ou l’histoire d’un capelin dans la tourmente calédonienne
Antoine LAVENIR (voir sa fiche)
voit le jour le jeudi 5
août 1830 à La Chapelle de Guinchay (Saône et Loire). Tonnelier de
profession, il monte à Paris en 1851, et nous retrouvons sa trace en 1871, 21
rue de Gallois à Bercy, dans le XIIème arrondissement actuel. Il est
marié et père d'un enfant. Il a travaillé notamment pour le compte de Monsieur
GODILLOT, directeur du Grenier d’Abondance, boulevard Bourdon. Simple garde,
pendant le premier Siège, à la 2ème compagnie de marche du 126ème
bataillon de la Garde nationale, il continue son service sous la Commune, avec
une solde de trente sous par jour.
Dans les premiers jours de l’insurrection, il est délégué de
compagnie et, en tant que tel, fait partie du comité de la rue d’Aligre. Selon
ses propres dires, il aurait cessé d’exercer ces fonctions, et d’assister à la
réunion de ce comité le 4 avril, date où il fut blessé. Le 2 avril, le 162ème
bataillon avait quitté l’Hôtel de Ville. Après une nuit passée au Champs de
Mars, le bataillon avait marché sur le fort d’Issy, avant de prendre position
dans la soirée sur le plateau de Châtillon. Antoine est blessé au bras après une
heure de combat environ, et avoir tiré un certain nombre de coups de fusil
contre les troupes versaillaises (environs 4 paquets de cartouches). Une balle
lui a traversé le bras gauche avant de pénétrer dans le bas de
A partir de cette date, il semble attaché à la mairie du XIIème
arrondissement et devient « l’un des acolytes de PHILIPPE », le maire,
commis à la recherche des réfractaires, mission qu’il accomplit de façon
adroite pour se compromettre le moins possible. Selon les témoignages de Louis
Nicolas LAN et de sa femme,
Antoine était reçu à la mairie depuis le 14 ou le
15 mai. Il y prenait ses repas chez eux, et couchait rue Monge, dans la chambre
de leur bonne. Il y aurait couché jusqu’aux derniers jours de l’insurrection.
Le 25 mai, Antoine LAVENIR se présente, ceint d’une écharpe
de franc-maçon, chez un sieur Vincent, et le menace parce, qu’il refuse de
servir la Commune : « Comment tu ne marches pas, toi. Nous allons
voir ! », d’incendier sa maison. Peu de temps après, un adjudant-major
du 126 ème bataillon, auquel Antoine aurait parlé dans la rue est venu chez ce
sieur VINCENT réitérant les menaces s’il « persistait à ne pas faire son
service », mais ce dernier réussit à s’esquiver.
Antoine se serait vanté d’être l'auteur de l’incendie de la
mairie de Bercy. En effet, deux ou trois heures avant l’incendie, toujours le
25 mai, il aurait montré au sieur Girard, qui se trouvait rue d’Orléans, une
pipe en écume de mer en disant : « Vous voyez cette pipe : il n’y
a pas longtemps, un autre fumait dedans au Palais Royal ». Montrant un
papier, il aurait ajouté : « Vous voyez ce papier, je suis chargé d’incendier
la mairie ». Selon ce témoin, Antoine avait les yeux hagards et semblait
agité d’un grand trouble. Il fut ensuite vu à la mairie par le concierge,
Monsieur UDRY, entre 5 et 6 heures du soir, porteur d’un képi de lieutenant, Ce
fonctionnaire pensa que la nomination au grade d’officier devait être toute
récente. Il a été vu ensuite discutant devant la mairie avec le nommé RIBEYRE,
l’un des incendiaires, et plusieurs autres fédérés. A ce moment là, l’église de
Bercy était déjà la proie des flammes. Les insurgés tentaient de monter dans
les appartements de la mairie pour
Antoine LAVENIR, qui a disparu depuis l’entrée des troupes de Versailles
dans Paris, aurait quitté la ville le 29 mai pour se rendre à Melun où se trouve
sa femme Estelle, née DACHEUX. Il se cacherait au Chatelet, chez la sœur de son
épouse, qui tient un café-crèmerie, Grande Rue du Chatelet, sur la route de
Paris à Montereaux, à l’angle de la route conduisant à Ecrennes. Il y est
arrêté le 21 juin 1871 par les gendarmes du Chatelet. Il disait vouloir « acheter
en province un petit fonds de café ou marchand de vin. Il était d’ailleurs,
selon ses dires, en pourparlers avec le sieur DESROSIER, qui tenait un café rue
de l’Hôtel de Ville et qui consentait à céder son fonds.
Selon la Police, Antoine est considéré comme un « partisan
très exalté de la Commune », affilié à l’Internationale, et comme « un
individu des plus dangereux ». Le
signalement
donné est celui d’un homme âgé d’environ 35 ans, grand bel homme
imberbe aux cheveux châtains. Selon le Commissaire du Gouvernement et le Général
commandant « la Subdivision de la Seine-et-Oise, il « n’y a pas lieu de
proposer une mesure de clémence ».
Détenu à la Maison de Correction, Antoine comparaît devant
le 5ème Conseil
de Guerre le 8 juillet
Par lettre
du 22 octobre 1872, le Ministre de la Marine avise
le Ministre de la Justice qu’il demande au Préfet Maritime de maintenir
au bagne de Toulon Antoine LAVENIR jusqu’à ce qu’il soit statué sur son
recours en grâce.
Antoine est emmené à Toulon, où il est admis au bagne le 2 novembre
1872, sous
le matricule 24933. Sa demande de grâce, formulée le 10 décembre1872,
bien que
recommandée par Monsieur GREPPO, Député de la Seine, est refusée par
décision
du 16 janvier 1873, vraisemblablement à cause du fait qu’il « a
servi la
Commune avec zèle », de ses « opinions exaltées », de
son « affiliation
à l’Internationale », de sa participation à l’incendie de l’église
de
Bercy, et d’être l’auteur de l’incendie de la mairie du XIIème
arrondissement.
Suite à un ordre écrit du 11 avril 1873,
Antoine est
« détaché de la chaine » le 18 avril, et est embarqué pour la
Nouvelle-Calédonie sur le transport la Loire qui prend le large le lendemain. D'après
le signalement, mentionné sur le registre matriculaire du bagne de
Nouvelle-Calédonie, c'était un gaillard
d'
Antoine LAVENIR est décédé le dimanche 10
avril 1879, à l’âge de 48 ans,
à l’hôpital de l’Ile
Nou. Le décès est dû à une encéphalite consécutive à un traumatisme. Mais
les documents ne disent malheureusement pas ce qui a occasionné le dit traumatisme.
Par lettre du 14 mai de la même année,
adressée au Président de la République, Estelle
DACHEUX épouse LAVENIR, demeurant 92 rue Decaen à Paris-Bercy, demandait « de
bien vouloir comprendre dans un décret d’amnistie » Antoine son mari, dont
elle est avisée du décès par lettre du 10 août 1879.
Par lettre du 17 septembre 1879
adressée au Ministre de la
Marine, sa femme qui lui avait envoyé de l’argent, demande à rentrer dans la
succession d’Antoine LAVENIR, car cette somme n’avait dû arriver qu’après le
décès de son mari. En septembre 1880, elle n’avait toujours pas récupéré cette
succession dont la somme se montait à 173 francs et 63 centimes !
Voici la liste des hameaux qui composent cette localité :
*Belleverne *Les Gays
*Les Blémonts *Les Jean-Loron
*Les Boccards *Les Journets
*Le Bois de Loyse *Loyse
*Les Broyers *Les Marmets
*Les Burriers *Massonnay
*Combe-Darroux *Les Nuguets
*Les Daroux *Les Paquelets
*Les Déchamps *Pontanevaux
*Les Gandelins *Potets
Il s’y trouvent aussi des écarts :
*La Batie *La Fayarde
*Les Bruyères *Le Moulin-des-Champs
*Les Déroches *Les Tournets
Le village est adossé à la chaîne de montagnes qui traverse le département du sud au nord, s’étend sur deux coteaux parallèles, séparés par un vallon dans le fond duquel coule une rivière La Mauvaise, cours d’eau qui porte bien son nom.Petit historique de la garde Nationale
La garde nationale est née pendant la Révolution française. Cette milice armée est composée de simples citoyens chargés de maintenir l’ordre dans leur ville et leur quartier. Officiellement supprimée en 1827, elle est rétablie en 1830 au moment des Trois Glorieuses. Sa participation à la Commune de Paris entraîne sa suppression définitive le 14 mars 1872.La
peine des galères
consiste à
ramer sur les
bâtiments de ce nom. La plus
ancienne ordonnance que nous connaissons remonte à 1564,
sous
Charles IX, et
elle fait supposer l’existence antérieure de cette
peine,
qui toutefois n’a pu
précéder le règne de Charles IV,
premier roi de
France qui ait entretenu des
galères sur mer. Cette peine est temporaire ou
perpétuelle. Temporaire, elle implique l’infamie,
sans
confiscation de corps ni de biens.
Perpétuelle, elle
entraîne la mort civile et la confiscation de biens, dans les
provinces où elle
a lieu. Tout condamné aux galères doit
être
préalablement fouetté et marqué au
fer chaud des trois lettres GAL. Le minimum de la durée de
la
condamnation doit
être de dix ans, d’après
l’ordonnance de
1564 ; mais cette disposition est
vite abandonnée et le minimum de la durée
s’abaisse
jusqu’à trois ans.
Cette
punition des galères fut dans son temps un premier
progrès dans l’ordre de la
pénalité, car employer des hommes à
ramer,
c’était déjà poser et
admettre dans
la théorie de l’emprisonnement, le principe de
l’occupation ou du travail des
condamnés. Tant que la marine militaire se compose de ces
bâtiments appelés
galères, les condamnés employés
à la
manœuvre des avirons sont la principale
force de ces navires.
La
Nouvelle-Calédonie
Le britannique James Cook découvre et baptise la Nouvelle-Calédonie en septembre 1774.
En 1841, les Pères Maristes installent une mission en Nouvelle-Calédonie et commencent l’évangélisation des Kanaks.
La loi du 8 juin 1850, prévoyait Nuka-Hiva, une des îles Marquises, pour l’exil des déportés politiques, car très éloignée de tout continent, garantie contre l’évasion. Elle avait en outre de nombreuses vallées dépeuplées, avantage quant à l’expropriation des populations autochtones.
Le 24 septembre 1853, le contre-amiral Febvrier-Despointes, sur les ordres de Napoléon III, prend officiellement possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de la France.
En mars 1862, le capitaine de Vaisseau Charles GUILLAIN est nommé gouverneur de la Nouvelle-Calédonie.
Par décret en date du 2 septembre 1863, Napoléon III désigne la Nouvelle-Calédonie comme lieu de Transportation.
Le 9 mai 1864, arrive en rade de Nouméa l'Iphigénie, premier convoi de 250 transportés.
Du 21 au 28 mai 1871 à Paris, la « semaine sanglante » mais fin de façon tragique à la Commune avec le massacre de 300 insurgés à la Madeleine, 700 au Panthéon, puis au cimetière du Père Lachaise, où 147 communards sont fusillés au mur des Fédérés le 28 mai.
Le 23 mars 1872, l’Assemblée Nationale, siégeant à Versailles, vote à l’unanimité la loi sur la déportation.
Le 5 mai 1872, la Danaé quitte le port de Rochefort (17) avec à son bord le premier convoi de déportés.
Le 4 octobre 1872 arrivée à l'Ile des Pins du premier convoi de déportés, après 153 jours de mer.
En avril 1873, l’Assemblée crée une commission dite « des Grâces ».
Lexique
- Archives Municipales de La Chapelle de Guinchay.
- Archives Territoriales de la Nouvelle Calédonie.
- MAITRON Jean : Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
- DELATTRE Editions : La Saône et Loire, les 573 communes.
- www.library.northwestern.edu/spec/siege.
- http/historic-marine-France.com.- Archives Territoriales de la Nouvelle Calédonie.
- http://www.dossiersmarine.org/.
- Madame Guinard Patricia.Retour | Accueil |