture des hublots. Le lendemain le bateau se trouve en plein golfe de Gascogne et il navigue à la voile après que la machine ait été stoppée. Dans chaque cage sont disposées d'énormes bailles (sorte de baquet de bois plus large du fond que du haut, qui servait à des usages divers dans la marine à voile) qui vont se révéler très utiles aux prisonniers souffrant du mal de mer. Le lendemain 20 mai, le mal de mer ne touche plus personne, et le navire vogue à la vapeur. Le 21 mai, Joannès Caton se livre à un petit calcul d'où il ressort que, compte tenu du fait qu'il y a selon lui plus de 800 personnes à bord (en réalité 759 au total), et qu'à raison de 4 kilos de déchets et matières diverses par individu, plus de 3 tonnes de déchets divers sont rejetés en mer, soit par les sabords, soit par la cheminée. Du 22 au 29, notre stéphanois signale que le commandant s'est promené sur le pont, tout comme les officiers de l'artillerie et de l'infanterie de Marine qui sont en route pour prendre leur poste en Nouvelle-Calédonie ou Tahiti, et qui voyagent avec leur famille.
La différence est tellement énorme entre l'air respiré dans les batteries et celui du pont que la simple pensée qu'il va falloir réintégrer les cages après la promenade rend malade certains déportés. Il faut aussi compter avec les discussions politiques qui éclatent parmi eux, et dont certaines provoquent parfois des incidents, ce qui n'est pas étonnant compte tenu des conditions de voyage pour les prisonniers. Et vu que le navire ne file que 6 nœuds, le voyage risque d'être long ! Certains s'imaginent même que le Calvados va rebrousser chemin une fois arrivé à Dakar. Mais le temps ne change pas, la mer est "d'huile" et l'ont peut voir des marsouins qui suivent le navire. Un déporté cependant bénéficie d'un certain traitement de faveur. En effet un dénommé Vigeant, certainement un nom d'emprunt, donne de cours d'escrime aux officiers, ce qui lui permet de bénéficier plus longtemps que les autres de l'air du pont. Il est toutefois ramené dans sa cage une fois les leçons terminées. Il commence à faire réellement chaud et le ciel est vide de nuages. On aperçoit par tribord avant une montagne élevée, d'une étendue de 7 à 8 kilomètres, et où l'on distingue des plantations de vignes et de palmiers, ce qui doit être une des îles Canaries avec le pic de Ténériffe. En fin de journée du 29 mai, le vent étant tombé, c'est le calme plat, et le 30 la ration est composée d'une sardine en tout et pur tout, ce qui provoquent des cris et des quolibets à l'adresse du commandant.
Le 1er juin, et bien qu'elle soit encore loin, les déportés pensent que la ligne de l'équateur a été passée, car ils ont entendu les marins chanter et rire pendant la nuit, et des femmes ont été aspergées. Le 4 juin la mer est houleuse avec un fort vent de nord-est, et le Calvados, penchant sur tribord, file comme une flèche, mais dans la journée le vent mollit. Dans les cabines des officiers qui se trouvent près des cages les prisonniers voient des scènes insolites : Ils voient ainsi souvent la femme du docteur X flirtant avec les jeunes officiers, ce qui laisse Joannès Caton rêveur. Le 6 juin le Sénégal est en vue et, à 11 heures, le navire mouille près de l'île de Gorée, devant Dakar. Pour notre stéphanois, tout paraît brûlé par le soleil. des pirogues tournent autour du Calvados, leurs occupants quémandant quelques sous ou biscuits. Le pont est lavé à grande eau et, bien qu'ils en souffrent, les déportés reconnaissent que c'est une mesure d'hygiène, et on patauge dans l'eau pendant toute l'opération. On embarque des bœufs et du charbon. Des achats sont autorisés, sauf pour les fruits qui sont frappés d'interdits. Les batteries sont pleines de charbon et de poussière.
Le 8 juin, à toute vapeur, le Calvados quitte Dakar, provoquant une chaleur étouffante dans les batteries. Heureusement que la mer est calme, ce qui permet l'ouverture des sabords. La batterie basse est située à cinquante centimètres à peine au-dessus du niveau de l'eau. Le lendemain le vent est fort, et le navire file vite. On peut voir des poissons-volant. Le déporté Budaille est mis aux fers pour avoir protesté à propos de la nourriture. Un nommé Joseph Artaud vient de décéder, et son corps est jeté à la mer. Il avait été admis à l'infirmerie dès son arrivée à bord, bien que la commission médicale l'avait classé "apte". Cet homme était né le 27 novembre 1830 à Paris, où il demeurait. C'était un ancien sous-officier, marié, père d'un enfant, qui travaillait comme employé de commerce et qui, engagé volontaire en 1870, avait été condamné à la déportation simple suite à l'insurrection.
La vermine commence à faire son apparition, et il devient difficile de tenir le linge propre. Certains font leur vaisselle avec plus ou moins de soin. Le navire embarque de l'eau par les sabords. Les discussions politiques continuent, les bourgeois s'opposant aux ouvriers. Les matelots, pour s'assurer qu'aucune tentative d'évasion n'est en cours, donnent de violents coups de marteau sur les barreaux des cages. Des déportés chantent dans la batterie avant. Côté nourriture, le bœuf sénégalais ne paraît pas fameux, et il y a beaucoup de "rabiot" dans les plats. Comme chaque matin à 8 heures, les surveillants demandent qui veut passer la visite, et une trentaine de déportés attendent pratiquement sans surveillance. Cette situation donne des idées de soulèvement pour s'emparer du navire, mais les bavardages éventent vite ce projet. Le 15 juin, au cours de la promenade, on entend l'enseigne de vaisseau Ténard pousser des cris et appeler les surveillants. Un déporté est en effet est en train de se pendre dans la "poulaine" (les toilettes). Après avoir examiné le déporté, le major, constatant un dérèglement mental, autorise celui-ci à circuler sur le point comme les convalescents. L'infirmerie est maintenant sur ses gardes et n'accepte plus que 15 consultants à la fois. Le 18 juin, notre stéphanois Caton, faisant preuve d'astuce, se fait passer pour le "dépendu" et pense profiter de sa liberté relative pour s'évader.
Le 4 juillet, à hauteur du tropique du Capricorne, les alizés soufflent très au nord. Depuis 4 jours c'est le calme plat et le navire peine à avancer. L'équipage du navire en profite pour pêcher le requin et se baigner, protégé par des filets. A partir du 5 juillet, le navire n'avance plus qu'en louvoyant et la vitesse ne dépasse pas 4 nœuds. Le roulis est cependant effrayant, ce qui occasionne des nuits blanches. Couchés à 8 de front, les déportés s'écrasent les uns contre les autres. Il y a 30 jours que l'on a quitté le Sénégal et on est encore loin de Santa-Catarina. Le 10 juillet, on voit des cachalots qui suivent le navire et, depuis la veille, le vent souffle en tempête. Toutes les voiles sont carguées, mais on file tout de même 7 nœuds. Un hunier et une goélette sont cependant hissés afin de ne pas être entraîné vers la côte. Le 14 juillet à 2h30, on mouille l'ancre devant Santa-Catarina, mais le temps sombre empêche de voir les côtes brésiliennes. On distingue cependant un petit fort à travers la brume. Le Var, qui a fait escale quelques jours avant a connu trois évasions. Des mesures de sécurité sont donc prises et la nuit, les chaloupes tournent autour du navire pour dissuader déportés de s'évader, et parer à toute tentative. La journée, des bœufs sont embarqués et des marchands d'oranges s'approchent du bord. Le commandant fait une surprise aux prisonniers, "échangeant" les économies faites sur les biscuits contre un bateau complet du fruit, soit 1700 oranges !
Le 28 juillet, après 14 jours d'escale, le Calvados lève l'ancre, quittant Santa-Catarina à petite vitesse, à la vapeur, en suivant les indications de la sonde. Le soleil est magnifique et, à 16heures, on ne voit plus les côtes du Brésil. Le 30 juillet, un matelot est décédé et son corps est jeté à la mer, lesté d'un boulet. Le 31 juillet, le navire vogue rapidement. On commence à voir des frégates et des albatros. Le 2 août, le froid commence à se faire sentir et la vitesse diminue. Le 9 août un banc de glace est en vue. Le vent devient violent et la neige se mêle à la pluie. Des bœufs ont les pattes cassées et d'autres crèvent. Il faut les jeter par-dessus bord. Le commandant ordonne une distribution de tafia mélangé au thé. Le 21 août la tempête sévissant depuis plusieurs jours semble se calmer. Le 23 août le mauvais temps est de retour, avec un ciel noir. On tire des fusées et on actionne la cloche de brume au son lugubre, tous les quarts d'heure. La distribution de tafia, interrompue depuis deux jours est reprise sur ordre du médecin, et il ne reste plus qu'un seul bœuf, les autres étant mort d'épuisement.
Le 1er septembre, alors que la tempête a repris depuis quelques jours, le Calvados se trouve à environ 800 milles marins au nord-est des îles Kerguelen, dans les mers australes, et il gèle sur le pont. Le roulis et le verglas empêchent tout déplacement et des vagues de quarante mètres (selon Joannès Caton), plus hautes que les mats déferlent sur le pont. Les déportés, malmenés depuis un mois sont à bout de forces. La nourriture est devenue immangeable et la plupart restent prostrés dans leur coin. Ceux qui essayent d'installer leur hamac sont menacés du cachot. Le 13 septembre, le Calvados navigue entre les 40ème et 50ème parallèles, très au sud de l'Australie, ayant déjà parcouru 2600 milles marins en plus de 50 jours. Le gros persistant depuis le 8 est remplacé par un calme plat. Le 18 septembre, le cap est mis sur Nouméa. Les vergues d'artimon, de cacatois et de perroquet ont été brisées. Le soir, la terre de Van Diémen en Tasmanie, est en vue. Le 24 septembre, le Calvados croise la Loire qui revient de Nouvelle-Calédonie, et dans la nuit, à 4h00, une étoile est confondue avec un phare.
Le 27 septembre 1873, alors que le navire vogue vent debout, à 13h00, une vigie signale la terre. A 19h00 le Calvados mouille entre Nouméa et l'île Nou. Le 28 à 12h00, il quitte son mouillage pour s'ancrer en rade. Le grand voyage est maintenant terminé, après 132 jours de mer, pendant lequel 800 lettres de déportés ont été expédiées.
Le Calvados quitte Nouméa le 24 octobre 1873. Le retour vers la France se fera par Tahiti, où le navire fera escale du 21 novembre au 13 décembre, et le 20ème parallèle, avant de prendre la route du cap Horn, avec escale à Sainte-Hélène du 7 au 10 février 1874. Le 18 février, le calvados est annoncé attendu de jour en jour à Brest. Le 18 mars il est annoncé pour le 20 du mois, et il arrivera le 23 mars 1874, ramenant 173 passagers.
Lors du voyage entre Nouméa et Tahiti, il semble que deux évadés se soient glissés à bord et ne furent arrêtés qu'à Tahiti, que parce qu'ils avaient commis des vols à bord du navire, et une tentative de vol à terre. Ce fait est évoqué dans un article du Figaro du 16 avril 1874, puis repris dans les Tablettes des Deux Charentes des 18 avril et 6 mai 1874.
Le rapport du médecin-major Méry, sur la circumnavigation du Calvados, signale 3 décès sur la campagne, dont 1 déporté.



De France en Océanie - La vie à bord, par Léonce Rousset :
Page 8
        Vivrais-je cent ans, ce qui par parenthèse est fort douteux, que je n’oublierais de ma vie le moindre des rares incidents qui ont marqué l’effroyable traversée au bout de laquelle nous arrivâmes à l’Ile des Pins, le 5 octobre 1873.

Partis de France, du fort de Quélern, le 10 mai de la même année à bord du transport mixte à hélice Calvados, nous touchons le 11 à l’île d’Aix pour y compléter notre chargement. Nous avons devant nous les forts Boyard et Ennette, de triste mémoire pour beaucoup d’entre nous. – Le 18, entassés, empilés, tant bien que mal dans nos cages, nous quittons définitivement notre ingrate patrie.
         Notre installation à bord est tout simplement un chef d’œuvre d’économie. De chaque côté des murailles du bâtiment on a disposé une double rangée de cages qui doivent nous servir d’habitation pendant plus de cinq mois. Notre dessin donne une idée fort exacte de ces cages. Celle qui me recèle, moi centième, mesure 23m de long sur 3m50 de large et 1m50 de haut ; comme confort elle est garnie de bancs qui doivent nous servir à la fois de tables, se sièges et de lits. Deux épaisses portes à verroux en permettent l’accès à la surveillance. Quant aux curieux ils se contentent de venir nous contempler à travers nos grilles, paraissant forts satisfaits de voir régner cet obstacle entre eux et nous.
            Notre régime alimentaire ne le cède en rien comme qualité et surtout comme quantité à celui des derniers jours du siège de Paris. D’ailleurs, comme je raconte seulement et que je ne critique pas, voici exactement notre ordinaire : Le matin après le branle-bas 0.l30c d’un breuvage improprement qualifié café, un biscuit ; à midi 200 g. viande fraîche, ou 100 g de lard, ou 100g. de conserve, ou bien encore 50g. de fromage, à moins que ce ne soit 2 sardines pour trois, 0.l23c de vin généralement bon et 0.250 g. de pain ; à 4 heures soupe, pois, haricots ou gourganes, un biscuit. Un grand réservoir, baptisé Charniez, est à l’extrémité de la cage, il est muni de 6 petits syphons assez semblables aux biberons d’enfants et qu’il nous est loisible de têter à peu près à discrétion lorsque nous avons soif. – Quant au coucher, les sybarites amateurs de gymnastique perchent dans de moelleux hamacs, ce qui leur permet d’étouffer sans contraintes, les autres dorment sur les bancs ; quelques favorisés enfin ont obtenu la permission, car il faut une autorisation pour cela, d’étendre leur literie sur le plancher de la batterie et d’y coucher.
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            Dans le cours de notre voyage je reviendrai sans doute sur les avantages de cette confortable installation, dont une plus minutieuse description serait fastidieuse en ce moment. 
            Après avoir traversé le golfe de Gascogne, par un temps qui a dû laisser un bien pénible souvenir aux estomacs délicats, nous laissons, à babord et hors de vue, les côtes d’Espagne et de Portugal et le 29 Mai nous passons devant le Pic de Ténériffe et l’île de Fer. Cette île située par 27° 31’ Lat. nord et 20° 11’ Long. Occid.e est d’un aspect fort riant. Particulièrement le jour de notre passage, un éblouissant soleil frappant sur les maisons blanches de la petite ville sise à mi-côte d’une colline, contribue à charmer nos regards et à donner le change aux tristes pensées qui nous assiègent.
            Le 5 Juin, la Vigie annonce la terre en vue et à 11 heures 35’ du matin nous mouillons sur rade de Dakar (Sénégal), en face de l’île de Gorée. Notre bâtiment à peine admis à la libre pratique est aussitôt entouré d’un grand nombre de petites barques chargées de poisson et très habilement dirigées par quelques superbes échantillons de la postérité de Cham. Hélas ! les malheureux ignorant sans doute qu’il est interdit de nous approcher en sont pour leur frais. Comme compensation, les passagers leur jettent quelques menues pièces de monnaie qu’ils saisissent en plongeant avec une surprenante agilité.
            Dakar est le chef-lieu des établissements français sur cette partie de la côte. Sa population est d’une centaine d’Européens et de 2000 Nègres. Quelques maisons construites à l’Européenne sont disséminées sur la plage devant les cases des indigènes. En face, l’antique ville de Gorée, la reine de ces parages au temps où florissait la traite des nègres, paraît être aujourd’hui une ville morte. De notre bord, nous la voyons telle que notre dessin la représente.
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           Le court séjour que nous avons fait sur la rade de Dakar m’a bien fait senti combien ce climat est malsain pour les pauvres soldats qu’on y envoie tenir garnison. Autant nous bénissons les chauds rayons du soleil dans nos pays d’Europe, autant ils doivent être maudits ici. L’eau douce est plus rare que le vin en Espagne, la végétation est nulle, la pluie est presque inconnue, et cette contrée ne produit guère, m’a-t-on dit, qu’une assez jolie variété de fièvres. Nous la quittons san le moindre regret le 9 Juin 1873, faisant voile vers la côte du Brésil, où nous devons faire escale une deuxième et dernière fois. Le fameux pôt-au-noir nous gratifie d’une pluie torrentielle, le ciel est sombre, la mer noirâtre, et l’horizon le spectacle d’un arc de cercle d’ébène ; cette région mérite assurément son nom à tous égards. Pour en sortir, il nous faut le secours de la machine, et nous plaignons les malheureux voiliers que nous apercevons au loin, et qui n’ayant pas cette ressource sont peut-être là depuis plusieurs semaines, attendant qu’une légère brise les en tire. Le thermomètre marque 41°. Enfin le 18 Juin, entre 6 et 8 heures du matin, nous franchissons l’Equateur, sans que ce passage soit signalé à bord par les cérémonies auquel il donne généralement lieu. On tient à ce que nous n’oublions pas un instant notre position de condamnés.
          Le 14 Juillet, nous mouillons sur rade de S.te Catherine (Brésil). Il était temps, le scorbut commençait à exercer ses ravages parmi nous. Les délicieuses oranges que les habitants du pays ne tardent pas à venir nous offrir au prix de 1f le cent, sont dévorées avec une avidité que comprendront tous les marins au régime du lard et des gourganes depuis deux mois.
           La petite ville de S.te Catherine est assez éloignée de la côte pour que nous ne puissions rien en voir ; mais le paysage qui nous entoure nous dédommage amplement. Au loin, sur le continent, nous distinguons, avec les jumelles, de magnifiques forêts, repaire, paraît-il de peuplades très inhospitalières. Etagé sur les flancs des collines qui couronnent l’île, un joli village d’une centaine d’âmes, habité, dit-on, par des Alsaciens, nous présente ses jolies maisonnettes éclairées par ce chaud soleil brésilien, si vanté par les voyageurs.
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           Dans le fond de la bai en fer à cheval où nous sommes mouillés, on distingue sur un rocher isolé un établissement militaire, à babord et à tribord, de magnifiques forêts d’orangers et de citronniers. Tour cet ensemble forme un cadre ravissant et nous met dans la tête une foule d’idées d’évasion, malheureusement bien difficiles à réaliser.
           Le 28 Juillet nous quittons S.te Catherine par un des plus beaux soleils qu’il m’ait été donné de contempler et après une alternative de bons et mauvais temps, nous nous trouvons le 9 Août 1873 par 45° = 52’ lat. sud et 12° = 23’ long. Ouest en présence d’un assez grand nombre de magnifiques îlots de glace flottants. Le froid varie de 9 à 14° en dessous de zéro. Pour ne pas geler sur place, nous en sommes réduits à tourner en cercle dans nos cages, comme des bêtes fauves, en frappant violemment et rapidement nos pieds sur la plancher de la batterie.
            Nos distractions consistent à chanter toute la journée, sauf le dimanche consacré par autorisation spéciale du commandant, à donner des représentations dramatiques.
            Le nombre des scorbutiques est considérable, mais ils sont soignés aussi bien que le permettent les ressources du bord.
            Enfin le 27 Septembre 1873, après une traversée assez bonne de 143 jours, nous arrivons en rade de Nouméa à 6 h. du soir., et le 1.er Octobre suivant, nous mouillons dans la baie de Küto (Ile des Pins). Autant, ce pays nous semble aujourd’hui triste, monotone, désolé, autant, j’en appelle au souvenir de tous mes camarades, ce jour-là il nous parut capable de rivaliser avec l’Eden biblique. C’est qu’alors nous avions derrière nous les atroces souffrances d’un voyage de 5 mois, dans des conditions plus qu’anormales, et devant nous, l’avenir incertain que nous réservait notre nouvelle patrie. 
                                                                                                                                                                                                                                                    L. R


Dossier CAOM 

Le dossier du calvados conservé au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence (13) contenait 26 pièces différentes non classées par ordre de date ou autre :1- Note pour la Direction des Colonies du 27 mai 1873 (page 1),
2- Liste nominative des condamnés à la déportation détenus au Dépôt de déportés de Saint Martin de Ré, et reconnus, par la Commission de visite désignée par M. le Préfet maritime de Rochefort, aptes, sous le rapport de la santé, à faire la traversée de la Nouvelle Calédonie. (page 1, page 2, page 3, page 4),
3- Liste nominative des Condamnés à la déportation détenus au Dépôt du Château d'Oléron, et reconnus par la Commission de Visite désignée par M. le Préfet Maritime à Rochefort, aptes sous le rapport de la santé à aire la traversée de la Nouvelle Calédonie (page1, page 2, page 3),
4- Liste nominative éventuelle des condamnés à la déportation, détenus au dépôt de Saint Martin de Ré, reconnus par la Commission de visite désigné par M. le Préfet maritime de Rochefort, aptes sous le rapport de la santé, à faire la traversée de la Nouvelle-Calédonie, en cas de besoin (page1),
5- Liste nominative des Condamnés à la déportation détenus au Dépôt du château d'Oléron et non reconnus par la Commission de Visite désignée par M. le Préfet Maritime aptes sous le rapport de la santé à faire la traversée de la Nouvelle Calédonie (page 1, page 2),
6- Transport à hélice le Calvados Commandé par Mr Vial, Capitaine de régate - Liste des Condamnés que la Commission a jugés inaptes à faire la campagne (page 1),
7- Extrait d'un rapport de Mr le commandant du Calvados du 2 avril 1874 (page 1),
8- Note sur papier libre annonçant l'arrivée à Brest du Calvados le 22 mars 1874 (page 1),
9- Extrait d'un rapport de Mr le Capitaine de Frégate, Commandant le Calvados du 24 décembre 1873 (page 1, page 2),
10- Transmission du rapport du médecin-major du Calvados et du chef du Service de Santé de Nouméa sur l'état sanitaire des déportés arrivés par ce navire (page 1, page 2),
11- Etat sanitaire des détenus pendant la traversée et à l'arrivée à Nouméa du 29 septembre 1873 (page1),
12- Rapport sur l'état sanitaire des déportés embarqués sur le transport le Calvados et arrivés en Nouvelle-Calédonie le 28 septembre 1873 (page 1),
13- Arrivée du Transport le Calvados, débarquement du contingent de déportés, Situation générale de la déportation du 8 octobre 1873 (page 1, page 2, page 3),
14- Accusé de réception du 20 janvier 1874 d'une lettre annonçant l'arrivée du Calvados à Nouméa (page 1),
15- Copie d'un rapport d'arrivée du Calvados en Nouvelle-Calédonie du 1er octobre 1873 (page 1, page 2),
16- Extrait d'un rapport de M. le Capitaine de Frégate, Commandant le Calvados du 24 décembre 1873 (page 1),
17- Copie d'un rapport du Médecin-Major sur l'état sanitaire des surveillants et de leurs familles du 29 septembre 1873 (page 1, page 2),
18- Note sur le voyage du Calvados (Ste Catherine) (page 1, page 2),
19- Télégramme du Gouverneur de Nouméa du 27 septembre (1873 ?) (page 1),
20- Copie d'une lettre du capitaine de frégate Vial au ministre de la Marine du 21 juillet 1873 (page 1),
21- Lettre du Consulat de France au Brésil au ministre de la Marine du 23 juillet 1873 (page 1, page 2, page 3),
22- Brouillon de note du 9 avril (1873 ?) (page 1),
23- Note sur papier libre annonçant le départ du Calvados le 18 mai 1873 (page 1),
24- Note pour le Cabinet du Ministre du 26 mai 1873 (page 1),
25- Note sur papier libre concernant RICHARD et sa femme du 18 mai 1873 (page 1),
26- Note pour la Direction des Colonies du 17 mai 1873 (page 1, page 2).

Liste des condamnés à la déportation en enceinte fortifiée : François ALLEMANE, Pierre Joseph ALVIN, Gabriel Antoine ANGELIAUME, Jean ASTOLFI, Eugène Auguste AUMONT, Eugène Pierre BACHELIER, François Isidore BARON, Florent Jacques BARTHELEMY, Ferdinand Jean BEAUMONT, Jacques BERNADOU, Paul François Stanislas BERNARD, Honoré Antoine BEZIER, Jules BISSET, Louis Joseph BIZET, Aimé Joseph BOISSON, Edme Jean René BONFILS, Charles Alexandre Paulain BONOUVRIER, Jean-Louis BONTE, Jules Alphonse BOULABERT, Jean Hippolyte BOULET, Jean-Baptiste BRUCHET, Henri BRUNSWICK, Pierre Antoine Théophore BUDAILLE, François CAGNEAUX, Emile Xavier CAIGNARD dit GARNECOT, Jean CAMBON, Jean dit Joannès CATON, Antoine CHARLET, Charles Félix CHARLOT, Joseph Charles CHICANOT, André CHOTAIN, Louis-Joseph COLLIN-DELACROIX, Adolphe COLLOT, Pierre André CREPINET, Lucien DABOVILLE, Arthur Oscar Gustave Joseph DAMAREY (ou DAMEREY), François DANAT, Arsène François DANIERE, Isidore Théodore DAVID, Léopold DELANDE, Joseph Pierre Marie DELAVILLE-LEROUX, François Emile DEMOULIN, Louis DIETEL, Isidore Edmond DOUBLET, Eugène DURAND, Emile Nicolas DUTIL, Armand Satyre DUVAUX, Jean-Baptiste ELACHE,  Jean-Baptiste Charles ELOUIS, Edmond Théodore EVE, Antoine FABRE, Hubert FASSYN, Jules FERLET, François Elysée FINOT, Charles FRAIZIER, Pierre FRIOT, Etienne Emile GAIGE dit Maître Jacques, Henri Paul GARNIER, Charles Victor Amédée GAUDIER, Pierre GENDRAUD, Jules César GENET, Jean GEROME, Lazare Hippolyte GRANDJEAN, Alfred Nicolas GRAPIN dit Chauffe-tes-pattes", Léon Aimable GRIS, Philippe Alexandre GUAY (ou GAY), François Alphonse HATTIER dit Moreau, Mathias HINGELDINGER (ou INGELDINGER), Jean TOUSSAINT, Pierre JOULIN, Ernest Auguste LAPRE, Louis Achille LECUYER, Charles François LECOINTE, Louis Eugène LEFEBVRE, Louis Victor LEGROS, Alfred Maximin LELONG, Eugène Louis LEPAGE, Léopold Louis LEPREUX, François LHEUREUX, Pierre Louis Alexis LIMOUSIN, Jean MAHIET, Théodore Désiré MALEZY, Joseph MARTIN, François Xavier MARQUENIES, Pierre Adolphe MERCIER, Henri MERLE, Louis Emile Auguste MEURIOT, Simon MICHEL dit Lucien, Arthur Jean-Baptiste MINERY, Yves François MORVAN, Léonard MOUNIER, Charles Auguste MULLER, Edmond François OLIVIER, Charles ORCEL, Emile OZIER, Albert Joseph Maximilien PAGNON, Auguste Martin PARISEL (ou PARIZEL), Louis Alexandre PAYEN, Jean Anatole PENAULT, Antoine Alexandre PELLEGRIN, Joseph PERIGORD, Jules Auguste PEYRUSSET, Alexandre Désiré PICHARD, Désiré Albert PIERRET, Joseph Abel PIERRON, Emile Jean-Baptiste PIGERRE, Eugène Joseph PIFFAULT, Jean-Baptiste Emile PILLER, Ernest Jules PLATRIER, Jean-Baptiste PORTEFAIX, Léon Edouard POSTEL, Edouard Victor POTIGNY, Adolphe Antoine François POTONIER, Pierre Louis POTRIQUET, Jules Armand POUSSIN, Jules Constant Désiré QUESNOT, Jacques RACAUD, Auguste RAGOT, Etienne Stéphane REDOUTET, Alexandre Jules ROGER, Elie Frédéric ROUSSE, Louis Paul SARRAZIN, Jean SAUMONT, Pierre SAVOURE (ou SAVOURET), Bernard TESTOT dit Clermont ou Clément, Achille THENARD, Antoine Auguste TREMOLIERES, Jean VEDRINE, Bruno VERSPEELT (ou VERSPALT), Claude Camille VINCENOT, Jean Etienne VINCENOT, Eugène Adolphe Gédéon VOISIN, Edouard Jean-Marie WARNIER.

Liste des condamnés à la déportation simple : Jean Henri ALMAIRAC (ou ALMAYRAC), Pierre Denis ALONGE, Just AMET, Léon Philippe Auguste ANDURAND-DEGUIS, François ANER, Joseph Narcisse ANSART, Auguste ARNAUD, Jules AUBOURG, Marie Louis AUDIBERT, Alphonse BAILEY, Léon Emile BARILLET, Ferdinand Antoine BARON, Jean BASSOT, Marc BEDUE, Pierre BELIN, Louis BELLET, Nicolas Ambroise BENIER, Paul Edouard BENOIT, Denis Alexandre BENTRE, Louis BERNOT, Joseph BERTHE, Louis BERTHOD, Eugène François BESTETTI, Pierre louis BINET, Jean Alexandre BLANC, Adrien Louis BLANPIN (ou BLAMPIN), Alfred Edouard BLIN, Benoît Aimé BLOQUEL, Joseph BLUTEAU, Benoît Joseph BOCQUILLON, François Victor BODIN, Jean-Baptiste BOEUF, Louis BOLONSKI (ou BOLOSKI), Abel louis BONEL, Félix Eugène BONICHON, François Marie BONNARD, Ernest Eugène Jules BONNEAU, Jacques BORELLA, Eugène Joseph BOUDIN, Auguste BOUDRILLE, Jean François Alphonse BOUGAULT, Auguste BOULANT, Joseph BOULAY, Antoine Joseph BOURLET, Louis François BOURLIER, César (ou Robert) Joseph BOURLON, Justin Marie Joseph BOURDUART, Auguste François Blaise (ou Alain) BOUSQUET, Louis Jules BOUVIER, Alphonse BREUIL, Louis Anatole Augustin BRUNO, Dominique Maurice (ou Henri) BUFFO, Antoine BUGIS, Auguste BUISSEDE, Emile (ou Antoine ou Henri ?) Joseph (ou François ?) BUTTON (ou BUTON), Eugène Théophile CABOCHE, Théophile Jean CACOT, Jules Emile Eugène CALAIS, François CARISSIME, Eugène Claude CARLE, Claude François CARON, Charles CARPENTIER, Jean Charles Chrisostome CAVENEL, Louis CELIN, Lucien (ou Louis) CHAMOUX, Antoine Louis Théodore CHALUMEAU, Victor Augustin CHARDON, Etienne Gabriel CHARLES, Victor Antoine CHARMA, Charles CHARNEAU, Charles CHASTAING, Pierre Paul CHASTEL, Joseph Alexis CHENOZ, Jean Etienne CHEVALIER, Louis CHEVREUIL, Louis CHRETIEN, Eloi Louis Prosper CLEMENT, Jean COCHARD, Romain Julien François COLIN, Pierre Louis COLLON, Albert COLNET, Louis COLSON, Pierre CONSTANT, Charles CONTAL, Auguste désiré COULOM (ou COULON), Aimable CROIZET, François Alexandre CUSSEY, Jean François Ernest DAGES, Gaston DAVAINE, Ernest Guillaume DAVID, Joseph Modeste DEARE, Félix Isidore DEBRAY, Jean-Baptiste Alexis DECHAND, Joseph DELACOTE, Octave François DELAIR, Victor DELAITRE, Charles Edouard DELAPLACE, Séraphin DELARUE, Louis Joseph Alexandre DELCROS, Antoine Jean DELER, Henri Eugène DELHORBE, Victor Charles DELMAS, Jean DELVERT, Charles DELRUE, Philippe DEMANGE, Pierre Philippe DEMAZEAU, Eugène Frédéric Hubert DEPOST, Denis Pierre DESCHARREAUX, Joseph Eugène DESFONTAINES, Etienne Adolphe DESFOURNEAUX, Sylvain DESJOIE, Georges François DESLIN, Emile Joseph DESPLECHIN, Sylvain DESPLOBENS, Jules François Marie DESTERAC, Félicien DEVAIS, Louis Marie d'HERSIGNERIE, Charles Adrien Joseph DIDELOT, Louis Jules DIDIER, François DIEUDONNE, Léonard Aimé DODON, Ernest Hilaire DORMIER, Jules César DRUENNE, Edme Juste DUBOISY, Louis Victor DECHAUFFOUR, Léon Marie DUCHAUSSOY, Louis DUCROZ, Louis Eugène DUMENIL, Léon Sodony DUPOTY, Hippolyte Noël DUVAY, Marc ACKEMBERGER (ou ECKENBERGER), Xavier ENTNER, Charles FAILLIE, Charles Joseph FALCINI, Nicolas Dominique FALTOT, Jean FAUGERE, Jean-Marie Désiré FAUVEL, Jean FAVIER, Jean-Baptiste FENIN, Alfred Joseph FERLAT, Henri FIECHTER, Daniel Jean FORESTEAU, Henri Célestin FORRIENT dit Charles, Xavier FORTIN, Eugène FOURNIER, Jean-Louis FRAYSSINET, Louis FREYSSINIER, Jean-Baptiste GAILLARD, Auguste Emile GALICHET, Auguste Antoine GALLOIS, Henri Jean-Baptiste GAMAIN, Jean GANNE, Benoît Joseph GANTIER, Joseph GARAND, Claude Maurice GARCON, Alexandre François GATE, Nicolas Paul GAUTHEROT, Pascal GAUTRON, Simon Jean GAZET, Justin Antoine GERBEAU, Antoine GERMAIN, Octave Edouard Alfred GERVOIS, Joseph GILBERT, Jean GILIBERT, Achille GILLOT, Théodore François GIRAUD, André GIVOQUE, Louis Célestin GOBERVILLE, Emile GOETSCHY (ou GOEDSCHY, ou GOEDSICHY), Henri Joseph GORRE, Eugène Pascal GOUFFE, Hector-Napoléon GOULLIER-DELINIERES, Clément Henri Augustin GOUPIL, Paul Ambroise Alfred GOUSSELOT, Claude Antoine GRANDEMANGE, Emile GRANGE, Adolphe Timothée GRAUX, Pierre Gustave GRETIN, Ernest Jacques GRILLOT, Félix GROSJEAN, Jules GUILERT, Nicolas GUILLAUME, Alexandre GUILLOT, Eugène Jean GUIMARD, Paul Pierre Charles GUVIN, Jean-Baptiste HACKSPILLE, Pierre HAGUAIS, Charles Emile HARASSE, Ernest HARENGER, Joseph HATON, Dominique HAUER, Charles HAUGER, Gauderique HELLY, Etienne HEMERLING, Gustave Jean-Baptiste HEMON, Paul HENRY, Victor HOUSSEAU, Henri Ferdinand HOUZELOT, Charles HUDOT, Ferdinand Victor HUET, Benjamin Lazare ISRAEL, Auguste Louis JACQUIN, Henry Achille JAMBART, Octave JAMET, Marius JANIN dit Auguste, Joseph Antoine JEAN dit Philippe, Alexandre JOBEY, Eugène Hippolyte JOINEAU, Jean-Baptiste JONNART, Joseph Adolphe JOUART, Ferdinand JOUBAULT, Ferdinand JUVERNAT, Jean François KIRSCH, Eugène Louis KRAFT, Antoine Eugène LABILLE, Eugène Frédéric LACAILLE, Joseph LACOSTE, Emile Nicolas LAFENAUX, Alfred LAIGNELET, Philippe Eugène LANGLASSE, Gustave Jean LANSON, Théodore Alexandre LARQUET, François LASNIER, Clovis Louis LASSAIGNE, Jean-Baptiste Jules LATOURTE, Jean LAURENT, Pierre LAURENT, Pierre LAURENT, Charles François LEAUDAIS, Frédéric Pierre LEBOISSET, Louis Gabriel LECLAND, Joseph Amédée LECLERCQ, Victor Jacques LECESNE, François LEFEVRE, Victor Hyacinthe LEGAGNEUX, Yves Charles LEGORREC, Auguste Léon LEGRAND, Nicolas Sévère LEGRAND, Pierre LEGRAND, Félix LEGUAY (ou LEGAY), Joseph Marie LEHENANT, Auguste LELOGEAIS, Louis Alfred LELONG, François Sylvain LEMERCIER, Eugène Jules (?) Philippe (?) LENOBLE, Adolphe Edmond Eugène LENOIR, Jean-Jacques LEPRINCE, Louis Alfred LEROUX, Alphonse LEROY, Jean LEROY, Jean Victor LESOURD, Jules LESUEUR, Jean Marie LHOMME, Michel Arsène LIGER, Théodore Félix LIMEUL, Jules Julien LITTRE, Jean LOOTENS (ou LEOTENS), François LORIMIER, Victor LOUIS, Jean Etienne MABILAT, Michel Vincent François MACE, Joseph MAFFRAND, Jules Nicolas MAGINOT, Jules Alexis MAINTENANT, Adrien Henri MALASSAGNE, François Théodore (ou Damien) MALOU, Edouard Joseph MARCEAUX, Auguste MARCOUR, Valentin Ferdinand MARILLIER, Jean Hugues MARMORAT, Sébastien MARGUERIE, Félix MARQUOT, Louis Jules MARRE, Lucien Gabriel MARTIN, Isidore MARTIN, Romain François MARTIN, Eugène MARY, Louis Désiré MASSARD, Joseph Achille MASSET, Louis MATHEROT, Jean-Bertrand MAUREL, André Eugène MAZIAU, Ernest MELIN, Jean Adolphe MELIN, Victor MENESSON, Emile Joseph MICHEL, Louis Antoine MIDY, Jean François MIGNOT, Pierre Antoine MILAN, Alphonse MILLET, Louis MILON, Joseph Adolphe MINOR, Auguste Jacques MISSIER, Antoine Alexandre MOGIN, Jean Alexis MOHR, Louis Gustave Augustin MONY, Charles MONDELET, Pierre MORGENTHALLER, François MORILLON, Léon MORLAIX, Mathias MOULIN, Joseph Henri MOUZON, Philibert NARDY, Charles NARDY, Constant NICOLAS, Théophile Henri NININ, Ernest NOEL, Pierre François NOUVEL, Ferdinand OBERLE, Ferdinand OKOLOWICZ, Justin ORPHIN, Pierre Adrien OURY, Alfred François OUSTER, Victor PAPIER, Pierre Auguste PARIS, Alfred Louis PARQUET, René PATRY, Augustin Irénée PAVA, Charles Célestin PELLETIER, Antoine Henri PENOT, François Amédée PERILLAT, Edmond Emilien PEROT, Jean PERRET, Jean-Baptiste PERRIN, Jean-Baptiste Antoine (?) PERRIN, Jean Claude PESSAUD, Alfred Rémi PETIT, Lucien Léon PETIT dit Lavigne, Léonard PETIT, Pierre Edme PETIT, Félix PHILIPPE, Clodomir PIAT, Charles Victor PICARD, Louis Augustin PICARD, Pierre PICARD, Louis Prosper Joseph PICHARD, Edme Marie Jean PICHONNEAU, Eugène PIETON, Jean Antoine (ou Joseph) PIFFERINI, François Eugène PILLON, Hippolyte Justin René PIQUE, Jean François Alexandre PITOLET, Pierre René Charles POHU, Félix POIRET, Marie Pierre Léonce Victor Alexandre POIRIER, Henri POIRSON, Charles PONTILLON, Charles Joseph Antoine PONZIO dit Tabarini, Etienne PORTAL, Louis Augustin PORTEJOIE, Jean Marie POTHIN, Eugène POTON, Joseph (ou Louis) POULAIN, Emile Paul PREAU, Charles PREVOST (ou PREVOT), Jules PREVOST, Joseph Antoine PREVRE, Henri Palmyre PRINCE, Pierre PRUDON, Sylvain PRUGNAT, Charles Emile PRUNTHAULT, Philippe Joseph QUENELLE, Louis RAINAUD (ou REYNAUD), Eugène RAMELLI (ou RAMELI), Louis Joseph Gustave RAVIN, Jean Antoine Victor REGLAT, Ernest Louis Frédéric REICH, Eugène Adolphe REMONT, Jules Antoine REMY, Louis REYMOND, Jean Nicolas RICHIT dit Edmond, Henri REIS, Alexandre RIGAULT, Jean-Marie Baptiste (ou Jean-Baptiste Marie) RIVIERE, Gabriel ROBERT, Edmond (ou Edouard) Louis (ou Léon) ROCH, Louis Guillaume ROCQUE, Augustin (ou Auguste) Joseph ROGIER, Louis Ernest ROLLET, Aimé Joseph Clovis ROUSSEAUX, Arthur Victor ROUSSEL, Léonce ROUSSET, Jules SALE, Alfred Paul SANTERRE, Hippolyte Jules SAUVE, Eugène SCHNEIDER, Pierre SELIS, Guillaume SERVEAU, Sylvain SIGONNAUD (ou SIGONNEAU), Gustave SIMON, Jules Eymard (ou Aymard) SINGLA, Charles Joseph SOLAIN, Arsène Florentin SOMMERET, Pierre Antoine SOUDANT, Jules Armand SOULAS, Pierre SOULIER, Joseph SOURLIER, Louis Lazare SUZIAU, Victor Joseph TABARY, Victor Eugène THEVENIN, Paul Pierre THEVENOT, Auguste Louis THOMAS, Emile TIEN, Armand Joseph TIRMACHE (ou TIRMARCHE), Joseph Constantin TONNET, François TOULZE (ou TOULZ), Louis Jean TOURDES, Louis Antoine TOUZET, François Casimir TRASBOT, Charles Frédéric TROYON, Germain François TULASNE, Victor Louis Joseph TURC, Jean Jules Baptiste TURREL (ou TUREL), Jean Victor TURPLIN, Alexandre VAAST, Emile VERHAEGUE (ou VERHAEGHE), Pierre VIANT, Louis Marie VIGNET, Antoine Gustave VILLETTE (ou VILETTE), Hippolyte Pierre VILLETTE, Adolphe Gédéon VITTECOQ, Nicolas WEERT (ou WEBER), Christophe WILTZIUS, Joseph WIRTZ, Léon Charles WOLF (ou WOLFF).

Pour tout renseignement concernant ces prisonniers, vous pouvez me contacter (ici). Les photos des Communards utilisées dans cet article proviennent du site http://digital.library.northwestern.edu, avec l'aimable autorisation du webmestre du site pour leur utilisation ici. Les photos présentées correspondent en principe aux personnages, mais une erreur d'identification est toujours possible. Pour les communards originaires du Finistère, vous pouvez consulter le site de < a href="https://www.retro29.fr/finistere-nouvelle-caledonie">Patrick Milan, pour ceux originaires d'Arcueil (Val-de-Marne), vous pouvez consulter le site d'Annie Thauront, avec également un article sur le député de la Guadeloupe Melvil-Bloncourt, condamné à mort pour sa participation à la Commune.

11ème convoi de déportés 

Le 2 septembre 1874, le Calvados reprend la mer au départ de Brest, en direction de l'île d'Aix, puis à destination de la Nouvelle-Calédonie le 5. Le nombre des membres d'équipage est de 226, plus une centaine de passagers civils et un nombre indéterminé d'hommes de troupe. A son bord il y a également 257 transportés, et 62 arabes, dont trois d'entre eux mourront en mer. Un nombre indérterminé de transportés et une quarantaine d'arabes (provenant du fort de Quélern) ont été embarqués à Brest.
Le navire fait relâche à Dakar du 30 septembre au 6 octobre. Cepedant les passagers ne peuvent descendre à terre, pour cause de rougeole, et mise en quarantaine du navire. Ce 11ème convoi arrive à Nouméa le 18 janvier 1875 après 135 jours de mer, ayant subi deux grosses tempêtes, et des calmes plats plusieurs jours durant, et in mois dans les quarantièmes rugissants. Mais les températures sont relativement clémentes, ne descendant pas en dessous de 6°, du fait de l'été austral. Un télégramme de Sidney, daté du 2 février 1875 annonçe l'arrivée à Nouméa du Calvados, qui repartait le 8 février en direction de Tahiti.
Les Tablettes du 28 avril 1875 annonce la mort à bord du Calvados, le 20 décembre 1874, du médecin de 2ème classe L. A. M. Petitpas La Vasselais. Le rapport du médecin-major Olméta mentionne 19 décès avant l'arrivée à Nouméa. Ce médecin recevra d'ailleurs en décembre 1875, un témoignage de satisfaction du ministre de la Marine pour son rapport médical sur la campagne du transport le calvados à la Nouvelle-Calédonie (1874-1875).
Le Calvados repartira de Nouméa le 12 février 1875, avec un effectifs total de 360 personnes, équipage et passagers. Il fera relâche à Papeete du 6 au 20 avril, puis à Sainte-Hélène du 16 au 18 juin. Le navire est attendu à Brest vers le 15 juillet 1875, mais n'arrivera que le 3 août, ramenant 170 passagers.


Rapatriements  

Rappelons qu'un décret du 15 janvier 1879 avait accordé une remise de peine à 1750 déportés, graciés ou commués, dont 85 % de déportés simple et 15 % de déportés en enceinte fortifiée. Ainsi 2225 déportés étaient classés "rapatriable", et l'ordre d'embarquement pour eux fut transmis au Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie par une note du ministère de la Marine en date du 21 janvier. Une loi d'amnistie du 3 mars 1879 venait compléter ces premières dispositions, mais cette amnistie partielle ne s'appliquait qu'aux condamnés pour faits relatifs aux insurrections de 1871, et tous les condamnés pour crimes et délits relatifs à des faits politiques qui ont été ou seront libérés, ou qui ont été ou seront graciés par le Président de la République dans le délai de trois mois après la promulgation de la loi.
C'est ainsi que fin janvier 1879, le désarmement du Calvados est annoncé, ainsi que son prochain départ du 12 au 15 février pour la Nouvelle-Calédonie, pour ne pas faire attendre les graciés de la Commune. Le commandant du navire est le capitaine de frégate Gaude, de Lorient, et l'entrée en armement est effectuée en vue d'aller chercher en Nouvelle-Calédonie les communards graciés. Le 17 février il sort du port pour régler ses compas, et le 23 février 1879, il appareille de Brest à destination de la Nouméa, par la voie du canal de Suez. Le 2 mars, ol est à Oran d'où il repart le 4. Le 15 mars, il relâche à Port-Saïd, puis est à Aden le 29 mars, relâche de nouveau à Pointe de Galles au Sri-Lanka, puis à Melbourne du 2 au 4 juin, pour arriver à Nouméa le 15 juin.
Un article du 11 juin annonce la mort en mer du commandant du Calvados, le capitaine de frégate Ch. L. M. Gaude, et un autre article du 2 août en donne les circonstances de sa mort. Il est remplacé par le commandant de la Vire, le capitaine de frégate Rivière . En Nouvelle-Calédonie, ce commandant avait participé à la "réduction" de la révolte canaque avec un corps exclusivement constitué avec des condamnés de la Commune, dont Amouroux. Ce dernier fut d'ailleurs gracié avec un grand nombre d'autres communards grâce au rapport du commandant RIVIÈRE. Cet officier prend le commandement du Calvados à Nouméa, suite au suicide de celui qui avait assuré le commandement depuis la France jusqu'à Sidney pour le voyage aller, le commandant Gaude.
Le Calvados quitte Nouméa le 29 juin 1879, fait escale à l'île des Pins, puis se dirige sur la France avec à son bord 410 déportés ou commués. Le retour s'effectue par le détroit de Torrès, l'océan indien et le canal de Suez. L'arrivée à Toulon est prévue pour septembre. Le 9 août, le transport mouille en rade de Batavia (Indes néerlandaises). Le 17 septembre il quitte Aden et arrive à Suez le 29 septembre, puis le 30 septembre au matin à Port-Saïd.
Pendant ce voyage de retour, cinq décès seront à déplorer, deux militaire, un matelot, et les amnistiés Louis Poulard et Adolphe Louis Godard.
Deux des amnistiés embarqués sur le Calvados, ont préféré quitter ce navire à Port-Saïd et, après s'être embarqués à leurs frais sur le Paitho, arrivent à Marseille le 12. Ce sont Jules Renard et un Mr Boquet. A peine débarqués, ils écrivent à Victor HUGO pour l'informer du dénuement dans lequel se trouvent les rapatriés.
Le 11 octobre 1879 le Calvados est signalé au Cap Corse. Il accoste à Port-Vendres le 13 octobre vers 9h00, où il est accueilli par Henri Salles, secrétaire du Comité de Secours aux Amnistiés, et par M. Varenne, de la préfecture des Pyrénées-Orientales, représentant de l'Administration, alors que Louis Blanc est attendu dans l'après-midi. Un article du journal le National, du 14 octobre 1879, page 2, relate l'arrivée du Calvados et donne la liste des amnistiés et commués rapatriés par le navire.
L'état sanitaire des passagers est satisfaisant. Seuls, trois malades seront dirigés sur Perpignan. L'un d'eux, Jean Baudoin, 45 ans, natif de Paris, décède peu après son arrivée à l'hôpital. Il sera enterré à Perpignan le 14 octobre à 11h00, en présence de 2000 personnes.
Les formalités étant terminées à 11h00, le débarquement des amnistiés commence. Louis Blanc prononce un discours de bienvenue et ils seront conviés à un banquet offert par la population qui est pleine d'attention pour chacun. Quelques 350 couvertures ont été distribuées à ceux qui ont accepté cette offre, et tous ont reçu une aide de 5 francs. Les plus nécessiteux se sont vus dotés de vêtements, et ceux qui ne se rendaient pas sur Paris ont perçu 20 francs. Des 410 amnistiés du Calvados, 65 ont diverses destinations provinciales, et 345 vont sur Paris. Le train conduisant ces hommes redevenus des citoyens libres vers la capitale quitte la gare vers 17h00. Le convoi arrivera en gare d'Orléans le lendemain 14, vers 18h30, où ils étaient accueillis par messieurs Clémenceau et Humbert. Ce même jour à 8h00, 50 amnistiés qui étaient restés à Port-Vendres, quittent la ville pour Paris.
Après Port-Vendres, le Calvados arrivera quelques jours plus tard à Toulon.


Sources :

- Déportés et forçats de la Commune : de Belleville à Nouméa, par Roger Pérennès, Nantes, Ouest Editions, 1991.

- Site Internet http://www.dossiersmarine.fr.
- Dossiers des navires au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence, série H30.
- Journal d'un déporté à l'île des Pins, par Joannès Caton, Editions France-Empire, Paris 1986.
- La Lanterne des 13, 14, 15, et 16 octobre 1879.
- Le Petit Parisien des 12, 13, 14, 15, 16, et 17 octobre 1879.
- Le Rappel des 13, 14, 15, et 16 octobre 1879.
- Le National du 14 octobre 1879.
- Service Historique de la Défense à Brest 2F17 (Informations envoyées par Yannick Lageat). 
- Journal les Tablettes des Deux Charentes, de 1871 à 1884.
- Dictionnaire Maitron.
- Album de l'île des Pins, n° 1, envoyé par Chantal Kroliczak.

Crédits photographiques :
- Déportés et forçats de la Commune : de Belleville à Nouméa, par Roger Pérennès, Nantes, Ouest Editions, 1991.
- Numérisations archives par Bernard Guinard.
- Photos envoyées par Claude Millé.
- Photo de Joannès Caton provenant du site de Bernard Rivatton : http://foreziens-en-caledonie.perso.sfr/caton0.htm.
- Photo d'Henri Ferdinand Houzelot envoyée par Thierry Houzelot et numérisée par Bernard Morize.
- Courriels de Gwenaël Robic du 7 au 16 avril 2016.
- Album de l'île des Pins, n° 1, envoyé par Chantal Kroliczak.

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