Lavenir Antoine
MATRICULE 5128

ou l’histoire d’un capelin dans la tourmente calédonienne

par Patricia Echtlé

Avertissement  : Cet article peut comporter des erreurs, imprécisions ou omissions, l’erreur étant humaine. Si le lecteur remarque de telles choses, qu’il n’hésite pas à nous le faire savoir, afin que nous puissions rectifier, surtout si des pièces documentaires viennent appuyer les corrections. Nous nous ferons un plaisir d’insérer ces sources dans cet article.

En cliquant sur les liens, vous verrez des photos qui illustrent cet article. 

Cet article a été imprimé et déposé au service des Archives Territoriales de Nouvelle-Calédonie. Cette administration trouvant ce modeste travail digne d'un professionnel nous a fait l'honneur de faire une copie de l'article déposé et de le placer parmi les usuels de sa salle de lecture, donc en libre consultation pour tous les visiteurs.

Vue générale de Nouméa et lle camp de 
l'Ile Nou au premier plan

Lors de la préparation d’une exposition sur la généalogie à La Chapelle-de-Guinchay (Saône-et-Loire), Monsieur Lambré, mon père me trouva un bagnard originaire de cette commune. Aussi, l’idée me vint d’en faire un livret, afin de faire découvrir un pan de notre histoire de France métropolitaine et une histoire de France des  antipodes.  Au cours de cette lecture, vous allez faire le tour du monde, et dans l’histoire et dans l’espace. Redécouvrons la France du XIXème siècle… Cet article est mis à jour en novembre 2011, avec l'apport des recherches effectuées à la suite de cet article par Bernard Guinard, webmestre de ce site.

Chronique familiale d'Antoine Lavenir

sur 5 générations


Génération 1

Sosa : 16

Claude LAVENIR épouse le mardi 10 mai 1712 à Saint Bonnet les Bruyères (Saône et Loire) Jacqueline AUJUDACIER. Ce couple  aura au moins  un enfant, François né vers 1709, qui suit.
Jacqueline épousait en premières noces le 27 février 1702 à Saint Bonnet les Bruyères (Saône et Loire) Claude BOYRAUD. Le couple aura au moins deux enfants, Jean né en 1702 et  Benoite née en 1706, décédée en 1767.

Génération 2

1 - Sosa : 8

François LAVENIR épouse le mardi 14 novembre 1747 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire) Antoinette BERTHOU, la fille légitime de Pierre BERTHOU et de Jeanne FERAND. Ce couple aura quatre enfants :

-André, né vers 1745 (sosa 4) qui suit.

-Jeanne Marie, née vers 1758, décédée le 10 février 1758 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Marie née vers 1759, décédée le 11 janvier 1760 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Marguerite, décédée le 23 février 1749 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Claude, né le 19 décembre 1749 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

François est décédé le vendredi 3 novembre 1780, à l'âge de 71 ans environ, à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

Génération 3

1.1 - Sosa : 4

André LAVENIR épouse le mardi 27 novembre 1781 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire) Marie COMPIN, la fille légitime de Charles COMPIN et d'Antoinette LAPLACE. Ce couple aura deux enfants :

-Jean, né en 1783 (sosa 2) qui suit.

-Benoite, née le mardi 10 avril 1787 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire). Elle épouse le mercredi 25 novembre 1807 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire) Philibert GRIVET.

André est décédé le vendredi 22 décembre 1809, à l'âge de 64 ans environ, à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

Génération 4

1.1.1 - Sosa : 2

Jean  voit le jour le mercredi 5 février 1783 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire). Il épouse Marie GONON, la fille légitime de Benoit GONON et d'Antoinette PERRIER. Ce couple aura sept enfants :

-Jean Benoit voit le jour le vendredi 3 décembre 1813 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Jean voit le jour le vendredi 12 avril 1816 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Constance est née le jeudi 1er  octobre 1818 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).  Elle épouse le lundi 7 décembre 1840 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire) François GEORGE.

-Claudine Louise est née le mercredi 30 mai 1821 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire). Elle épouse le mardi 17 novembre 1840 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire) Honoré DÉCISEAU, le fils légitime de Claude DÉCISEAU et de Marie MICHAUD.

-Christophe voit le jour le vendredi 7 mai 1824 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Marie Louise est née le mercredi 27 septembre 1826 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

-Antoine, né en 1830 (sosa 1) qui suit.

Le 29 mars 1858 son épouse Marie meurt. Jean est décédé le jeudi 2 février 1860, à l'âge de 76 ans, à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire).

Génération 5

1.1.1.7 - Sosa : 1 (voir son fichier généalogique)

Antoine LAVENIR (voir sa fiche) voit le jour le jeudi 5 août 1830 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire). Tonnelier de profession, il monte à Paris en 1851, et nous retrouvons sa trace en 1871, 21 rue de Gallois à Bercy, dans le XIIème arrondissement actuel. Il est marié et père d'un enfant. Il a travaillé notamment pour le compte de Monsieur GODILLOT, directeur du Grenier d’Abondance, boulevard Bourdon. Simple garde, pendant le premier Siège, à la 2ème compagnie de marche du 126ème bataillon de la Garde nationale, il continue son service sous la Commune, avec une solde de trente sous par jour.
Dans les premiers jours de l’insurrection, il est délégué de compagnie et, en tant que tel, fait partie du comité de la rue d’Aligre. Selon ses propres dires, il aurait cessé d’exercer ces fonctions, et d’assister à la réunion de ce comité le 4 avril, date où il fut blessé. Le 2 avril, le 162ème bataillon avait quitté l’Hôtel de Ville. Après une nuit passée au Champs de Mars, le bataillon avait marché sur le fort d’Issy, avant de prendre position dans la soirée sur le plateau de Châtillon. Antoine est blessé au bras après une heure de combat environ, et avoir tiré un certain nombre de coups de fusil contre les troupes versaillaises (environs 4 paquets de cartouches). Une balle lui a traversé le bras gauche avant de pénétrer dans le bas de la poitrine. Entré immédiatement à l’hôpital Necker, il en ressort le 22 avril.
A partir de cette date, il semble attaché à la mairie du XIIème arrondissement et devient « l’un des acolytes de PHILIPPE », le maire, commis à la recherche des réfractaires, mission qu’il accomplit de façon adroite pour se compromettre le moins possible. Selon les témoignages de Louis Nicolas LAN et de sa femme, Antoine était reçu à la mairie depuis le 14 ou le 15 mai. Il y prenait ses repas chez eux, et couchait rue Monge, dans la chambre de leur bonne. Il y aurait couché jusqu’aux derniers jours de l’insurrection.
Le 25 mai, Antoine LAVENIR se présente, ceint d’une écharpe de franc-maçon, chez un sieur Vincent, et le menace parce, qu’il refuse de servir la Commune : « Comment tu ne marches pas, toi. Nous allons voir ! », d’incendier sa maison. Peu de temps après, un adjudant-major du 12­6 ème bataillon, auquel Antoine aurait parlé dans la rue est venu chez ce sieur VINCENT réitérant les menaces s’il « persistait à ne pas faire son service », mais ce dernier réussit à s’esquiver.
Antoine se serait vanté d’être l'auteur de l’incendie de la mairie de Bercy. En effet, deux ou trois heures avant l’incendie, toujours le 25 mai, il aurait montré au sieur Girard, qui se trouvait rue d’Orléans, une pipe en écume de mer en disant : « Vous voyez cette pipe : il n’y a pas longtemps, un autre fumait dedans au Palais Royal ». Montrant un papier, il aurait ajouté : « Vous voyez ce papier, je suis chargé d’incendier la mairie ». Selon ce témoin, Antoine avait les yeux hagards et semblait agité d’un grand trouble. Il fut ensuite vu à la mairie par le concierge, Monsieur UDRY, entre 5 et 6 heures du soir, porteur d’un képi de lieutenant, Ce fonctionnaire pensa que la nomination au grade d’officier devait être toute récente. Il a été vu ensuite discutant devant la mairie avec le nommé RIBEYRE, l’un des incendiaires, et plusieurs autres fédérés. A ce moment là, l’église de Bercy était déjà la proie des flammes. Les insurgés tentaient de monter dans les appartements de la mairie pour la brûler. Le concierge serait intervenu auprès d’Antoine LAVENIR pour qu’il empêche ce crime, mais celui-ci refusa en disant que « cela ne le regardait pas et qu’il ne pouvait rien faire». Dans la soirée Antoine emmena chez lui le nommé RIBEYRE. Ils ressortirent vers minuit et un témoin les a rencontrés dans la rue de Bercy.
Antoine LAVENIR, qui a disparu depuis l’entrée des troupes de Versailles dans Paris, aurait quitté la ville le 29 mai pour se rendre à Melun où se trouve sa femme Estelle, née DACHEUX. Il se cacherait au Chatelet, chez la sœur de son épouse, qui tient un café-crèmerie, Grande Rue du Chatelet, sur la route de Paris à Montereaux, à l’angle de la route conduisant à Ecrennes. Il y est arrêté le 21 juin 1871 par les gendarmes du Chatelet. Il disait vouloir « acheter en province un petit fonds de café ou marchand de vin. Il était d’ailleurs, selon ses dires, en pourparlers avec le sieur DESROSIER, qui tenait un café rue de l’Hôtel de Ville et qui consentait à céder son fonds.
Selon la Police, Antoine est considéré comme un « partisan très exalté de la Commune », affilié à l’Internationale, et comme « un individu des plus  dangereux ». Le signalement donné est celui d’un homme âgé d’environ 35 ans, grand bel homme imberbe aux cheveux châtains. Selon le Commissaire du Gouvernement et le Général commandant « la Subdivision de la Seine-et-Oise, il « n’y a pas lieu de proposer une mesure de clémence ».
Détenu à la Maison de Correction, Antoine comparaît devant le 5ème Conseil de Guerre le 8 juillet 1872. L'acte d'accusation fait état de complicité d'incendie, d'avoir exercé un commandement dans des bandes armées, d'avoir porté des armes apparentes, un uniforme militaire, et fait usage de ses armes. Il avait encouru antérieurement trois condamnations à Paris : le 21 juillet 1863, quinze jours de prison pour escroquerie (il avait détourné au préjudice d’autrui une somme d’argent qui lui avait été remise à titre de mandat); le 5 décembre 1866, huit mois de prison pour vol ; le 12 décembre 1866, six jours de prison pour coups et blessures volontaires. Le réquisitoire du Commissaire du Gouvernement lui reconnaît des circonstances atténuantes, bien que le rapport (page1, page2, page3, page4) du rapporteur soit accablant. Antoine LAVENIR, qui nie la plupart des faits lors de son interrogatoire (page1, page2, page3, page4), est condamné aux travaux forcé à perpétuité, jugement qui est confirmé par le Conseil de Révision le 26 août 1872, puis en Cassation le 28 septembre 1872.
Par lettre du 22 octobre 1872, le Ministre de la Marine avise le Ministre de la Justice qu’il demande au Préfet Maritime de maintenir au bagne de Toulon Antoine LAVENIR jusqu’à ce qu’il soit statué sur son recours en grâce. Antoine est emmené à Toulon, où il est admis au bagne le 2 novembre 1872, sous le matricule 24933. Sa demande de grâce, formulée le 10 décembre1872, bien que recommandée par Monsieur GREPPO, Député de la Seine, est refusée par décision du 16 janvier 1873, vraisemblablement à cause du fait qu’il « a servi la Commune avec zèle », de ses « opinions exaltées », de son « affiliation à l’Internationale », de sa participation à l’incendie de l’église de Bercy, et d’être l’auteur de l’incendie de la mairie du XIIème arrondissement.
Suite à un ordre écrit du 11 avril 1873, Antoine est « détaché de la chaine » le 18 avril, et est embarqué pour la Nouvelle-Calédonie sur le transport la Loire qui prend le large le lendemain. D'après le signalement, mentionné sur le registre matriculaire du bagne de Nouvelle-Calédonie, c'était un gaillard d'1 mètre 82 au teint coloré, le visage ovale, avec des cheveux et des sourcils châtains-gris, les yeux roux, un front découvert, un gros nez courbé, une grande bouche et un menton rond, et portant une barbe châtain. Il avait comme signes particuliers un signe ( ?) à la joue droite, une cicatrice au haut du bras gauche, une cicatrice au bras droit, des ventouses au dessous du téton gauche, une cicatrice à la poitrine, une petite bosse sur le pied droit, et une cicatrice à la fesse gauche. Son registre matricule mentionne en outre qu’il est de religion catholique, et qu’il est sans fortune, mais qu’il sait lire et écrire.

Antoine LAVENIR est décédé le dimanche 10 avril 1879, à l’âge de 48 ans, à l’hôpital de l’Ile Nou. Le décès est dû à une encéphalite consécutive à un traumatisme. Mais les documents ne disent malheureusement pas ce qui a occasionné le dit traumatisme. Par lettre du 14 mai de la même année, adressée au Président de la République, Estelle DACHEUX épouse LAVENIR, demeurant 92 rue Decaen à Paris-Bercy, demandait « de bien vouloir comprendre dans un décret d’amnistie » Antoine son mari, dont elle est avisée du décès par lettre du 10 août 1879.
Par lettre du 17 septembre 1879 adressée au Ministre de la Marine, sa femme qui lui avait envoyé de l’argent, demande à rentrer dans la succession d’Antoine LAVENIR, car cette somme n’avait dû arriver qu’après le décès de son mari. En septembre 1880, elle n’avait toujours pas récupéré cette succession dont la somme se montait à 173 francs et 63 centimes !

Monographie de La Chapelle de Guinchay

Chapelle de Quicay, de Quinchay, Capella Sanctoe Marioe de Quincheyo

La Chapelle de Guinchay  est une commune de Saône et Loire dans la Bourgogne. Ses habitants sont appelés soit les chapellois soit les capelins. Sous l’Ancien Régime, elle faisait partie du bailliage, de la recette et du diocèse de Mâcon, de l’archiprêtré de Vaux Renard et de la justice de l’abbé de Tournus. Les seigneurs de Lyon étaient hauts justiciers de la terre et seigneurie de Loyse. Nous pouvons voir plusieurs châteaux comme celui de Loyse, de Belleverne, des Broyers… On y a trouvé de nombreux objets antiques, tels que statuettes, monnaie, urnes… Son église est sous le vocable de Note Dame du Mont Carmel.

vue générale de la commune

Voici la liste des hameaux qui composent cette localité :

*Belleverne *Les Gays

*Les Blémonts *Les Jean-Loron

*Les Boccards *Les Journets

*Le Bois de Loyse *Loyse

*Les Broyers *Les Marmets

*Les Burriers *Massonnay

*Combe-Darroux *Les Nuguets

*Les Daroux *Les Paquelets

*Les Déchamps *Pontanevaux

*Les Gandelins *Potets

Il s’y trouvent aussi des écarts :

*La Batie *La Fayarde   

*Les Bruyères *Le Moulin-des-Champs

*Les Déroches *Les Tournets

Le village est adossé à la chaîne de montagnes qui traverse le département du sud au nord, s’étend sur deux coteaux parallèles, séparés par un vallon dans le fond duquel coule une rivière La Mauvaise, cours d’eau qui porte bien son nom.


Petit historique de la garde Nationale

La garde nationale est née pendant la Révolution française. Cette milice armée est composée de simples citoyens chargés de maintenir l’ordre dans leur ville et leur quartier. Officiellement supprimée en 1827, elle est rétablie en 1830 au moment des Trois Glorieuses. Sa participation à la Commune de Paris entraîne sa suppression définitive le 14 mars 1872.


Châtillon
Le 4 avril 1871, l’offensive des Communards échoue dans cette ville, qui se trouve aux portes de Paris. Près de mille cinq cent hommes sont faits prisonniers et emmenés à Versailles. Ils seront jugés par les Conseils de Guerre après la Semaine Sanglante, qui vit la victoire de Thiers et des Versaillais sur les Communards.


Rue d’Aligre
Cette rue est au cœur du quartier d’Aligre dans le XIIème arrondissement de Paris.

barricade dans les rues de Paris en 1871

Origine et petit historique du bagne

La peine des galères consiste à ramer sur les bâtiments de ce nom. La plus ancienne ordonnance que nous connaissons remonte à 1564, sous Charles IX, et elle fait supposer l’existence antérieure de cette peine, qui toutefois n’a pu précéder le règne de Charles IV, premier roi de France qui ait entretenu des galères sur mer. Cette peine est temporaire ou perpétuelle. Temporaire, elle implique l’infamie, sans confiscation de corps ni de biens. Perpétuelle, elle entraîne la mort civile et la confiscation de biens, dans les provinces où elle a lieu. Tout condamné aux galères doit être préalablement fouetté et marqué au fer chaud des trois lettres GAL. Le minimum de la durée de la condamnation doit être de dix ans, d’après l’ordonnance de 1564 ; mais cette disposition est vite abandonnée et le minimum de la durée s’abaisse jusqu’à trois ans.

Cette punition des galères fut dans son temps un premier progrès dans l’ordre de la pénalité, car employer des hommes à ramer, c’était déjà poser et admettre dans la théorie de l’emprisonnement, le principe de l’occupation ou du travail des condamnés. Tant que la marine militaire se compose de ces bâtiments appelés galères, les condamnés employés à la manœuvre des avirons sont la principale force de ces navires.

Cependant, les progrès de la science amènent des perfectionnements dans l’art de la navigation et des constructions maritimes. La suppression des galères pour le service de mer, prononcée par l’ordonnance de 1748, produit dans la marine une révolution qui en appelle une autre dans l’ordre de la pénalité. C’est alors que, sous le nom de bagnes, des établissements permanents, créés soit à terre, soit à bord de bâtiments flottants et hors service, sont destinés à recevoir les forçats, telle est l’origine historique des bagnes.

fers de bagnard

L’étymologie de bagne vient de l’italien bagno (bain). A Livourne, les prisonniers étaient détenus dans des caves situées au-dessous du niveau de la mer. 

Les premiers bagnes qui s’élèvent en France sont Brest et Marseille. Au mois d’avril et de mai de chaque année, on conduit par chaîne, les condamnés des diverses provinces de France. La plupart de ces hommes autrefois occupés à ramer sur les galères restent dans les bagnes, enchaînés sur leurs bancs. Seuls quelques uns font des travaux de grande fatigue des arsenaux, tels que l’arrangement des bois, le curage du port… Aussi, les détenus contractent des maladies chroniques ; leurs forces dépérissent d’où une mortalité importante lors de la détention. Sous l’administration de Monsieur Delareinty, intendant de la marine à Toulon vers 1818, est adopté le principe du tour de rôle. En effet, chaque forçat est autorisé à travailler à l’extérieur du bagne. Il en résulte une immense amélioration  dans le régime sanitaire des bagnes, qui en provoque une autre dans leur régime disciplinaire. En reprenant leurs forces, les forçats révèlent leurs aptitudes à différents services des ports, autres que des travaux plus que pénibles. On en répartit progressivement plusieurs dans les différentes directions et manufactures des ports ; on en accorde même aux artisans et fabricants pour travailler chez eux aux conditions et soumissions en cours pour la sûreté. Dans l’intérieur des bagnes, on permet aux hommes de s’occuper, hors du temps de service, à divers ouvrages pour leur profit personnel et à les revendre. L’ouvrier habile peut même se dispenser de la fatigue de l’arsenal, en payant un autre forçat pour le remplacer.

La Nouvelle-Calédonie

Fort de France, devenu Nouméa

Le britannique James Cook découvre et baptise la Nouvelle-Calédonie en septembre 1774.

En 1841, les Pères Maristes installent une mission en Nouvelle-Calédonie et commencent l’évangélisation des Kanaks.

La loi du 8 juin 1850, prévoyait Nuka-Hiva, une des îles Marquises, pour l’exil des déportés politiques, car très éloignée de tout continent, garantie contre l’évasion. Elle avait en outre de nombreuses vallées dépeuplées, avantage quant à l’expropriation des populations autochtones.

Le 24 septembre 1853, le contre-amiral Febvrier-Despointes, sur les ordres de Napoléon III, prend officiellement possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de la France.

En mars 1862, le capitaine de Vaisseau Charles GUILLAIN est nommé gouverneur de la Nouvelle-Calédonie.

Par décret en date du 2 septembre 1863, Napoléon III désigne la Nouvelle-Calédonie comme lieu de Transportation.

Le 9 mai 1864, arrive en rade de Nouméa l'Iphigénie, premier convoi de 250 transportés.

Du 21 au 28 mai 1871 à Paris, la « semaine sanglante » mais fin de façon tragique à la Commune avec le massacre de 300 insurgés à la Madeleine, 700 au Panthéon, puis au cimetière du Père Lachaise, où 147 communards sont fusillés au mur des Fédérés le 28 mai.

Le 23 mars 1872, l’Assemblée Nationale, siégeant à Versailles, vote à l’unanimité la loi sur la déportation.

Le 5 mai 1872, la Danaé quitte le port de Rochefort (17) avec à son bord le premier convoi de déportés.

Le 4 octobre 1872 arrivée à l'Ile des Pins du premier convoi de déportés, après 153 jours de mer.

En avril 1873, l’Assemblée crée une commission dite « des Grâces ».


En  mars 1879, le maréchal de Mac Mahon démissionne. Il avait cependant été obligé de prononcer 2245 grâces individuelles, dont 1164 concernaient des déportés simples. Cette nouvelle mettra trois mois pour arriver en Nouvelle-Calédonie et permettre la publication de la liste au « Moniteur ».


Le 11 juillet 1880, loi d'amnistie générale pour tous les déportés de la Commune qui ne l'avaient pas encore été et les derniers communards sont rapatriés dans la première quinzaine d’octobre de la même année. C'est donc la fin du calvaire, et le retour vers la métropole. Hormis les morts pendant leur déportation, seuls quelques déportés resteront en Nouvelle-Calédonie et y feront souche.

Intérieur de la prison de l'Ile Nou


La Virginie

Cette frégate à voiles est restée en service de 1842 à 1884, effectuant trois voyages vers la Nouvelle-Calédonie : Un convoi de transportés et deux convois de déportés.
Pour ce qui nous intéresse, le navire est placé sous le commandement du capitaine de Frégate LAUNAY. Après avoie quitté la rade de Toulon (Var) le 19 juin 1872, la Virginie passe 
le 1er juillet devant le rocher de Gibraltar, et arrive à Gorée, sur les côtes du Sénégal, 12 du même mois, où elle fait une escale de quelques jours pour se ravitailler. Le 9 août, notre frégate coupe la ligne de l'Equateur et se dirige vers le Brésil, où elle mouille en face de Santa-Catarina, du 29 août au 12 septembre. Le 27 septembre, sur le chemin du Cap de Bonne Espérance, elle subit une grosse mer. Le 15 octobre, elle se trouve au large des îles Kerguelen. Enfin le 23 novembre 1872, la côte calédonienne est en vue, et la Virginie jette l'ancre en rade de Nouméa le lendemain, après 158 jours de voyage.

Lexique


Bagne : de l’italien bagno bain. Déportation : La loi de 1810 sur la déportation prévoyait que la condamnation à la déportation consistait « à être transporté et à demeurer à perpétuité dans un lieu déterminé par la loi, hors du territoire continental de la République ». C’était une condamnation d’ordre politique, où déporté n’est pas soumis aux travaux forcés mais sa peine reste infamante. La punition d’exil est décidée par une loi, comme elle peut-être annulée par une autre loi qui accorde l’amnistie. De retour en France, le déporté recouvre ses droits politiques.

Déporté  : terme appliqué aux condamnés politiques, jugés par des Conseils de Guerre (loi du 8 juin 1850).

Transportation : condamnation de droit pénal. Les condamnés sont amenés sur un lieu de travail forcé. Leur peine est infamante. C’est le bagne. Ils perdent leur état-civil et vivent sous un numéro matricule. De retour en France, le transporté ne recouvre pas ses droits politiques.

Transporté  : terme appliqué aux auteurs de crimes, condamnés à la peine des travaux forcés par une Cour d’Assises (loi du 30 mai 1854).

Relégation : condamnation de droit pénal appliquée en matière correctionnelle, à partir de 1885, aux délinquants récidivistes. Le condamné effectuait sa peine de prison en métropole, et était ensuite expédié en Nouvelle-Calédonie. Si le relégué avait les moyens de subvenir à ses besoins, la relégation était individuelle. Il lui était octroyé une concession, mais il avait obligation de résidence au lieu désigné. La relégation pouvait aussi être collective, ce qui ne différait que peu de la transportation (travaux forcés, vie en commun avec les autres condamnés dans les camps de relégation et sous surveillance).

Relégué  : terme appliqué, à partir de 1885, aux délinquants récidivistes, jugés et condamnés en correctionnelle (loi du 27 mai 1885).

Colonisation pénale : Le transporté une fois arrivé, reçoit un costume, un numéro matricule et perd ses droits civiques. Lorsque la condamnation est de moins de 8 ans, au bout de la peine, on lui donne une propriété et il se retrouve agriculteur, éleveur. Ceci s’appelle une colonisation pénale. Lorsque la deuxième peine est finie, le condamné doit payer son voyage de retour. S’il ne peut pas payer il reste sur le territoire. Par contre, le gouvernement paye le voyage à la famille qui veut le rejoindre.


Sources :

- Archives Municipales de La Chapelle de Guinchay.

- Archives Territoriales de la Nouvelle Calédonie.

- MAITRON Jean : Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

- DELATTRE Editions : La Saône et Loire, les 573 communes.

- www.library.northwestern.edu/spec/siege.

- http/historic-marine-France.com.

- Archives Nationales, BB24/777.

- Service Historique de la Défense, 8J574/3 5ème Conseil de Guerre.

- Centre des Archives d'Outre-Mer, 78MIOM44 et H Colonies 382.

Crédits Photographiques :

- Archives Territoriales de la Nouvelle Calédonie.

- http://www.dossiersmarine.org/.

- Madame Guinard Patricia.

- Numérisations Bernard Guinard.

Nota : Recherches effectuées par Monsieur Lambré Michel pour la Nouvelle Calédonie, Madame Guinard Patricia et Monsieur Bernard Guinard pour la métropole.

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